L’irrésistible ascension

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Avec l’avènement des start-up et le développement du numérique, les services digitaux corrélés à l’hôtellerie et à la restauration ne cessent de faire des petits. Réservation, hygiène, commande, stock… Tous les aspects de la gestion d’un établissement sont concernés. Nous avons sélectionné sept solutions qui devraient faciliter votre quotidien.

Comme il semble lointain le temps où les restaurateurs géraient leurs comptes et leurs stocks sur des cahiers. Après avoir connu Excel, ce fameux tableur qui s’est répandu avec la vente de PC dans les années 1990 et 2000, les professionnels assistent aujourd’hui au développement de la Foodtech. Ce néologisme désigne la bulle dans laquelle se concentrent les start-up à l’origine d’applications et autres services numériques dédiés à l’univers de la restauration, de la réservation de table à la gestion du personnel. Dans ce marché en pleine ébullition, il n’est pas facile de choisir parmi les nouveaux outils, qui peuvent réellement donner un coup de pouce au quotidien

Hygiène

Gestion en quelques clics

E-Pack Hygiène est l’œuvre d’Yves Rallon, restaurateur aux trente ans de métier. « Je me suis retrouvé face à une problématique : faire respecter par l’ensemble des équipes la démarche HACCP tout en assurant le plan de maîtrise sanitaire (PMS). Ce qui peut engendrer une quantité de paperasse importante dans les restaurants assurant beaucoup de couverts. » E-Pack Hygiène simplifie ainsi la démarche HACCP et permet, en quelques minutes, de réaliser les enregistrements de votre PMS sans s’inquiéter du turnover en cuisine. Cette solution tactile conserve les étiquettes des marchandises grâce à son appareil photo intégré. Les photos sont horodatées et la traçabilité des produits est assurée. Entre autres services, le restaurateur peut réaliser le suivi des températures de ses équipements froids. CHR numérique, la société éditrice du logiciel, propose un abonnement pour le maintenir à jour. Avant installation, Yves Rallon analyse la configuration de la cuisine et propose ensuite une solution sur mesure, adaptée à chaque lieu. Le logiciel s’installe sur des tablettes et des écrans qui font office de tableaux de bord en cuisine.

E-Pack Hygiène

Business

Attirer la clientèle dans son établissement

Outre la démarche, devenue conventionnelle, d’animer ses réseaux (Facebook, Instagram, etc.) pour se créer une communauté, et donc un vivier de clientèle, les restaurateurs peuvent mettre à profit la géolocalisation avec Waze. Bien connue des conducteurs, cette application offre une belle visibilité aux petits restaurateurs alors que les préenseignes avaient été supprimées jusqu’à aujourd’hui. « Il s’agit d’une solution de référencement sur Waze », résume Mathieu Gabard, en charge de l’offre Waze pour les TPE-PME. L’assistant de navigation Waze est utilisé chaque année par près de dix millions de personnes : il s’agit de capter leur attention quand ils circulent à proximité de votre établissement. Par effet domino, un accroissement de la visibilité entraînera une croissance de la fréquentation, et donc du chiffre d’affaires. Quand un automobiliste pénètre dans votre zone de chalandise, un « pin’s » apparaît sur son smartphone, indiquant votre établissement et ses horaires d’ouverture. La prestation est facturée au nombre d’affichage de pin’s. Un abonnement comprenant l’apparition de votre restaurant mille fois sur Waze (donc 1 000 pin’s) est facturé un dollar (0,85 euro).

Waze géolocalise votre établissement.


Back-office

Simplifier la gestion globale

Avec CHR 365, Jean-François Marchais entend accompagner les professionnels dans la gestion de leurs établissements : « Le modèle économique est intéressant et le rapport qualité-prix est bon car on ne vend pas le logiciel. Il y a en fait un droit d’utilisation de 450 euros TTC. Ensuite, on paie un abonnement mensuel proportionnel au chiffre d’affaires de l’établissement. » On trouve trois tranches d’abonnement, qui correspondent à 0,35 % du chiffre d’affaires si celui-ci est inférieur à 250 000 euros, à 0,2 % du chiffre d’affaires s’il est compris entre 250 000 et un million d’euros, et à 0,123 % du chiffre d’affaires quand il est supérieur à un million. Cette formule peut être payante car, lorsque votre établissement est fermé pour vacances ou travaux, vous ne payez rien. Pour un hôtel qui réalise deux milllions d’euros de chiffre d’affaires annuel, l’abonnement à CHR 365 revient donc à 205 euros par mois. Le logiciel s’adresse au CHR au sens large. Pour les restaurants, il permet de tout faire. Les réservations de tables, l’édition des tickets (facturation), la gestion des stocks, des fournisseurs et des clients sont automatisées Les restaurateurs bénéficient d’un plan de salle en 2D pour mieux appréhender l’espace, et d’une application de gestion de cave à vins. CHR 365 peut évoluer sur une tablette, un ordinateur ou un TPE.

Personnel

Trouver des extras n’a jamais été aussi simple !

La Foodtech a également dans son viseur la gestion du personnel. Disponibles sur smartphone comme sur tablette, les applications Brigad ou Extracadabra permettent notamment de trouver des extras au pied levé. Brigad s’est spécialisée dans la mise en relation entre entreprises et indépendants du secteur de l’hôtellerie et de la restauration, pour trouver un professionnel validé en moins de cinq minutes qui travaillera le jour même. Afin d’assurer le lien entre le restaurateur et les extras, Brigad a mis en place un service de placement instantané par SMS. Les professionnels peuvent ainsi recruter, même à la dernière minute. Pour renforcer ses services, l’application propose des assurances santé et des formations. L’application Extracadabra concurrence directement Brigad en soumettant les mêmes prestations à ses utilisateurs : trouver rapidement des extras spécialisés dans leur domaine. Frédéric Nardon et Rémi Boisson, deux petits-fils d’Auvergnats, ont développé leur concept en 2015 avant de le lancer définitivement, en janvier 2016, avec l’aide du Lyonnais Vivien de SaintPern. Leur leitmotiv : trouver la perle rare en moins de cinq minutes. Forts de leurs deux années d’expérience, les créateurs de l’application ont réussi à obtenir la confiance de nombreux restaurateurs et peuvent se flatter de satisfaire « 92 % des managers » qui ont testé Extracadabra.

Selon l’étude comparative menée par Brigad sur la demande des extras, dans 70 % des cas, les patrons sont à la recherche d’extras le soir, entre 19 et 23 heures.

Gérer le flux en amontRéservation et commande

L’application Zenchef aide les restaurateurs à gérer la réservation. Lancée en 2016 sur smartphone et tablette, elle propose entre autres un logiciel qui permet aux clients de réserver directement sur le site Web du restaurant et via sa page Facebook. La start-up ne prend aucune commission, car elle ne fonctionne qu’avec des abonnements. Le restaurateur a le choix entre un abonnement mensuel (entre 49 et 89 euros par mois) et un abonnement annuel (15 % de réduction par rapport à l’abonnement mensuel).

Zenchef propose d’automatiser les réservations. Ces dernières sont alors acceptées automatiquement en fonction des tables disponibles, mais l’utilisateur peut également les valider au cas par cas. Une fois la réservation posée, le client reçoit un SMS de confirmation. Selon Xavier Zeitoun, cofondateur de Zen chef, « l’application a récolté un taux de satisfaction de 98 % chez les restaurateurs qui ont pu l’utiliser ». Pour fidéliser la clientèle et mieux connaître ses attentes, l’application envoie un questionnaire de satis faction à la fin de chaque repas et rassemble les avis hébergés sur des sites comme Yelp ou Tripadvisor. Le restaurateur a ensuite la possibilité, s’il le souhaite, de les publier sur ses propres supports Web.

Zenchef a également mis en place un chatbot (un robot de messagerie) capable de détecter les mots-clés tapés par les clients. Des données utilisées pour assurer des réservations, sans l’intervention du restaurateur : un gain de temps supplémentaire pour lui.

L’application Zenchef

Économie

Éviter le gaspillage alimentaire

En 2016, selon l’Ademe, dix millions de tonnes de produits ont été perdues et gaspillées pour l’alimentation humaine. Les restaurateurs sont également touchés par ce sujet, ce qui justifie l’entrée de solutions digitales dans le paysage culinaire. La start-up Easilys a créé une application mobile capable de mesurer la quantité de nourriture jetée, afin que le restaurateur puisse se rendre compte de ses pertes économiques et matérielles.

Pour cela, l’utilisateur de l’application dispose de balances connectées, qui pèsent les aliments jetés par le personnel et envoient les informations sur le smartphone de l’utilisateur.

Pour plus de facilité, Easilys recommande d’utiliser une poubelle par aliment, ou par type d’aliments (pain, légumes, etc.). « Cela permet de comprendre quelle recette entraîne le plus de gaspillage et d’adapter sa carte. » Une fois le constat établi, l’application guide le restaurateur, afin de lui proposer des solutions qui lui permettent d’économiser de l’argent et de la nourriture, en lui indiquant l’aliment le plus gaspillé, ou celui qui lui rapporte le moins de bénéfices. Pascal Pélissier, gérant du Café de France à Paris, l’a affirmé lors du salon Food Hotel Tech, les 4 et 5 juin dernier, « l’objectif de la Foodtech, c’est de passer à zéro papier ».

Même s’il reconnaît qu’il manque encore des passerelles entre les différents outils et que cela freine l’avancée de la technologie dans le CHR, il espère qu’un dialogue entre les différents acteurs de la Foodtech se fera très prochainement.

L’application Easilys antigaspillage

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