Comment créer un bar original

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Bien plus qu’un simple outil de travail, le bar est le centre de toutes les attentions dans un café ou une brasserie. En faire une pièce maîtresse de l’esthétique de l’établissement, c’est la garantie de marquer les esprits de la clientèle.

Il trône en général au milieu de la pièce et occupe une surface importante de l’établissement. Le client y consomme, y passe commande, observe parfois le ballet du service… Le comptoir, c’est le centre névralgique de tout café ou brasserie. Alors, à l’instar du reste de l’établissement, faites-lui un look engageant ! Il ne mérite pas de se fondre dans le décor et peut, à lui seul, porter l’identité visuelle d’un établissement.

Pour des raisons pratiques, la forme du comptoir varie peu. On trouvera parfois des installations rondes, très en vogue ces dernières années et plus ergonomiques qu’un bar droit. La brasserie Astair à Paris a opté pour cette option, très sobre, avec un arrière-bar dissimulé et un meuble verrier aérien décoratif. Le comptoir en stuc et en marbre prend toute la lumière, rehaussé par une décoration pensée pour lui, des murs aux tabourets de bar. Un assemblage qui en fait réellement la pièce maîtresse en salle. Le marbre a en effet toujours la cote pour en mettre plein la vue, décliné dans les coloris ambiants, travaillé ou plus brut.

FAITES POSER UN VRAI ZINC

On dit que les modes vont et viennent. Celle du bon vieux zinc ne prend pourtant pas une ride. Grâce à la tendance ancrée de la décoration inspirée des Arts déc o, le comptoir en étain -car c’est bien dans ce métal qu’il est fabriqué -est plus moderne que jamais, grâce aux progrès des trois derniers artisans français qui le travaillent. Sa longévité en fait un investissement rentable et il se marie avec tous les styles de décoration. « Aujourd’hui, nos clients recherchent des bordures très simples, inspirées des lignes Art déc o et non plus des motifs, mais avec des formes de bar atypiques, note Maxime Dethomas, dirigeant des Ateliers Nectoux, installés à Dax et à Puteaux. Dans les années 1900, la largeur des pistes était de 25 à 30 cm maximum. Aujourd’hui, elle est très souvent de 45 cm, voire plus aux États-Unis, pour répondre aux nouveaux usages : les gens déjeunent de plus en plus au comptoir, les barmans veulent souvent travailler à vue. C’est aussi une manière d’animer l’établissement. » L’entreprise présentera une nouvelle collection de bordures fin novembre, à l’occasion du salon Exp’hôtel à Bordeaux.

Après le règne de l’inox et du stratifié, le comptoir en étain représente un retour aux fondamentaux, prisé aussi bien par les grandes brasseries, qui n’envisageraient aucun autre type de piste, que de cafés branchés enquête d’une identité marquée. « L’étain aune finition dans le temps que l’on ne peut pas avoir avec une autre matière métallique, explique Grégory Laurent, dirigeant des Étains de Lyon. En comparaison, l’inox est un matériau très dur, donc il vase rayer, comme tous les métaux, et va rester toujours brillant, moderne. Alors que l’étain, très rapidement, va prendre une patine. » Les soudures des comptoirs se font par ailleurs par fusion des feuilles, ce qui les rend invisibles. Et pour sortir encore un peu plus des sentiers battus, pourquoi ne pas opter pour une piste sans relevage, pour un style plus contemporain ?

Afin de moderniser et de personnaliser leurs créations, Les Étains de Lyon ont développé un savoir-faire de gravure et de mise en relief pour habiller la bordure ou la piste. « La gravure fait 1 mm de profondeur, donc lorsque l’on nettoie, il n’y a pas de risque de l’effacer. » De nombreux établissements inscrivent ainsi leur nom, leur logo “ dans l’étain ”. « Nous avons également un savoir-faire en fonderie, pour élaborer des décors en complément des bordures. Aujourd’hui, grâce à l’impression 3D, on peut réaliser n’importe quelle forme. »

Aux Petites Ecuries, Pascal Ranger a créé un comptoir en empilant des feux arrières d’automobiles.


L’établissement Le Petit Jardin au Château la Chenevière, en Normandie, enveloppe le bar d’un écrin de verdure,
dedans comme dehors.

L’IMAGINATION DÉBORDANTE

Pensez également aux éléments périphériques pour twister le bar, notamment les chaises, qui font partie de l’ensemble. On peut jouer le contraste entre le comptoir, les assises et les luminaires, comme au restaurant du Domaine La Font des Pères (voir photo). « Le style industriel revient beaucoup, avec du noir, du bois teinte chêne et des meubles verriers en structure métal.

Les clients se disent que c’est un intemporel qui vieillira mieux », souligne Chloé Meilleur, dessinatrice pour l’entreprise Agencement Level, spécialiste de la rénovation de bars.

Si le budget reste limité et ne permet pas d’installer un comptoir original, l’astuce peut être de miser sur des chaises atypiques. Pour rester dans l’esprit bistrot, le designer Philippe Modela repensé le tabouret de bar en cannage, en réinventant le tressage et les coloris. Ses modèles, fabriqués par l’incontournable Maison Gatti, se déclinent en 25 coloris différents et cinq variations de tressage. Mais on peut miser aussi, pour décaler un bar un peu traditionnel, sur des lignes très contemporaines et design, comme les chaises Swim de Bibelo, tout en courbes. Leur autre avantage : elles se déplacent facilement.

Le détournement d’objets peut permettre de proposer des assises originales, dans l’esprit de la table scooter imaginée par Mathilde de l’Écotais pour la boulangerie Thierry Marx. Autre idée inhabituelle, des tabourets vélos, très déc o, avec un pédalier vintage ou, dans un esprit plus fun, à énergie cinétique, pour recharger son téléphone (et se dégourdir les jambes) en buvant son café. L’entreprise belge WeWatt développe ce type de système et l’a déjà adapté à un environnement CHR, notamment au café coworking Närmare, à Paris. « Ça attise la curiosité. Beaucoup de gens se prennent en photo dessus, c’est clairement un atout pour la comm’ », constate Laurent Hausmann, le propriétaire du café.

Le bar peut également prendre des airs de jardin d’hiver, en mêlant du mobilier d’extérieur à un meuble verrier dans le style d’une verrière d’atelier et à un arrière-bar largement végétalisé. Pour être original, la créativité est de mise, sans pour autant oublier un agencement et une ergonomie propices au service.

Les Étains de Lyon propose une personnalisation par gravure, sur la bordure ou sur la piste.


Le comptoir en étain s’associe avec tous types de décoration.


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