« Une grosse inquiétude quant à la période de redémarrage », Marc Charpentier

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Fondateur de La Brasserie Fondamentale et du Bar fondamental (Paris, 18e), Marc Charpentier a dû suspendre l’ouverture programmée d’un bar à Bordeaux et d’une brasserie dans le Loiret. Si le dernier discours d’Emmanuel Macron lui a donné un peu de visibilité, il considère l’avenir plutôt flou. Il témoigne.

95 % DU CHIFFRE D’AFFAIRES ÉVAPORÉ
« L’annonce de la fermeture des bars et des restaurants a été très violente. Mais cette décision est incontestable et on la soutient. Néanmoins, du jour au lendemain, 95 % de notre CA est parti en fumée. L’essentiel de nos bières est commercialisé dans des bars restaurants dont celui que nous possédons à Pigalle, mais aussi dans les trains SNCF. Il ne nous reste aujourd’hui que la faible part des ventes en e-commerce ou en distribution, auxquelles il faut ajouter la livraison d’alcool frais à domicile, réalisée par Kol. Nous sommes désormais présents sur les sites parisbeerclub et j’aimemonbistrot. C’est une manière de préparer la réouverture avec des préventes. C’est aussi un moyen d’offrir une visibilité à notre enseigne et de maintenir un contact avec les clients. » 


EN PLEIN ÉLAN

« Cette fermeture tombe très mal en termes de timing. Au mois de mars, nous devions ouvrir un bar à Bordeaux. Il ne restait à effectuer que les finitions de travaux qui ont été interrompues pour le confinement. Mais surtout, nous devions ouvrir notre brasserie dans la Beauce, à Nangeville, ce qui représente un gros projet pour l’entreprise. Elle est aujourd’hui prête à fonctionner. Cette fermeture nous stoppe donc en plein élan, au moment même où nous augmentons significativement nos coûts fixes et nos coûts de personnels. Nous nourrissons une grosse inquiétude quant à la période de redémarrage. Si la réouverture des bars et des restaurants a lieu à la mi-juin, cela pourrait être jouable. En revanche, s’il faut attendre la mi-juillet, nous aurons beaucoup plus de difficultés à faire face. »


UN PEU DE VISIBILITÉ

« Même si nous ne payons pas les loyers actuellement, il faudra les régler un jour, trois ou quatre mois de retard en une seule fois. Il faut aussi rappeler que beaucoup de nos clients ne sont pas en mesure de nous payer. Nous ne voulons pas les étrangler et nous leur avons accordé des délais. Le 11 mai, nous devrions pouvoir démarrer la production de notre brasserie, qui sera dirigée par un brasseur belge, Geoffroy Tavernier, mais ce sera au ralenti. Nous souhaitions commencer avec une production de 60 à 90 hl/semaine, nous nous contenterons de 15 hl/ semaine tant que le marché ne reprend pas. Le discours du Président nous a donné un peu de visibilité, mais le contexte demeure encore assez flou. Si cette crise peut avoir un seul aspect positif, c’est peut-être de sensibiliser le grand public à l’intérêt des produits locaux. En ce qui nous concerne, une bière brassée en France avec des ingrédients français ! » 

La Brasserie Fondamentale 

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