Des perspectives estivales réjouissantes pour l’hôtellerie

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Les week-ends prolongés de mai 2023 ont donné la tendance. D’ici quelques jours, l’été sera synonyme de départ en vacances pour plusieurs voyageurs français et internationaux. Le taux des réservations étant au beau fixe dans de nombreux établissements, l’industrie hôtelière française devrait connaître une belle saison estivale.

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Image d'illustration. Crédits : Unsplash

Le secteur hôtelier français avait déjà relevé la tête en 2022, après un long épisode de baisse d’activité durant la crise sanitaire. L’an dernier, le chiffre d’affaires de l’hôtellerie française a en effet enregistré une hausse de 9% par rapport à 2019, année de référence pré-covid (marquée pourtant par des grèves et le mouvement des Gilets jaunes). Si le taux d’occupation était l’an dernier encore inférieur (-9%) au niveau de 2019, les prix moyens avaient eux bondi de 16% selon les données d’In Extenso Tourisme, Culture & Hôtellerie. Alors que le contexte géopolitique est resté tendu en début d’année, l’activité du secteur s’est maintenue et devrait se poursuivre favorablement durant l’été. « Pour le premier quadrimestre, on observe aujourd’hui que l’hôtellerie française a bien performé. Cette performance est un retour à la normalité, malgré le phénomène des grèves, note Stéphane Botz, directeur national Hospitality chez KPMG en France. En matière de réservations, le pick-up est plutôt favorable. Avec la reprise de l’aérien, il y a un retour de la clientèle européenne et nord-américaine. Et les zones urbaines enregistrent déjà une vague d’intérêts sur la période de la Coupe du monde de Rugby [du 8 septembre au 28 octobre, Ndlr] ».

Cette perspective estivale enthousiasmante concerne notamment les établissements hôteliers du milieu et haut de gamme. Les réservations d’hôtels pour l’été à venir – à Paris et en France – semblent avoir été anticipés pour deux raisons, selon Stéphane Botz : « Il y a une inflation des prix et les vacanciers veulent bloquer la meilleure période ». En s’appuyant sur cette montée en charge confortable des réservations, et sauf événement exceptionnel, « l’année 2023 devrait être a minima équivalente à 2022 », ajoute le directeur national Hospitality de KPMG. Ce constat optimiste semble être partagé par Jérôme Bourdais, le président Île-de-France du Club des directeurs de la restauration et d’Exploitation (CDRE), dont l’association regroupe – dans son ensemble – environ 120 membres ayant une responsabilité dans des grands Hôtels (4 ou 5 étoiles) et des palaces français. « Nous sentons une clientèle internationale beaucoup plus présente, plus diversifiée que l’année dernière. Je pense que le covid est oublié dans les esprits. La clientèle asiatique revient progressivement, la clientèle américaine aussi… comme celle du Moyen-Orient. J’ai été surpris de voir le retour du Moyen-Orient. Paris a une vraie place aujourd’hui pour cette clientèle internationale », affirme l’ancien directeur général de Villa M**** (Paris, 15e).

« Une nouvelle clientèle sur le haut de gamme »

Jérôme Bourdais estime que l’hôtellerie parisienne « propose une largesse d’établissements très diversifiés », à l’instar des récents Too Hôtel à Bercy (Paris, 13e), Hôtel Madame Rêve (Paris, 1er) ou encore du So Hotel (Paris, 4e). « Nous avons des établissements comme ceux-là, avec une certaine notoriété et surtout une âme différente de l’hôtellerie classique. Cette offre est très lifestyle, elle démocratise l’hôtellerie aujourd’hui et intéresse une clientèle plus jeune. Cela draine de plus en plus une nouvelle clientèle sur le haut de gamme », précise-t-il. L’hôtel Villa M, designé par Philippe Stark et dont Jérôme Bourdais portrait la direction de 2020 à avril 2023, bénéficie d’un rooftop avec vue sur la Tour Eiffel, dispose de 73 chambres, d’une salle de boxe, d’un espace de coworking, d’une salle de réunion et propose de la consultation médicale à sa clientèle. Tout un ensemble de services qui incarnent le visage de l’hôtellerie moderne. « Nous sommes sur des hôtels démocratisés, accessibles, plus chic et de l’authenticité. Je pense que Paris est en train de montrer une nouvelle image de l’hôtellerie, confie le président Île-de-France du CDRE. Avec les JO l’année prochaine, on peut espérer avoir des touristes même avant la compétition pour le repérage. Je suis très optimiste sur les prix moyens qui vont augmenter à mon avis. Sur les réservations, nous sentons que ça pousse aussi. »

Outre Paris, les autres lieux de villégiature sont loin d’être en reste. Les voyageurs français seront 64% à rester dans leur pays durant l’été 2023, bien que 44% de nos concitoyens se rendront (aussi) dans des destinations étrangères (sondage OpinionWay pour Liligo). Alors que les week-ends du mois de mai ont été bénéfiques pour l’hôtellerie française, cela devrait se poursuivre durant les prochains mois de juillet et août. « Les destinations vers la France font un carton : le Golfe du Morbihan, la Normandie, le sud-est… Nous sommes dans un sentiment de normalisation de la destination France, sur le marché domestique et à l’international, et non pas dans le surtourisme », analyse Stéphane Botz, chez KPMG. La clientèle nord-américaine profite quant à elle d’un dollar fort – qui s’aligne actuellement sur la valeur de l’euro – lui offrant ainsi davantage de pouvoir d’achat pour voyager en Europe, et donc en France. À quelques jours de l’été, malgré un contexte géopolitique toujours incertain, les voyants sont verts aujourd’hui pour l’hôtellerie hexagonale.

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