Moral des entreprises : la fin du rebond covid
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Le climat des affaires est l’indicateur de moral des entreprises établit par l’Insee. En baisse sur les trois mois, il signe la probable fin de l’effet de rebond covid. Graphiques et explications avec l’Insee.
Le climat des affaires dans l’hôtellerie-restauration baisse pour le troisième mois consécutif en août 2022 en France. Pas de panique, il s’agit pour Julien Pouget, économiste à l’Insee, d’un résultat plutôt « attendu », après le fort rebond démarré en février 2022, qui partait d’un niveau déprimé par le contexte sanitaire de la vague Omicron.
« Cet indicateur avait aussi été très élevé pendant l’été et l’automne 2021 : une grande majorité des entreprises du secteur de l'hôtellerie-restauration répondaient alors que l’activité était en hausse, ce qui semble logique après plusieurs mois de fermeture ou d’activité réduite, en lien avec les confinements successifs, explique Julien Pouget. Le climat des affaires a rechuté au début de l’hiver avec la vague Omicron. » Depuis février 2022, il se situe à des niveaux élevés, voire très élevés en mai-juin, en lien avec la vigueur de la reprise dans ce secteur et notamment le retour des touristes domestiques et internationaux.
Comment est calculé le climat des affaires
L’Insee interroge chaque mois un échantillon d’entreprises dans la plupart des grands secteurs d’activité, dont les services, et au sein des services les HCR. Ce sont des questionnaires très courts sur leur perception de la conjoncture économique, leur opinion sur le passé récent et le futur proche. Les questions portent notamment sur l’activité économique (en particulier les évolutions des trois derniers mois et anticipées pour les trois mois à venir), sur les effectifs, les difficultés éventuelles d’approvisionnement, et sur les prix. Les chefs d’entreprise peuvent répondre par aux questions sur leur perception de l’activité passée ou à venir par trois réponses : en hausse, en baisse ou stable. Puis les statisticiens de l’Insee calculent la différence entre les pourcentages de réponses « en hausse » et « en baisse », ce qui forme le solde d’opinion. Le climat des affaires synthétise les informations issues de ces différents soldes d’opinion.
La baisse actuelle de l’indicateur suggère un ralentissement de l’activité du secteur ; cette dernière progresse moins vite, à un rythme de croissance moins élevé. « Au fond, il n’est pas étonnant que cet indicateur fléchisse maintenant, analyse le conjoncturiste de l'Insee. On ne s’attendait en effet pas forcément à ce que la croissance conserve dans l’hôtellerie-restauration le rythme très rapide surtout lié au rebond post-covid. »
Climat dégradé par l'inflation et les prix de l'énergie ?
Il est par ailleurs probable que le contexte actuel joue dans cette baisse. Les craintes liées notamment au coût de l’énergie forment une partie de l'équation, même si « certains secteur sont plus concernés que d’autres, et ce n’est pas forcément le cas des services, tempère Julien Pouget. L’industrie et le bâtiment sont en effet davantage exposés à ce stade aux problèmes d’approvisionnement et au renchérissement des coûts de production. » L'économiste évoque également le niveau de l’inflation « inédit depuis 1985 », dont le pouvoir d’achat des ménages a pu pâtir. « Il est probable que ça joue également. »
2023 : et maintenant, que se passe-t-il ?
L'Insee réalise des prévisions de très court terme, qui s’appuient sur des analyses empiriques prenant notamment en compte les éléments de cette enquête de conjoncture. Même s’il reste un potentiel de rattrapage dans certains services, « celui-ci s’amenuise », souligne à nouveau Julien Pouget. On arrive à la fin de cet effet de rebond covid. L’une des questions de 2023 - outre l'inflation et l'énergie - sera liée à la fin de cette croissance mécanique dont a tiré bénéfice l'économie française dans son ensemble, et le secteur CHR : maintenant, qu’est ce qu’il se passe ? Qu’est-ce qu’on fait ?
