Observatoire hôtelier Umih-GNC : un mois d’avril salvateur
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Bonne nouvelle, ce qui n’est pas si courant. Après un mois de mars morose, celui d’avril repart de l’avant. C’est ce qui ressort de l’Observatoire des performances hôtelières Umih-GNC, élaboré par MKG Consulting. Avec l’analyse de Véronique Siegel, présidente de l’Umih Hôtellerie française. Une exclusivité du site aucoeurduchr.fr.

Comme nous le notions lors de la publication de l’Observatoire hôtelier Umih-GNC de mars, ce mois là ne restera pas dans les annales. Tant les chiffres de l’hôtellerie en France étaient peu encourageants. A une exception près : Paris. « L’ensemble des territoires connaît un repli de l’activité. Ce qui n’augure rien de bon », remarquait alors dans nos colonnes Véronique Siegel, présidente de l’Umih hôtellerie française. Mais, divine surprise, avril affiche un rebond de l’activité.
Taux d’occupation en hausse
L’effet calendaire a joué. Le grand week-end de Pâques de mars en 2024 a eu lieu cette année en avril. A cela s’ajoutent les vacances de Printemps. Soit du 5 avril au 5 mai pour les trois zones confondues. Nos compatriotes souhaitaient partir en vacances ; ils l’ont fait. Résultat, tous les feux sont au vert.
Au global, avril enregistre un taux d’occupation de 68.3%, en progression de 3% par rapport à avril 2024. Il en va de même pour le prix moyen HT. Il augmente de 1.9%, à 115.3 €. Quant au RevPAR TTC (voir l’encadré glossaire), il est de 78.8 €, en hausse de 6.5%.
Certes, l’hôtellerie haut de gamme demeure le vaisseau amiral de la catégorie. Avec un RevPAR HT en hausse de 10,4%. Deux raisons à cela : un retour en nombre de la clientèle internationale et un dynamisme confirmé des établissements haut de gamme parisiens. Dans le même temps, les segments super-économique et économique repartent de l’avant par rapport à mars. Ils affichent respectivement des évolutions de RevPAR HT de 5.2% et 3.4%.
Ces augmentations révèlent le fait suivant. Les Français partent en vacances en France mais réduisent leur budget, comme le souligne l’Alliance France Tourisme. Incertitude économique oblige. Et ils se tournent vers de l’hôtellerie moins chère… et plus particulièrement vers celle située sur les littoraux.
Quelles clientèles ?

La France attire toujours. Le nombre de touriste en provenance du Sud-est-Asiatique et d’Amérique du Nord progresse, respectivement de +4.8% et +8.1% (données arrivées dans les aéroports). Les touristes européens ne sont pas en reste. On note une retour des Italiens, des Espagnols et des Belges avec une croissance respective supérieure à 20% pour chacune des nationalités. Une question se pose malgré tout. Les récentes émeutes qui ont eu lieu lors de la victoire du PSG ne risquent-elles pas de briser, ou pour le moins ralentir, cet élan ?
Du côté des métropoles
Comme nous l’évoquions plus haut, Paris continue d’être l’un des moteurs de l’industrie hôtelière, si ce n’est le premier. Le taux d’occupation approche la barre des 80%, à 76.3%. Quant au RevPAR HT, il progresse de 6,8%. Mais d’autres métropoles réalisent de meilleurs résultats :
Progression du RevPAR HT avril 2025 vs avril 2024
Toulon
Lyon
Montpellier
Marseille–Aix-en-Provence
A contrario, d’autres cités sont dans le rouge en avril. Comme, par exemple, Grenoble (-10,1%) et Nantes (-4,8%). Les raisons de ces replis sont sans doute à rechercher dans une météo capricieuse. Non seulement des villes enregistrent un recul de leur activité, mais des régions également : -1.8% pour les Pays de la Loire, -0,1% pour la Bretagne. En revanche, les régions phares du tourisme tricolore que sont l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et la Provence-Alpes-Côte-d’Azur sont également dans le haut du panier avec des hausses de RevPAR HT comprises entre 6.5% et 6.9%.
L’hôtellerie tricolore renoue ainsi avec les belles performances du début d’année en ce mois d’avril, et cette tendance positive devrait se poursuivre avec des projections optimistes pour le mois de mai grâce aux nombreux ponts
Par catégories
Hôtellerie super-économique. L’Observatoire Umih-GNC note une hausse de 2.7% du taux d’occupation en avril par rapport à la même période un an plus tôt. La progression est de 0.9% pour le prix moyen HT, à 58.1 €. Quant au RevPAR HT, il augmente de 5.2%, à 37.9 €.
Hôtellerie économique. Cette catégorie se distingue des autres par un faux pas. Certes, le taux d’occupation est en progression de 2.5%, à 67.1%. En revanche, le prix moyen HT est en repli de -0.4%, à 84.9 €. Mais le RevPAR HT progresse quant à lui de 5.2%, à 57 €.
Hôtellerie moyen de gamme. Avec un taux d’occupation de 70.6%, la hausse est de 3.5%. Le prix moyen HT s’affiche à 127,4 €, en petite progression (+0.4%). Mais le RevPAR HT augmente de manière sensible (+5.6%), à 89.9 €.
Hôtellerie haut de gamme. Ce segment se porte toujours aussi bien. +3.5% : c’est l’augmentation du taux d’occupation, à 72.6%. Le prix moyen HT est de 255.4 € (+5.1%). A noter la belle hausse du RevPAR HT : +10.4%, à 185.5 €.
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Analyse
Véronique Siegel, présidente de l’Umih hôtellerie française.

« C’est un joli mois d’avril. Certaines années, l’effet calendaire joue un rôle important. Comme ce fut le cas cette année où Pâques s’est tenu au milieu du mois d’avril alors que ce jour férié avait eu lieu en mars l’année dernière. Qui plus est, cette fête s’est située au milieu des vacances scolaires. Résultat, les destinations loisirs enregistrent des chiffres à la hausse. Ce qui n’est pas le cas pour les destinations affaires, principalement celles installées au Nord de la France. Les disparités territoriales demeurent très marquées. Cela dit, la saison d’été est lancée. »
Et pour la capitale ?
« Paris tire toujours le marché vers le haut. Néanmoins, les variations positives de la période 2024-2025 font suite à celles négatives de 2023-2024. Autrement dit, nous retrouvons le niveau d’activité de 2023. Nous sommes en phase de rééquilibrage. La période Covid est derrière nous. Nous sommes désormais dans une autre dynamique. La clientèle internationale est à nouveau diversifiée ; on retrouve les niveaux pré-Covid. Quoi qu’il en soit, mai devrait être également un bon mois grâce aux différents ponts. Des interrogations demeurent sur juin. Un dernier point. Les réservations sont de plus en plus tardives. Quant un hôtelier dispose d’un attelage de réservations, il peut alors se projeter dans l’avenir. Dans le cas contraire, il s’inquiète à juste titre, car la grande majorité d’entre-eux ont des crédits à rembourser. »

Méthodologie. La Base de données de MKG destination effectue chaque jour et chaque mois le traitement statistique des parts de marché de plus de 3.500 hôtels : analyse personnalisée des taux d’occupation, prix moyens et RevPAR face au marché concurrentiel, en fournissant des indices de performance et des indices de pénétration des marchés, avec plus de 20 ans d’historique.

Glossaire
-Taux d’occupation : rapport entre le nombre de chambres vendues et le nombre de chambres disponibles à la vente des hôtels.
-Chambres vendues : ensemble des chambres louées par l’hôtel, y compris les gratuités.
-Chiffre d’affaires : seul le chiffre d’affaires hébergement est utilisé dans les traitements. Le chiffre d’affaires restauration n’est pas pris en compte.
-Evolution (points ou %) : hausse ou baisse comparée à la même période de l’année précédente.
-Prix moyen TTC : chiffre d’affaires hébergement divisé par le nombre de chambres vendues.
-RevPAR TTC : taux d’occupation multiplié par le prix moyen ou chiffres d’affaires hébergement divisé par le nombre de chambres disponibles.