Sébastien Pissavy : propulseur de talents

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Cofondateur du site internet jeuxvideo.com, Sébastien Pissavy s’implique dans l’économie locale en aidant les porteurs de projets à s’installer dans le Cantal. Avec cette volonté : voir naître de plus en plus d’idées innovantes sur le territoire. Grâce à Cantal Business Angels et à l’incubateur d’entreprises Catapulte, l’Aurillacois œuvre chaque jour pour cela.

Sébastien Pissavy
Sébastien Pissavy

On connaît son nom pour sa réussite. Sébastien Pissavy fait partie de cette vague de jeunes entrepreneurs avant-gardistes qui, partis de rien, ont su saisir les enjeux d’une société pour innover et devenir incontournables.

Le Cantalien de 44 ans a cofondé le site internet jeuxvideo.com aux prémices d’internet, à l’heure où le Minitel trônait encore sur les bureaux. D’une simple mais réelle passion pour les jeux vidéo, Sébastien Pissavy a bâti une véritable entreprise au rayonnement national, tout en restant implanté à Aurillac. « Je rassemblais des astuces pour finir les jeux vidéo et aider ceux qui pouvaient bloquer à certains stades. Ce document, je l’ai d’abord diffusé auprès d’amis puis sur une messagerie Minitel. On l’appelait l’encyclopédie des trucs et astuces des jeux vidéo » , se rappelle-t-il. Le bouche-à-oreille, l’effet boule de neige va créer une sorte de « buzz artisanal ». Il s’associe ensuite avec deux autres passionnés, et tous trois finissent par créer leur propre société, en 1997. Jeuxvidéo.com était né. Le Minitel tient alors une place importante dans l’activité, « ça a bien marché en attendant que le site internet engendre de la publicité.

Les audiences ont vite accru de façon spectaculaire. On a alors constitué une véritable rédaction, comme pour un magazine papier mais sur internet » . À l’époque, le principe est évidemment révolutionnaire. Des forums interactifs mais aussi des vidéos vont faire de jeuxvidéo.com the place to be pour tout « gamer » qui se respecte. Tout au long de cette aventure, l’entreprise est restée basée à Aurillac, dans le village d’entreprises. Une volonté sine qua non pour Sébastien Pissavy.

En 2012, il quitte son poste par envie de « voir autre chose ».

L’entreprise sera vendue deux ans plus tard quelques millions au groupe Webedia, qui rapatriera la société sur Paris, au grand regret de l’Aurillacois. Après une telle épopée fantastique, à l’aube de la quarantaine, l’homme va s’investir pour le dynamisme économique de la région. « J’ai voulu relancer le club d’investisseurs créé en 2008 dans le Cantal. J’étais alors adhérent, on était une dizaine. Mais faute de projets, on n’a jamais pu investir », regrette-t-il. En 2015, il remet l’association loi 1901 en route et permet ainsi aux particuliers de choisir d’investir dans des projets porteurs de valeurs pour le territoire cantalien. Ainsi prend place le Cantal Business Angels.

Investir dans l’économie réelle du pays

« Nous ne sommes pas des philanthropes, quand nous choisissons d’investir dans une société, nous devenons comme des associés des fondateurs. L’entreprise augmente son capital grâce à l’injection de fonds propres. Cela a également un effet de levier auprès des banques. Il est plus facile derrière d’obtenir des prêts. »

Depuis la relance de Cantal Business Angels, deux entreprises ont déjà été choisies, notamment Mecatheil, située à La Feuillade, spécialisée dans la mécanique de précision et les systèmes automatisés. « Nous avons injecté 100 000 euros, et, derrière, cela leur a permis d’obtenir un prêt de 300 000 euros auprès des banques. »

Un coup de pouce qui permet de booster le développement et les perspectives d’avenir, mais aussi la création d’emplois.

Le deuxième projet retenu est celui de la lentille blonde de Saint-Flour.

« C’est l’histoire et le potentiel de ce produit de terroir qui nous a séduits. Ils avaient besoin d’un coup de main pour trouver des producteurs supplémentaires, pour trouver de nouveaux locaux, faire l’acquisition d’une trieuse optique… Et ils souhaitent s’engager dans une démarche d’obtention d’une AOP. C’est une réelle satisfaction departiciper au développement du territoire grâce à cela », dit-il. Dans le cadre de ce club d’investisseurs, le business angel l’affirme : « Les portes sont ouvertes, les Auvergnats de Paris peuvent tout à fait nous rejoindre dans cette association s’ils veulent investir dans l’économie réelle du pays et qu’ils veulent concrétiser leur attachement au territoire. Nous les accueillerons avec plaisir. »

En parallèle, Sébastien Pissavy va plus loin pour offrir la possibilité aux porteurs de projets de pouvoir s’épanouir dans le Cantal.

Créé en septembre 2017, Catapulte est un incubateur et un accélérateur d’entreprises et de start-up à Aurillac. Sur 240 m², les entrepreneurs qui démarrent leur activité peuvent ainsi être hébergés. Aujourd’hui, on compte six projets « qui ont une dimension au moins innovante, si ce n’est ambitieuse », à l’image de la brasserie de Salers portée par Alexandre Vermeersch, une entreprise d’inspection d’ouvrages par drones, un maraîcher bio qui souhaite accompagner le public dans la culture de leur propre jardin bio, une mercerie en ligne ou un logiciel qui s’occupe de la rentabilité auprès des artisans. « Le but est d’atteindre dix projets par an et d’être sur vingt projets chaque année en vitesse de croisière. » Par cette mise en place de solutions pour accompagner les créateurs d’entreprise, le Cantalien espère que les projets se feront plus nombreux à l’échelle du Cantal.

« Le Cantal, ça se mérite.
On ne doit pas faire du low-cost, bien au contraire. »

Pour le B2C : le « back to Cantal »

Dans cette optique, Sébastien Pissavy n’a pas peur de prôner le « B2C, le back to Cantal » aux Auvergnats de Paris. « Ça me rend un peu fou de voir toutes ces entreprises cantaliennes qui cherchent des gens formés dans tel ou tel domaine et qui galèrent à trouver. Bien souvent, les Auvergnats montés à Paris ont envie de revenir mais, par méconnaissance, ils ne savent pas où chercher. Il existe un vrai problème de “matching” entre les profils et les emplois. Je pense qu’il y a une plate-forme à créer. Aujourd’hui, le Cantal manque de projets, les créations d’entreprises ont baissé de 15 % en 2016 ! »

Le Cantal, terre d’avenir ? « Le département détient des choses de plus en plus recherchées, comme la qualité de vie, la sécurité, la nature, le fait de pouvoir élever ses enfants dans un environnement sain, avec de vraies valeurs. Il faut faire attention à bien sauvegarder ça et à ne pas tenter de faire comme le voisin. » Car, pour l’Auvergnat, « ce qui est valable à Bordeaux ne l’est pas forcément à Aurillac. Le Cantal, ça se mérite. On ne doit pas faire du low-cost, bien au contraire » . Par tous ces atouts à faire valoir, à pérenniser, à mettre en valeur, Sébastien Pissavy espère voir naître encore d’autres projets pour faire vivre le territoire et garantir son avenir. À 44 ans, l’Aurillacois persiste et signe, et ne croit pas en la fatalité : « À nous de jouer notre propre carte. »

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