Des machines à glace conçues en Auvergne

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Les Italiens, rois de la glace ? Gris, le fabricant français de machines à glace entend faire mentir la tradition et talonne le leader Carpigiani avec ses appareils robustes, élaborés à la main.

Modèles phares de l'entreprise, la turbine à glace professionnelle et la machine à glace à l'italienne.
Modèles phares de l'entreprise, la turbine à glace professionnelle et la machine à glace à l'italienne.

Son fondateur Fabien Gris a beau avoir la gouaille transalpine, c’est bien au cœur de l’Auvergne, à Brioude (Haute-Loire), qu’il a choisi en 2012 de développer un savoir-faire de pointe en la matière. « Au départ, j’importais des machines chinoises. Le problème, c’est qu’on faisait 60 000 km par an pour le service après-vente. » Qu’à cela ne tienne, ce touche-à-tout décide de fabriquer ses propres machines avec l’aide de son fils frigoriste. Il mise tout sur une conception robuste et bien pensée. « Nos machines sont peut-être moins jolies que d’autres, mais elles ne tombent pas en panne. » Le SAV est toujours géré en interne en 48 h au maximum, mais désormais sans débordement.

iL'entreprise familiale emploie sept personnes pour la conception et la fabrication des différentes machines, à Brioude, en Auvergne.
L'entreprise familiale emploie sept personnes pour la conception et la fabrication des différentes machines, à Brioude, en Auvergne.

La machine à glace italienne et les savoir-faire acquis lui ont permis de se faire la main et de déployer une gamme importante de turbines à glace, de pasteurisateurs, de machines à bâtonnets glacés, à granités ou encore à blocs de glace. Parmi les innovations, un appareil permettant le remplissage des pots de glace, bûches ou vacherins -« une avancée pour lutter contre les troubles musculo-squelettiques qui découlent d’un remplissage répétitif à la poche à douille » -, mais aussi un système de foisonnement à 30 % d’air dès le début de la préparation pour les machines à gros débit, avec en prime un nettoyage simplifié. La petite équipe a également beaucoup étudié la capacité de résistance des machines aux fortes chaleurs. Toutes sont tropicalisées et équipées de condenseurs compatibles à plus de 50 °C, assortis d’un circuit de refroidissement à eau. La garantie d’un fonctionnement sans accrocs.

Flexible sur les cibles, pas sur les prix

Tout ceci permet à l’entreprise Gris de se positionner sur un large éventail de secteurs. Elle compte parmi ses clients des artisans glaciers, des zoos et parcs d’attractions, des fermes qui transforment leur production ou encore des restaurateurs. « Ces derniers trouvent dans nos machines le moyen d’avoir des glaces toujours à la bonne température et pas ramollies par les ouvertures répétées du congélateur. » Et bientôt des food trucks . En 2022, Gris entend restaurer la mode du camion à glace partout en France, pariant notamment sur le retour des cuisines ambulantes et démarre la commercialisation de machines pensées pour cet usage.

iL'équipe a étudié la capacité de résistance des machines aux fortes chaleur.
L'équipe a étudié la capacité de résistance des machines aux fortes chaleur.

Plusieurs systèmes sont proposés, modulaires avec groupe froid déporté ou directement branché au moteur du véhicule. En matière de développement, l’entrepreneur n’a pas froid aux yeux. Il a d’ailleurs sa chaîne Youtube sur laquelle il dispense des conseils pour faire fructifier une machine à glace. Pour autant, loin de chercher le prestige pour sa marque, l’entreprise réalise une prouesse d’un point de vue tarifaire. À 6 000 € en moyenne, les machines Gris restent bien plus compétitives que la concurrence européenne. « Le prix d’une machine à glace est généralement fondé sur ce qu’elles vont rapporter. Quand on sait qu’on appelle ça les machines à cash. .. – à raison de 60 ventes par jour à 2 €, une machine standard est rentabilisée en une saison. Nous avons supprimé les intermédiaires. Contrairement à ce qui se pratique, notre prix n’est pas négociable, mais il est juste. »

Augmenter sa force de frappe

Chaque année, 120 machines sortent de l’atelier auvergnat, avec quelques sous-traitances pour le travail de l’inox, de la tôle ou l’assemblage du compresseur. Et pas mal de commandes spéciales. « C’est l’avantage d’être petit, on peut s’adapter à tout. On fabrique beaucoup de prototypes, ça nous coûte, mais c’est un moyen de tâter le terrain. » Dix ans après son lancement, Gris commence à avoir plus d’appétit. L’entreprise, jusqu’alors autofinancée, pourrait prochainement chercher le premier financement de son histoire pour augmenter sa force de frappe.

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