L’entreprise textile Garnier-Thiebaut résiste sur un segment ultra-compétitif en gardant en cœur de cible les établissements du CHR. Que ce soit pour le linge de table ou de lit, les créations de la maison vosgienne sont des valeurs sûres, non seulement pour le prestige, mais aussi pour un besoin plus terre à terre de durabilité.
Le petit atelier de tissage de toile qui officie depuis 1833 à Gérardmer, dans les Vosges, a bien changé. De physionomie du moins ! Au cours des 30 dernières années, la technologie est venue soulager une partie du travail des 230 employés, mais pour autant, la maison Garnier-Thiebaut a toujours autant besoin de ces mains expertes pour tisser, ennoblir, teindre et confectionner les nappages et autres textiles de lit prisés des plus grands hôtels et restaurants. Car c’est bien sur le marché du CHR, qui représente 65 % de son chiffre d’affaires, que la maison textile concentre ses principaux efforts. L’entreprise a construit sa rentabilité sur plusieurs axes, pour se constituer une base solide en répondant à des appels d’offres d’ampleur pour des clients « qui cherchent des produits figés dans le temps ». Jusqu’alors gage de stabilité pour l’entreprise, ce pivot-là est mis à mal par la pandémie, ce qui a motivé l’entreprise à mettre les bouchées doubles sur son autre axe phare de travail : la personnalisation, en petites séries notamment. « Lorsqu’on a démarré les petites séries il y a 26 ans, personne dans la profession n’y voyait d’intérêt, explique Paul de Montclos, P-DG de Garnier-Thiebaut. On s’est démarqués en allant là où tous les autres ont renoncé. Et finalement, avec le retour du circuit court, nous étions un peu précurseurs. » Une équipe dédiée déploie une réflexion poussée sur la matière, le dessin et l’entretien avec chaque client.
« Paradoxalement, la Covid a accéléré la transformation de l’hôtellerie-restauration du point de vue des besoins textiles. » Beaucoup d’établissements ont profité de la période pour repenser leur identité décorative et « ils cherchent un produit fidèle à leur projet. On assiste au grand retour du nappage, c’est une manière pour les restaurants d’afficher leur signature au même titre qu’à travers certains plats. Et nous avons cette capacité à développer de petites séries, pour des serviettes avec logo par exemple, dans des délais très courts », poursuit Paul de Montclos. Garnier-Thiebaut a notamment sorti, en 2019, la collection Bistro, personnalisable avec logo et couleurs du restaurant dès 100 unités.
Ne pas succomber aux tendances
Cette nouveauté illustre aussi la stratégie de développement des collections destinées au CHR. « Nous sortons deux collections par an pour le grand public, c’est cela qui sert de dynamique à l’ensemble de la marque et inspire les gammes destinées aux professionnels. » Une manière de tester la longévité d’un produit pour ne pas céder aux sirènes de la tendance car la marque cherche plutôt à capter des mouvements de fond. « La force de nos produits, c’est que nous sommes capables de les reproduire aujourd’hui, demain et dans dix ans. Nous accompagnons également les sociétés de blanchisserie pour garantir la durabilité de nos produits. » Garnier-Thiebaut s’inscrit plutôt dans le temps long.
www.garnier-thiebaut.fr
Bientôt une école des métiers du textile
Les métiers du textile pâtissent, comme la restauration, d’un manque criant de main-d’œuvre. « Il n’y a plus beaucoup d’écoles et la plupart des employés apprennent sur le tas. C’est un vrai souci pour conserver cette économie en France. Mais nous voulons relocaliser ces savoir-faire », explique Paul de Montclos. Garnier-Thiebaut s’est donc lancé dans le projet ambitieux d’ouvrir une école des métiers du textile dans les Vosges en septembre 2022. Elle proposera dans un premier temps un CAP couture, une base solide permettant aux apprentis d’aborder par la suite tout l’éventail des métiers.