Imposer le reconditionné en CHR

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L’entreprise Vesto accélère son développement pour imposer le matériel reconditionné dans l’univers des CHR. Ses ateliers forment des techniciens à des compétences plus transversales, afin de répondre aux besoins de cette filière. Un important travail de pédagogie est nécessaire pour convaincre les professionnels des métiers de bouche de passer au reconditionné.

CHR reconditionné
La démarche qualité de Vesto porte beaucoup d’attention à l’esthétique des appareils finalisés. Crédit : DR.

Les CHR génèrent 42.000t de déchets de matériel par an. « Jusque-là, tout partait au recyclage», explique Bastien Rambaud, cofondateur de Vesto. Pourtant, ces appareils, initialement conçus pour durer, peuvent servir bien plus que quelques années dans un restaurant.

Dans son usine flambant neuve, à Compans (Seine-et-Marne), Vesto met les mains dans le cambouis pour inventer un segment inédit sur le marché du matériel CHR. Après une levée de fonds en février 2023, la jeune entreprise passe à une échelle plus industrielle, notamment pour étendre sa gamme. Désormais, ses équipes reconditionnent environ 6t de matériel par mois. Vesto récupère tous types d’équipements (cuisson, froid positif et négatif, lavage, préparation) partout en France, moyennant une prime «au maintien en l’état ».«Nous avons listé les marques que nous ne voulons pas travailler. Principalement parce qu’elles ne disposent plus des pièces détachées», précise le cofondateur. Au final, la gamme totalise 220 marques, des plus populaires (les fourneaux Ambassade de Bourgogne) aux plus pointues (Rational ou Winterhalter). «On connaît les délais de livraison des pièces pour chacune d’entre elles, on annonce donc les délais de mise à disposition de l’appareil en fonction. Le client achète en connaissance de cause.»

La réparabilité est en effet au cœur de la stratégie de l’entreprise. Pour éviter d’investir à fonds perdu sur des machines peu valorisables, un protocole permet d’évincer d’entrée les plus endommagées et « d’établir la rentabilité du reconditionnement. Nous savons ce que coûte chaque type de réparation. Selon le score obtenu, l’appareil est soit mis en vente, soit orienté vers le recyclage. Nous investissons uniquement sur des appareils qui trouvent preneur. Cela permet une bonne rotation du stock, et de ne pas immobiliser de la valeur.» Les appareils sont vendus de - 30% à - 70% de leur valeur à neuf.

Des équipements increvables

Si la majorité a autour de cinq ans d’activité, certains vieux coucous increvables, comme ce pétrin de boulanger de 1991, auront aussi droit à une nouvelle vie. L’entreprise tourne à plein régime, avec trois mois de ventes dans le carnet de commandes. Mais dans cette filière où tout est à construire, le manque de main-d’œuvre qualifiée impose un certain tempo. « Il n’existe pas de formation pour nos besoins, alors nous recrutons des techniciens novices et nous les formons», note Bastien Rambaud. Ces agents reconditionneurs sont supervisés par deux frigoristes et cinq spécialistes du matériel de cuisson. L’atelier en bout de chaîne assure le nettoyage et l’esthétique des appareils avant leur livraison. «Notre travail ce n’est pas seulement de faire marcher une machine, c’est de la fiabiliser dans le temps», précise Benjamin Thémot, chef d’atelier.

Une centaine d’appareils sortent chaque mois de l’atelier comme neufs, avec une garantie de 12 mois sur les pièces. L’engouement pour le matériel reconditionné reste marginal à l’échelle du secteur des métiers de bouche. «On serait ravis d’avoir des concurrents, cela voudrait dire que les réflexes des professionnels évoluent», réagit Bastien Rambaud. Pour toucher une clientèle plus large, et notamment plus pressée, Vesto ouvrira un showroom en plein Paris au début de 2024. Le lieu, adossé à un restaurant d’insertion et entièrement équipé en matériel reconditionné, offrira une petite sélection de matériel prêt à emporter.

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