Quatre jeunes couteliers se sont alliés pour se lancer dans le monde ultra-concurrentiel de la coutellerie en Auvergne, avec un concept innovant: le leasing de couteaux pour les professionnels. Une offre qui permet aux chefs et aux patrons de restaurants de s’assurer le tranchant de leurs lames sans immobiliser de trésorerie, le tout avec des couteaux haut de gamme, originaux et faits main.
Et si le leasing s’accordait aussi en cuisine? Quel chef ou patron de restaurant n’a jamais rêvé d’avoir toujours des couteaux bien affûtés, que ce soit en cuisine ou en salle? Antretoise, entreprise auvergnate installée à Clermont-Ferrand, propose ce service dans l’air du temps. Quatre jeunes couteliers se sont alliés pour donner naissance au concept, en partant d’un constat simple: « Les professionnels de la restauration courent après le temps en permanence. Et s’il existe un système de leasing en vaisselle, ce n’est pas le cas en coutellerie. On l’observe déjà en Italie, mais pas en France », signale l’un des fondateurs d’Antretoise, Thibaut Meyepa. L’idée: offrir des couteaux performants avec un contrat d’entretien. Ainsi, le leasing de couteaux permet d’éviter une immobilisation de trésorerie importante et propose simplement un basculement en charge d’exploitation, « sous forme de mensualités, comme un forfait internet ». Affûtage, maintenance, tout est compris dans le prix, « et on fait aussi selon les besoins de chacun. La vaisselle n’a pas le même impact que le tranchant d’une lame, mais en moyenne, nous partons sur deux ou trois affûtages et entretiens par an ».
Des couteaux dans l’air du temps
Les couteaux proposés par Antretoise sont directement créés sur place, dans l’atelier de Clermont-Ferrand, par les jeunes couteliers, tous formés dans le bassin thiernois. « Nous sommes sur une offre moyen-haut de gamme, mais sur demande, nous pouvons absolument tout faire », explique Thibaut Meyepa. Dans leur showroom situé rue Fontgiève trônent leurs créations. Comme le couteau éponyme Antretoise, destiné à la table. « Nous avons cherché à mettre en valeur un design épuré et à faire la différence sur le manche. Il évite les doigts de toucher l’assiette pendant l’utilisation », note le créateur. Une lame fabriquée à partir d’un acier haut de gamme, Alenox CR18, à 18 % de chrome, « ce qui renforce la résistance à l’oxydation ». Sa particularité? « Il n’a pas d’entablure, ce trait qui se situe entre le talon de la lame et le reste. Nous avons cherché à alléger le couteau, pour être dans un registre épuré, mais aussi pour un côté totalement pragmatique. Il offre un vrai confort d’utilisation et est plus facile à affûter, donc à entretenir pour nous. C’est un produit plus compliqué à faire durant la conception, mais sur le long terme, nous sommes gagnants », assure le coutelier. Dans le même esprit, ce sont des vis et non un clouage traditionnel qui ont été préférées. Enfin, la signature de la coutellerie se trouve aussi dans le bec-de-corbin, ce retour situé à la fin du manche, « qui permet d’empêcher le glissement de la main ». Un bec que l’on retrouve aussi sur la gamme Assiette, destinée et imaginée pour travailler en cuisine. « On s’est inspiré des lignes tendues japonaises et on a voulu créer un couteau assez polyvalent. » Parmi les autres créations, le Vif se veut comme le couteau gentleman par excellence, et l’Umwelt, qui revisite le couteau de poche façon Antretoise: « C’est notre vision de la coutellerie. Il est simple, performant et esthétique », dit-il.
Une motivation écoresponsable
La vision de la coutellerie justement, à Clermont, chez Antretoise, se résume en un mot: éthique. « Nous nous engageons à proposer des produits les plus accessibles possible tout en gardant la qualité et la transparence au cœur de notre démarche. On dévoile même notre calcul de marge, car on n’a rien à cacher. Les gens comprennent ce qu’ils achètent et pourquoi », assure Thibaut Meyepa. L’entreprise fonctionne d’ailleurs sous un modèle de Scop, donc égalitaire, entre les quatre couteliers. Au-delà de l’authenticité et de l’honnêteté, une dimension écoresponsable est aussi mise en avant. « Nous ne travaillons pas de bois exotiques, ce n’est pas dans notre éthique. On va se concentrer sur les bois européens et essayer de valoriser les essences locales. On essaie aussi de trouver des partenaires qui possèdent leurs propres forêts et qui les écogèrent. » Au-delà des matières plus écologiques, en fibre de carbone ou fabriquées à partir de chutes industrielles, Antretoise souhaite même aller plus loin en misant sur les matériaux recyclés comme le marc de café, le verre de bouteille ou les coquilles de moules et d’huîtres qui pourraient finir en manches de couteau. « On a encore plein d’autres idées, nous ne sommes qu’au début de l’aventure. Mais nous sommes d’ores et déjà capables de répondre aux demandes des chefs pour faire du sur-mesure. Du fait-main. Nous sommes avant tout des créateurs », résume le coutelier auvergnat. Car Antretoise, c’est ça: un clin d’œil à l’entretoise, la pièce mécanique qui en relie deux autres sur un manche. L’antre du coutelier a été installée en plein cœur de la capitale auvergnate pour s’éloigner du bassin historique: un pari, un parti pris, conjugué à cette volonté de solidarité entre ces quatre jeunes talents de la coutellerie: Gaël Chabaudie, Eddy Nezelof, Thibaut Meyepa et Agnès Mangoni. Avec une vision moderne tournée sur une formule taillée pour répondre aux attentes et aux besoins des professionnels du CHR, Antretoise ne veut pas couper avec les traditions, mais compte bien assurer le tranchant, en cuisine comme en salle.
Sur Internet : https://antretoise.com
Antretoise a développé sa propre gamme de couteaux de table disponible en leasing.
Les couteaux sont fabriqués et entretenus dans l’atelier clermontois d’Antretoise.