Moulin Peugeot : ingénieux pour le geste et le goût

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Le moulin Peugeot traverse les décennies sans prendre une ride. Allié du geste sûr, c’est désormais un partenaire du goût. Son évolution au fil du temps est ingénieuse, dictée par des idées malignes qui simplifient la cuisine mais aussi glorifient les épices en s’adaptant à chacune de leurs singularités.

Pour les 150 ans du modèle Z, son premier moulin à poivre, Peugeot Saveurs l'a réédité sous la dénomination 1874. Crédit : Eric Marin

Sur les tables des restaurants, le moulin à poivre fait partie du décor. Le plus souvent discret, c’est pourtant un condensé « d’ingéniosité », comme se plaît à l’évoquer le fabricant emblématique du genre. En effet, la firme Peugeot s’est d’abord fait un nom dans la fabrication méticuleuse de mécanismes en acier pour des objets du quotidien. Après avoir mis au point les premiers moulins à café dès 1840, son premier moulin à poivre, le modèle Z sorti en 1874, est toujours d’actualité.

À l’occasion des 150 ans de l’objet, Peugeot Saveurs a réédité la version en bois tourné d’origine, comme un retour aux sources. « Peu de produits peuvent se targuer d’être toujours sur le marché aussi longtemps après leur création, note Dominique Garreta, directrice marketing et développements. Nos moulins ont pourtant beaucoup évolué, le système de mouture a été complètement transformé et l’esthétique s’est enrichie en termes de formes, de matières et de couleurs. Mais la mission première subsiste, être excellent dans la mouture de dernière minute avec des objets robustes, intuitifs et qui répondent aux gestes précis attendus par les artisans de la cuisine. »

Le réglage de la mouture par rotation du bouton supérieur a laissé la place à un mécanisme doté de six stades prédéfinis, sélectionnés par une bague à la base du moulin. L’utilisateur peut ainsi moudre avec précision, très finement pour faire ressortir le piquant d’un poivre, ou un grain plus grossier pour valoriser plutôt son profil aromatique. Une manière aussi de donner au poivre une dimension plus haut de gamme, alors que 90 % du poivre est consommé déjà moulu. L’intérêt pour les épices d’origine s’accentue fortement, de la même manière que pour le café ou le chocolat.

Il n’y a pas qu’un seul poivre, comme il n’y a pas qu’une variété de fraise. On doit aussi envisager de changer de poivre selon le plat, que ce soit en cuisine ou à table. L’entreprise a ainsi imaginé un moulin façon bar à poivres, munis de réservoirs interchangeables. « Sur table, c’est un objet très ludique. Il permet de guider le client et de susciter la curiosité pour amener une autre dimension à sa dégustation. En cuisine, on évite l’accumulation de moulins. »

La marque va aussi plus loin dans la démonstration et s’est intéressée à tout l’éventail des épices. « Chacune mérite un système de mouture particulier. Pour restituer l’aromatique d’un poivre, il faut le découper ; le sel s’écrase, le bâton de cannelle doit être cassé avant d’être moulu. La muscade demandait une astuce pour la râper sans risque de coupure… » Peugeot a également mis au point un mécanisme démontable et nettoyable permettant de moudre la graine de lin. « Si elle n’est pas moulue, elle ne restitue pas tous ses bienfaits d’un point de vue nutritionnel. Mais c’était un défi car son aspect huileux encrasse le moulin et amène un goût rance au fil des utilisations », poursuit la directrice marketing.

La réflexion dura ainsi plus de deux ans. Si elle reste attachée à ses fondamentaux, la marque se projette en permanence. Les derniers développements ont fait émerger des formes plus contemporaines et épurées, notamment en aluminium strié, plus discrètes sur les tables. Le CHR reste en effet un prescripteur important, représentant une large part des deux millions de moulins qui sortent des ateliers chaque année. Les modèles Paris et Bistro représentent respectivement 12 % et 40 % des ventes en CHR. Les modèles électriques, particulièrement en vogue auprès des ménages il y a une dizaine d’années, sont désormais une part marginale des ventes. « La table n’est pas forcément l’endroit où on souhaite utiliser de l’électrique et c’est un investissement et de l’entretien pour un restaurateur. » Une confirmation supplémentaire que rien ne vaut le geste.

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