Alimentation biologique : un avenir incertain

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Alors que l’alimentation biologique connaît des temps difficiles en France, les acteurs du secteur estiment qu’elle a toute sa place dans la consommation hors domicile. La restauration reste l’un des seuls débouchés encore en croissance, même si tout reste encore à faire.

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La part du bio a tendance à baisser sur les marchés. Crédit : Unsplash.

Pour la filière bio française, le constat est préoccupant. L’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique, dite Agence bio, a dévoilé les chiffres et ses ambitions lors de sa conférence annuelle, en juin dernier. Comme pour la grande majorité des labels de qualité et environnementaux, le bio a connu une importante baisse d’intérêt de la part des consommateurs en comparaison à 2021. Le marché du bio consommé à domicile, dont le secteur dépend lourdement (92% des débouchés), se replie en effet de 4.6% au global. De plus, le marché perd 600 millions d’euros à 12 076 milliards d’euros en 2022.

Les agriculteurs sont donc moins enclins à enclencher une transition vers le biologique et face à la baisse de la demande, les surfaces en première année de conversion sont en baisse de 41 %. Alors que l’agriculture biologique représente 10,7 % des surfaces agricoles en 2022, contre 10,44 % en 2021, l’Agence bio s’est fixé un objectif de 18 % d’ici quelques années. « Il est impératif de stimuler la demande pour atteindre notre objectif national », note Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio. Pour cela, elle souhaite augmenter la part du bio dans l’assiette des Français, que ce soit à la maison ou à l’extérieur.

Relais de croissance

La consommation hors domicile d’aliments biologiques ne concerne actuellement que 8% des débouchés, dont seulement 1% en restauration commerciale (environ 170.000 restaurants). Le segment reste toutefois porteur, et est d’ailleurs l’un des seuls à enregistrer une hausse en 2022. En effet, le bio consommé hors domicile, que ce soit en restauration collective ou commerciale, est en hausse de 17% avec un marché total à 715 millions d’euros. Selon les chiffres de l’Agence bio, le marché des produits bio en restauration a enregistré un chiffre d’affaires de 609 millions d’euros en 2021, contre 505 millions d’euros en 2020. Une croissance qui ne permet pas de retrouver le niveau enregistré en 2019, de 640 millions d’euros. « Avec environ 80.000 cantines et 180.000 restaurants en France, il s’agit de deux relais de croissance majeurs pour accueillir la production des agriculteurs français qui arrivent au terme de leur conversion», note Laura Verdeau. Mais pour elle, « tout reste à faire » et la priorité est de « muscler les débouchés sur l’ensemble des moments de consommation ». Pour ce faire, l’Agence bio veut habituer les chefs à l’alimentation biologique, notamment grâce à son futur programme Du bio, chef ! qui sera dévoilé en septembre. « Il faut faire rentrer le bio dans les CAP cuisine, pour sensibiliser dès le départ », estime par exemple la directrice de l’agence. Il est également nécessaire de défaire quelques idées reçues sur le prix et la provenance. En France, 70% du bio consommé est produit localement. Hors produits tropicaux, le chiffre monte à 83%. Les filières comme le lait, les œufs, le vin, la viande, la boulangerie-pâtisserie, les légumes sont autosuffisantes à plus de 80%. Côté prix, l’inflation affecte moins le bio que l’alimentaire en général avec un taux de 4% en bio, contre 6.7% au global, selon Nielsen. De quoi peut-être faire entrer le bio dans les assiettes.

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