Le menu enfant, un axe de rentabilité

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Le menu enfant n’occupe parfois qu’une place marginale sur les cartes des restaurants, quand il n’en est pas tout simplement absent. Demi-portions ou recettes simples, une formule dédiée peut se révéler rentable.

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S’il n’est pas toujours possible de faire de la marge sur le menu enfant, il peut pousser les parents à consommer davantage. Crédits : Welcome Family.

Le menu réservé aux enfants, avec des tarifs moins élevés et des portions adaptées, n’est pas toujours proposée. « Dans l’inconscient collectif des restaurateurs, une formule pour les plus jeunes ne rapporte pas assez, donc ils préfèrent éviter au maximum les familles », évoque Frédéric Martz, gérant de l’entreprise Welcome Family, spécialisée dans la vente de matériel pour enfants à destination des restaurateurs.

Pourtant, miser sur les familles représente un levier non négligeable d’accroissement d’activité. En effet, le ticket moyen d’un groupe de clients avec enfants serait 74 % supérieur à un groupe équivalent sans enfants (1). Par ailleurs, dans les familles, qui représentent jusqu’à 30 % du marché de clients potentiels, le restaurant est choisi une fois sur trois par les enfants (2). C’est pour cela que Patrice Roussel, gérant du 8uit café à Villeneuve-lès-Maguelone (34), ancien directeur de centre de loisirs, a décidé de miser sur ce public.

Je voulais une proposition complète et accessible, tout en faisant le choix de la facilité pour moi. Je garantis cependant des produits de qualité, bios et locaux.
Patrice Roussel, gérant du 8uit café à Villeneuve-lès-Maguelone (34)

« Je veux que mon établissement soit ouvert à tout le monde, donc proposer un menu enfant soit primordial pour moi. Le public familial se sent le bienvenu, ce qui n’est pas le cas de partout », déclare-t-il. Sa formule enfant comprend une boisson, un plat (généralement des pâtes) et une boule de glace, au prix de 8 €. « Je voulais une proposition complète et accessible, tout en faisant le choix de la facilité pour moi. Je garantis cependant des produits de qualité, bios et locaux », précise-t-il. S’il concède ne pas se faire « une grosse marge » sur ce menu, sa stratégie réside ailleurs : « On va gagner sur ce que les parents vont consommer. Ils ne se sentent pas pris à la gorge par rapport au repas des petits, donc ils vont se faire plaisir. »

Un peu plus loin, à Vence (06), Les Petits Tabliers attirent en majorité les familles avec des enfants en bas âge. La gérante Sonia Manceau propose un menu réservé aux moins de 10 ans à 9,90 €. « Des nuggets, un mini burger ou un steak haché avec en accompagnement une purée de légumes », énumère-t-elle. Comme Patrice Roussel, elle considère que le menu enfant n’est pas intrinsèquement gagnant pour elle, mais que la rentabilité se trouve dans la fidélisation de sa clientèle. « Certains enfants qui viennent encore aujourd’hui, je les ai connus dans le ventre de leur mère, raconte-t-elle. C’est rentable, car les enfants attirent les parents. Ils se sentent bien ici et les adultes restent plus longtemps qu’ailleurs, ils vont donc consommer plus et mieux. Et si le menu leur plaît, ils vont même demander à revenir. »

Une véritable stratégie

Pour Frédéric Martz de Welcome Family, la construction du menu enfant doit s’inscrire dans un ensemble stratégique de la part de l’établissement. « Il faut proposer une formule sans la brader, conseille-t-il. Il vaut mieux un menu bien construit, autour de 12 €, sur lequel le restaurateur ne se fait qu’une petite marge, car se distinguer par un menu enfant plus poussé que ceux vus traditionnellement permet de sortir du lot. » Il préconise également de faire le choix d’une offre fondée sur des plats préexistants, mais avec une portion réduite. « Il est nécessaire de proposer un menu équilibré, avec autre chose que des nuggets ou des steaks frites, la demi-portion est intéressante, car elle évite de créer une autre carte », estime-t-il.

Il vaut mieux un menu bien construit, autour de 12 €, sur lequel le restaurateur ne se fait qu’une petite marge, car se distinguer par un menu enfant plus poussé que ceux vus traditionnellement permet de sortir du lot.
Frédéric Martz, gérant de l’entreprise Welcome Family

Plutôt que de le voir comme une obligation et une contrainte, il suggère de l’envisager comme un outil de différenciation. « Il faut le proposer mais surtout le valoriser car il peut être source de marge et de profits », justifie-t-il, considérant cependant que le menu ne se suffit pas à lui-même. Il appelle aussi les restaurateurs à l’agrémenter d’une surprise, un jouet par exemple, à l’image de ce que font certains géants américains de la restauration rapide, très prisés des plus jeunes. Cette stratégie va permettre de faire augmenter la valeur perçue par le consommateur. « Vous avez en face de vous des enfants, il faut les occuper. Vous pouvez proposer un coloriage, ce qui va permettre de gagner du temps et d’avoir moins d’impatience, c’est un outil de réconfort pour tout le monde. Si l’enfant n’est pas agité, les parents vont se décontracter. »

Dans le Nord, à Cassel (59), Gaetan Vaskel, patron du restaurant le Sauvage, a ciblé le côté ludique en créant des cartes imagées de ses plats à destination des enfants. « Cela leur permet de passer leur commande eux-mêmes, comme les grands », souligne-t-il. Il concède, lui aussi, « ne rien perdre, mais ne pas faire de marge » sur son menu enfant à 10,50 €. Sur ses cartes, il a également intégré de quoi effectuer des coloriages, un petit geste aux conséquences rentables. « Dès lors qu’on occupe leur enfant, les parents deviennent intéressants, car ils vont prendre le temps de consommer un dessert, un café, plutôt que de vite partir », conclut-il. Le menu enfant constitue donc une première étape dans le processus d’approche et de fidélisation du public familial. En séduisant les plus jeunes, les restaurateurs s’ouvrent donc à de nouvelles parts de marché.

Les menus doivent être :

Nutritifs

Attrayants

Sains

En plus, proposer :

un petit cadeau

Un prix adapté