SDI : vers une hausse des taxes ?
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Conjoncture économique incertaine, moral des Français en repli, tensions géopolitiques… mais qu’en est-il pour le CHR à la veille des JOP ? Rencontres avec Jean-Guilhem Darré, délégué général du Syndicat des Indépendants et des TPE.
Dans quel état d’esprit sont aujourd’hui les TPE/PME ?
La dernière enquête du Syndicat des Indépendants et des TPE (SDI), intitulée « Etats des lieux des TPE au T1 2024 » réalisée en avril (1 782 répondants – Ndlr), fait ressortir un état d’esprit négatif. 86 % d’entre-eux se déclarent inquiets. Néanmoins, nos adhérents demeurent résilients. Ils se battent quotidiennement pour leur entreprise ; c’est leur bébé ! Néanmoins, dans une économie en crise, ils sont les premiers à la subir car ils sont en contact direct avec le terrain. Ils ressentent immédiatement les signaux faibles qu’ils soient bons ou mauvais, comme c’est le cas actuellement.
Le PGE est devenu aujourd’hui un vrai fardeau alors qu’il était auparavant une bouée de sauvetage
La restauration est-elle plus touchée que d’autres activités ?
Beaucoup de restaurateurs rencontrent des problèmes de trésorerie par rapport aux autres secteurs. N’oublions pas qu’ils étaient en première ligne lors des différents confinements avec la fermeture de leur établissement. Depuis le Covid, ils subissent de fortes hausse de l’énergie, gaz et électricité. A cela s’ajoute une augmentation des matières premières. Sans oublier celle concernant la grille des rémunérations… Parallèlement, les ménages réduisent dépenses plaisir face à la crise et sortent moins, entre autres, au restaurant.
Quels sont les trois grandes difficultés auxquelles ils sont confrontés ?
La première d’entre-elles est le PGE (Prêt garanti par l’Etat – Ndlr). Globalement, ils ont été satisfaits des mesures prises à l’époque par le Gouvernement pour accompagner le redémarrage du secteur le jour où il interviendrait. Seulement, la reprise ne s’est pas déroulée comme prévu, du fait, notamment, de la guerre en Ukraine. En moyenne, une TPE rembourse 2 000 euros chaque mois. Le PGE est devenu aujourd’hui un vrai fardeau alors qu’il était auparavant une bouée de sauvetage. Qui plus est, ce prêt est une dette d’où certaines réticences de la part des banques à accorder de nouveaux crédits. Cependant, en examinant les chiffres de la Banque de France, les cessations d’entreprises dues au PGE sont peu nombreuses.
Cela veut dire que les chefs d’entreprise réduisent à la fois leur salaires et les investissements. Ils ne remettent pas en cause le remboursement ; ils demandent simplement un étalement supplémentaire de deux ans pour atteindre les six ans au lieu de quatre actuellement. Le tout sans passer par le médiateur (et après un bref silence) Ce que nous vivons là ressemble au choc pétrolier des années 1973/1974. Nous ne reviendrons jamais aux prix pratiqués en 2019. La deuxième difficulté concerne le coût de l’énergie. L’année dernière le Gouvernement avait mis en place un amortisseur « électricité » pour le TPE/PME afin de les protéger des contrats à prix haut. Mais le seuil d’engagement de la part énergie de la facture a été relevé à 250 €/MWh, contre 180€/MWh en 2023. D’où un problème de distorsion de concurrence.
des restaurateurs annoncent des difficultés de trésorerie. La moyenne des autres secteurs est de 56 %
des restaurateurs obtiennent un crédit de trésorerie auprès de leur banque. La moyenne des autres secteurs est de 86 %
Et la troisième difficulté ?
Le fait qu’il n’existe pas de visibilité quant à l’avenir, même à court terme. 76 % de nos adhérents s’attendent à une hausse des taxes ; le Gouvernement a besoin d’argent. Et nous entrons dans une spirale peu vertueuse. Les entrepreneurs freinent les embauches et les investissements ce qui aura des conséquences sur l’économie. Il nous faut rétablir la confiance. Néanmoins, ils sont passionnés par leur métier ce qui leur permet de résister. Et surtout ils se sentent libres !