Le projet de double AOP camembert de Normandie passe aux oubliettes

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L’Institut national des appellations d’origine (Inao) a tranché : seul le fromage fabriqué au lait cru aura le droit de cité en Normandie.

Il n’y aura pas d’AOP camembert de Normandie à deux vitesses. L’Organisme de défense et de gestion (ODG) camembert de Normandie a décidé à une courte majorité à la fin janvier d’abandonner la mise en place de deux appellations. L’actuelle, « camembert de Normandie », devait continuer à fonctionner avec un cahier des charges assoupli acceptant le lait pasteurisé et avec une aire d’appellation élargie. Une autre AOP, « véritable camembert de Normandie », devait être créée pour accueillir les producteurs de vaches au lait cru sur la base d’un cahier des charges exigeant. Cette décision est l’aboutissement en forme de non-recevoir de huit ans de conflits et de négociations entre industriels du lait et petits producteurs fromagers. Il y a huit ans, l’association de défense attaquait en justice les industriels comme Lactalis ou Savencia, qui proposaient au consommateur un fromage pasteurisé sous l’appellation « camembert de Normandie ».

Des négociations entre les deux parties se sont mises en place pour aboutir à une sorte de jugement de Salomon de double AOP. Patrick Mercier soutenait il y a un an ce projet, mais au final, lors du vote, les industriels et les PME ont voté contre le projet défendu par les éleveurs. Dans la foulée, les discussions entre les deux parties ont été interrompues. Les industriels craignaient, semble-t-il, de se faire enfermer dans une AOP de second rang. En réaction, Patrick Mercier, le président de l’ODG a placé l’Inao devant ses responsabilités en lui demandant « d’appliquer dès à présent ce règlement visant à lutter contre les usurpations auprès des fabricants, mais aussi de tous les revendeurs et ainsi de veiller au retrait de toute référence à la Normandie sur tous les fromages de type camembert ». En conséquence, un seul camembert de Normandie a droit de cité sur le marché et doit obligatoirement être fabriqué à partir de lait cru. Il faut rappeler que cette appellation ne concernera qu’une production de l’ordre de 6 000 tonnes de fromage, soit moins de 10 % de la production totale de camembert.

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