La prune d’or de Lorraine

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La mirabelle de Lorraine fait partie des fruits symboliques de l’été en France. Une filière qui a gardé toute son authenticité et son savoir-faire manuel pour garantir la qualité du fruit.

Petites mais pleines de saveurs, les mirabelles de Lorraine font la fierté de tout un territoire. « C’est le fleuron de la région, tout le monde a un mirabellier dans son jardin. Cueillir les mirabelles fait partie des jobs d’étudiants par excellence ; en général, on ne manque pas de main-d’œuvre locale », explique Renaud Noël, responsable commercial de la coopérative Vegafruit qui réunit 60 producteurs. Pendant la récolte, qui se déroule entre le 10 août et le 10 septembre, nombreux sont les Lorrains à prêter leurs mains pour cueillir ces fruits à haute valeur symbolique.


Vegafruit mirabelles de Lorraine
La récolte a lieu entre août et septembre. ©Mirabelles de Lorraine

 

UN FRUIT TRÈS SAISONNIER

Car l’une des particularités de la mirabelle, « c’est l’un des derniers grands fruits très saisonniers qu’on puisse connaître », souligne Renaud Noël. Sa présence sur les étals durant une courte période de six semaines ne se duplique pas, « c’est ce qui fait tout le charme de ce fruit prompt et difficile à gérer » . Car une bonne mirabelle de Lorraine, dont l’IGP a été mise en place en 1997, est le résultat d’un savoir-faire ancestral local qui perdure avec les générations. Un savoir-faire qui s’ancre dans une culture soignée et traditionnelle. « Dès la fin de la récolte, les producteurs prennent soin de leurs vergers, car la taille fait partie du plus gros du travail pour faire de la mirabelle. Il faut veiller à ce que les arbres ne se chargent pas trop en fruits. » Le mirabellier aurait tendance à produire de manière prolifique un an sur deux, s’octroyant une année pour refaire ses réserves. Pour contrer ce cycle, et permettre une récolte pérenne d’année en année, les producteurs doivent donc veiller à réguler la productivité de leurs arbres. « On aère la structure de l’arbre au maximum pour laisser pénétrer la lumière à l’intérieur. Plus il y aura de la lumière sur les branches, plus les branches pourront bénéficier de la photosynthèse, plus les fruits seront gorgés de sucre. C’est un sacré boulot, car il faut savoir lire l’arbre. »

 


mirabelles de Lorraine

Les mirabelles de Lorraine ont une IGP depuis 1997. ©Mirabelles de Lorraine

 

Chaque printemps, les vergers lorrains, qui s’étalent sur 600 ha sur les Côtes de Meuse, les coteaux rayonnais et le plateau des Vosges au sud d’Épinal, s’illuminent de fleurs blanches pour laisser ensuite place au fameux fruit jaune d’or. « Les mirabelliers s’épanouissent sur une zone de production très historique. Les anciens savaient que ces arbres fruitiers aimaient les coteaux de notre région. » Une maîtrise qui contraste avec le caractère invasif du mirabellier, « chez nous, il pousse vraiment partout. Il n’est pas rare d’avoir des haies de mirabelliers. C’est pour cela qu’en Lorraine, on est tous tombés dans la mirabelle quand on était petits ». Pour sa récolte, deux écoles ancestrales. D’abord, celle qui consiste à hocher les arbres et à ramasser, puis à trier les fruits. Une méthode qui va permettre de récolter les fruits pour le marché industriel avec les confitures, compotes et autres yaourts. Ensuite, la deuxième façon est plus minutieuse, celle de la cueillette à la main, « pour préserver le fruit et son enveloppe blanche un peu grasse qui le protège ». Ce sont ces fruits qui seront distribués sur le marché du frais, chez les grossistes, GMS et CHR. En termes de volume, les 8 000 tonnes produites par an sont pour moitié cueillies à la main. Un travail d’orfèvre qui réclame l’embauche de 2 000 personnes en août par la filière. Le secteur CHR, lui, représente 20 à 30 % des ventes.


mirabelles de Lorraine tarte aux mirabelles
Tarte rustique aux mirabelles de Lorraine, noisettes et miel. © Mirabelles de Lorraine

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