Quelles propositions pour lutter contre la concurrence d’Airbnb ?

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À quelques jours du premier tour des élections municipales, nous avons interrogé les principaux candidats à la mairie de Paris sur leur programme politique en matière de CHR. L’écologiste David Belliard, la candidate LREM Agnès Buzyn, Rachida Dati (LR), la maire PS sortante Anne Hidalgo et Cédric Villani ont accepté à se prêter au jeu et répondent tour à tour à une question. Deuxième thématique : les locations Airbnb.

L’Auvergnat de Paris :

« Les hôteliers se plaignent de la concurrence d’Airbnb, à l’origine de la raréfaction d’offres de logement à Paris. La municipalité sortante a déjà pris des mesures contre ce phénomène. Comptez-vous aller plus loin ? » 



David Belliard, candidat EELV 

 

« Faire revenir sur le marché locatif de longue durée 15 000 appartements »

« Notre objectif est clair : faire revenir sur le marché locatif de longue durée 15 000 appartements sur les 52 000 aujourd’hui en Airbnb. Pour cela, l’État doit prendre ses responsabilités  : nous demandons l’interdiction de la location de meublés touristiques professionnels. Ce sont 55 % des Airbnb parisiens (il s’agit d’une estimation car ils sont pour l’immense majorité dans l’illégalité, seules 600 autorisations ont été délivrées par la Mairie de Paris entre 2018 et 2019) et ce sont eux qui participent à la spéculation immobilière et qui privent le marché de logements pour celles et ceux qui souhaitent vivre à Paris.

Nous demandons également la réduction du nombre de jours de location autorisés pour les résidences principales. Aujourd’hui cent vingt jours sont autorisés, mais qui s’absente cent vingt jours ? Pour éviter les dérives, nous proposons de ramener le nombre de jours autorisés à quarante-cinq par an, ce qui correspond aux cinq semaines de congés payés ainsi qu’à dix jours de RTT. Enfin, pour s’assurer que les règles sont bien respectées et pour en finir avec toutes les dérives que nous connaissons aujourd’hui, nous constituerons une cellule de 100 agents destinés uniquement aux contrôles d’Airbnb, contre 29 actuellement affectés au bureau de la protection des locaux d’habitation qui ont pour mission très large de protéger l’habitat, en soumettant à une procédure d’autorisation tout changement d’usage, provisoire ou définitif, d’un logement existant. » 

-> Lien vers la question n°3 : quel avenir pour les terrasses chauffées de la capitale ?


Agnès Buzyn, candidate LREM
 

« Il s’agit avant tout de faire respecter  [ la loi ]. » 

« Sur ce point, la loi est claire. À Paris, on ne peut louer que sa résidence principale, dans la limite de cent vingt jours par an. La municipalité sortante a préféré se défausser de ses responsabilités sur l’État, au lieu d’appliquer la loi. Il s’agit avant tout de la faire respecter  : c’est pourquoi nous rendrons impossible un usage professionnel de plates-formes comme Airbnb, en effectuant des contrôles systématiques et en doublant les effectifs dans la lutte contre les locations touristiques illégales. » 

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Rachida Dati, candidate LR

« J’exigerai que ces plates-formes fassent la démonstration de leur volonté d’être conformes avec la législation. »

« Je protégerai les Parisiens et les hôteliers face aux abus de la location en meublés touristiques de courte durée. La possibilité de louer son logement en meublé touristique sur des plates-formes telles qu’Airbnb a été, pour beaucoup de Parisiens, l’occasion de rencontrer ceux qui viennent visiter notre capitale, mais aussi d’avoir un petit complément de revenu leur permettant de rester à Paris. Cependant, ces dernières années, le manque d’encadrement de ce type de location s’est fait au détriment des Parisiens, notamment dans les quartiers les plus touristiques. 

J’exigerai que ces plates-formes fassent la démonstration de leur volonté d’être conformes avec la législation. Au moment de leur inscription sur la plate-forme, les propriétaires devront inscrire soit leur numéro de contribuable, soit le numéro de la SCI. C’est une mesure de bon sens de contrôler le système à l’entrée, plutôt que de courir après les fraudeurs a posteriori. 

Si les plates-formes ne veulent pas entendre raison et jouent de la division, j’initierai une action collective avec les maires des principales métropoles européennes. Des discussions ont déjà été entamées avec certains. Nous prendrons également des positions communes pour faire évoluer les textes dans un sens qui prendra mieux en compte les réalités des grandes métropoles. J’aurai une action spécifique concernant les quartiers centraux de Paris qui courent le risque d’une dévitalisation liée au développement de la location touristique. J’ouvrirai la discussion sur la réduction progressive de cent vingt à trente jours dans le centre de Paris, comme c’est le cas à Amsterdam et à soixante jours pour le reste de Paris. » 

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Anne Hidalgo, PS

« Je souhaiterais par ailleurs aller plus loin avec un plafonnement à trente jours de la location des meublés touristiques. » 

« Ils ont raison. Nous menons un véritable combat pour encadrer l’activité des plates-formes touristiques. Nous avons obtenu la limitation dans la loi à cent vingt jours de location par an pour les résidences principales et réalisons chaque année plus de 5  000 contrôles de cette activité. Nous continuerons et renforcerons le travail mis en œuvre jusqu’ici. Je souhaiterais par ailleurs aller plus loin avec un plafonnement à trente jours de la location des meublés touristiques. Je proposerai cependant que cela soit le choix des Parisiennes et des Parisiens en organisant très vite un référendum par arrondissement sur la location d’appartements en meublés touristiques. Ils auront le choix entre plusieurs options  : statu quo ou baisse du nombre de nuitées autorisées, par exemple à trente. » 

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Cédric Villani, société civile

« Moduler la durée maximale de location touristique des résidences principales entre trente et soixante jours par an. »

« Je souhaite lutter véritablement contre « l’airbnbsation » du parc. Aujourd’hui, les agents de la Ville doivent aller sur le site pour vérifier, page après page, si le numéro d’enregistrement est bien présent. C’est une perte de temps invraisemblable  ! Il existe des solutions qui permettent d’automatiser ces contrôles, il faut absolument les adopter  !

Je ne suis pas opposé à ce que les Parisiens puissent louer leur appartement durant leurs vacances. Mais je suis opposé à ce que des particuliers ou des entreprises achètent des appartements, voire des immeubles, pour les louer à des touristes. Cela les soustrait du parc de logement pour les Parisiens, et crée une concurrence déloyale avec les hôteliers. Je plaiderai auprès de la représentation nationale pour que les maires puissent moduler la durée maximale de location touristique des résidences principales entre trente et soixante jours par an. À Paris, cette durée pourrait être de soixante jours dans certains arrondissements, de trente jours pour d’autres. « L’airbnbisation » du parc a aussi, naturellement, pour effet de faire augmenter le montant des loyers. Pour faire revenir des logements sur le marché, il faut également rassurer les propriétaires. Certaines catégories de locataires peuvent déjà bénéficier de garanties, notamment la garantie Visale d’Action Logement. Je proposerai d’étendre ces garanties pour rassurer les propriétaires. » 

-> Lien vers la question n°3 : quel avenir pour les terrasses chauffées de la capitale ?

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