Jus de fruits : les gammes premium s’invitent à table

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Le marché des jus de fruits connaît une montée en gamme en CHR (bio, pur jus, smoothie), une tendance observée en grande distribution depuis près de dix ans. Les enseignes leaders de ce marché, dans les cafés et restaurants, poursuivent ce positionnement premium, mais d’autres marques émergent ou gagnent du terrain.

Pago Fraise Premium
Pago Fraise Premium

« Le bio est bien présent en CHR sur les « formats individuels chez Granini. Avec désormais cinq parfums, cette offre se développe bien et c’est dorénavant également une attente des CHR, analyse Juliette Foucault Aktas, directrice marketing et R&D d’Eckes Granini France. Certains points de vente ne veulent que du bio pour leurs clients. Ce segment est important pour notre marque. » Bien implanté en CHD, Granini propose maintenant cinq parfums de ces mini bocaux (25 cl) de nectar bio sans sucres ajoutés (80 % de teneur en fruit). Cette offre bio entamée en 2017 avec la pomme et l’orange, puis le multifruits (2018), s’est poursuivie l’an dernier avec la tomate et l’ananas en début d’année 2020. Le groupe Eckes Granini – leader du jus de fruits en CHR en volume avec ses deux marques locomotives, Granini et Pago – représente environ 36 % des parts de marché (Pampryl est second avec 13 % des PDM). « Nous essayons d’améliorer nos produits Pago avec des jus 100 % fruits » , poursuit Juliette Foucault Aktas. En grande distribution, les purs jus (obtenus par pressage des fruits) ont gagné 16,5 points de PDM entre 2010 et 2019. En additionnant la consommation des purs jus et des jus à base de concentré (également sans sucres ajoutés et sans conservateurs depuis le décret de 2013), les produits sans sucres ajoutés représentaient 83,8 % des PDM des jus de fruits en 2019. La marque Pago souhaite également répondre à cette demande dans le secteur CHR.


Pago

PAGO : OBJECTIF 100 % FRUITS

« Le CHR est l’ADN de Pago depuis la fin des années 1990. C’est ce circuit qui a fait connaître la marque. Si la consommation traditionnelle assise souffre de nos habitudes de plus en plus nomades, le consommateur français souhaite que son expérience à table ou en terrasse soit bonne », estime Céline Rouquié, directrice développement des ventes marketing CHD chez Pago.

Depuis quelques années, un « phénomène de premiumisation » structure le marché du jus de fuits et Pago ne veut pas être en reste. « Nous travaillons tous les parfums que l’on avait en nectar. Aujourd’hui, il n’y a plus de sucres ajoutés dans nos parfums classiques, et nous continuons à animer cette transition. Cette année, nous lançons le jus nectarine citron en édition limitée pour l’été » , explique Céline Rouquié. Les 20 millions de petites bouteilles Pago vendues chaque année dans les cafés et restaurants représentent 22 % des PDM du jus de fruits en volume. Si la pomme, la tomate et l’orange étaient déjà disponibles en 100 % fruits, depuis le mois d’avril, l’ananas et le pamplemouse intègrent désormais, eux aussi, cette teneur maximale en fruit. L’objectif de travailler ces produits essentiellement autour du fruit s’incarne aussi avec les smoothies pour l’enseigne du groupe Eckes Granini. « Il y avait peu d’offre de smoothies en CHR, confie la directrice marketing CHD de Pago. Notre idée était de chercher des recettes différentes et d’offrir à nos clients la possibilité de faire des cocktails avec nos smoothies. » Depuis, différentes alliances, comme cassis-cerise-rose ; mangue-passion ; pomme-poire-canelle et banane-fraise ont été créées par la marque. La structure et la montée en gamme du marché des jus de fruits – avec l’essor du bio et des smoothies notamment -permettent d’attribuer à certains produits une qualité haut de gamme.


Pago
Pago mise désormais sur les smoothies.

ALAIN MILLIAT : UN AVENIR POUR LES JUS DE LUXE ?

La société Alain Milliat n’est pas toute jeune. Créée en 1997, cette entreprise spécialisée dans la conception, la production et la distribution de jus et de nectars de fruits haut de gamme a connu un succès retentissant ces derniers mois. Après 12 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, l’enseigne a enregistré « une croissance à deux chiffres » durant « les deux premiers mois de l’exercice 2020 », précise le site de l’édition française de Forbes . Cette société située à Valence (Drôme), qui a observé une baisse de régime en mars à la suite de la pandémie, a fabriqué sept millions de bouteilles l’an dernier.

En France, ses bouteilles « sont distribuées uniquement en direct auprès de 5 000 clients professionnels répartis à 30 % dans l’hôtellerie de luxe, 20 % dans les boutiques d’épicerie fine, 40 % dans les restaurants gastronomiques et 10 % pour l’activité de traiteur », détaille le magazine économique. Les jus de fruits Alain Milliat – comme son jus de raisin cabernet – ne sont pas accessibles à toutes les tables. Mais la montée en gamme répétée des jus de fruits pourrait étendre le circuit de distribution de ces produits élégants aux « 38 parfums gourmands » , dont les méthodes de production « reposent sur un équilibre écologique entre le bio et le raisonnée », soutient le fondateur. En 2019, le fournisseur de boissons C10 avait surpris le marché des jus de fruits en lançant ses « Jus de Rêve », des produits bio et 10 % pur jus.


Alain Milliat
Les bouteilles d’Alain Milliat sont distribuées en direct auprès de 5 000 clients.

PLUS RESPONSABLE… MAIS PAS TOUT DE SUITE

«Nous intégrerons bientôt du RPET [polyéthylène téréphtalate recyclé, NDLR] dans nos bouteilles. Avec le Covid, cela a pris du retard, mais nous voulons intégrer ce plastique recyclé. En CHR, les peties bouteilles restent en verre et cela ne va pas changer tout suite », admet Juliette Foucault Aktas, directrice marketing et R&D d’Eckes Granini France. Si la petite bouteille Pago verte est déjà « composée de 20 % de verre recyclé, assure Celine Rouquié, une étude est en cours pour que nous passions à 50 % de verre recyclé. » Alors que les bouteilles Pago se sourcent aujourd’hui au Portugal et en Allemagne, « notre objectif est de sourcer au plus proche de l’usine », poursuit Céline Rouquié.

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