Vêtements en restauration : pratiques, écolo et surtout esthétiques

  • Temps de lecture : 5 min

En salle comme en cuisine, les professionnels se montrent exigeants, plus enclins à une variété de choix concernant leur tenue vestimentaire. Ils aiment casser les codes et optent pour des vêtements stylisés, sans pour autant renoncer à la praticité, au confort et à la technicité. En outre, les matières faciles à entretenir et respectueuses de l’environnement gagnent du terrain.

Chez Jobeline aussi, les matières évoluent. Le chambray et le denim - tissu léger à armure toile à la couleur proche du jean - font partie des matières les plus plébiscitées par les acheteurs, en salle et en cuisine.
Chez Jobeline aussi, les matières évoluent. Le chambray et le denim - tissu léger à armure toile à la couleur proche du jean - font partie des matières les plus plébiscitées par les acheteurs, en salle et en cuisine.

Le vêtement professionnel doit désormais répondre à tous les besoins, à la fois pratiques et stylistiques, du monde de la restauration d’aujourd’hui. « Le confort reste un critère de choix, même s’il y a plusieurs familles de chefs : les plus anciens restent dans la tradition, tandis que les plus jeunes veulent des produits plus différenciants, casser les codes avec des coupes plus modernes », détaille Thierry Namata, responsable marketing chez Cepovett, qui a racheté le groupe Lafont en 2016.

Pour Mathieu Franck, responsable commercialisation et produits chez Lusini, le vêtement professionnel de restauration doit aujourd’hui allier « confort, facilité d’entretien et style ». Si la praticité d’entretien – lavage à haute température, tenue pouvant être peu ou pas repassée – est un critère de choix dans des métiers où chaque minute compte, le vêtement professionnel doit aussi parfaitement épouser les formes de son propriétaire, tout en répondant à ses désirs stylistiques. « Aujourd’hui, il y a une volonté de s’habiller au travail comme on s’habille dans la vie de tous les jours, constate Thierry Namata. L’évolution des coupes s’accompagne d’un soin accordé aux matières utilisées. « On se doit de proposer des produits avec un entretien simple, et aussi parfois des pièces plus techniques selon les gammes », ajoute-t-il.

La technologie Ergo Cut, par exemple, mise au point par Lafont, utilise la coupe au laser pour perfectionner les finitions. « Elle permet d’éviter les coutures, qui sont souvent les points sensibles sur un vêtement. Elles sont ici remplacées par une coupe au laser, qui permet aussi d’avoir un style plus moderne », précise Thierry Namata.

Sortir du carcan

Les chefs sont de plus en plus intéressés par des vêtements sortant du carcan traditionnel. Pour identifier leurs besoins, Lafont a mis en place un groupe d’égéries et d’ambassadeurs de ses vêtements. Ces personnalités, souvent jeunes et très présentes sur les réseaux sociaux – à l’instar de la pâtissière Caroline Wojcik et du chef du restaurant lyonnais Les Loges Anthony Bonnet – permettent à la marque de comprendre les envies stylistiques de demain. « Dernièrement, nous avons développé de nouvelles vestes, très larges, qui peuvent répondre à plusieurs besoins de style. On décline aussi certains modèles anciens en manches courtes, qui sont très demandés », expose Thierry Namata. Un constat partagé par Mathieu Franck de Lusini : « On vend de plus en plus de manches courtes et retroussables, une tendance qui se retrouve en cuisine, mais aussi en salle. »

Regroupant les marques Vega, Erwin M. et Jobeline, le groupe Lusini réalise une part de plus en plus importante de son chiffre d’affaires global à travers la vente de vêtements professionnels. « La notoriété de notre marque de vêtements Jobeline croît de plus en plus, elle était encore peu connue il y a quelques années. Nous avons une image de marque et une clientèle assez jeune », souligne Mathieu Franck. Chez Jobeline aussi, les matières évoluent. Le chambray et le denim – tissu léger à armure toile à la couleur proche du jean – font partie des matières les plus plébiscitées par les acheteurs, en salle et en cuisine. « Ces matières sont apparues il y a quelques années, elles prouvent aujourd’hui qu’elles s’inscrivent dans la durée : les chemises dans ces deux matières sont aujourd’hui plus populaires que celles en popeline simple unie », justifie-t-il.

Tendance streetwear

Cette tendance se retrouve également chez Molinel. En octobre 2021, la marque a lancé sa gamme Breaking codes, dans laquelle on retrouve des pièces et des accessoires majoritairement en denim et en cuir. Sa sous-collection baptisée « Authentique » et les vêtements chill mêlent couleurs vives et coupes modernes. Cette mode inspirée de la rue représente d’ailleurs une des autres évolutions majeures du vêtement professionnel CHR. « On tend de plus en plus vers des produits qu’on aime porter au quotidien. Nous avons, par exemple, une veste Lafont type bombers, mais qui conserve les codes de la cuisine », explique Thierry Namata. Nommé « Effervescence », le modèle est doté d’un bord-côte pour faciliter les mouvements et le retroussage des manches.

Chez Jobeline, on retrouve des chaussures inspirées des modèles de baskets les plus populaires. « On a développé tout une gamme dans l’esprit sneakers et sportswear : parmi ces paires, il y en a une imprimée kaki à semelle militaire qui fonctionne très bien, au point que la production a du mal à suivre » , témoigne Mathieu Franck. Au-delà de l’esthétisme, les atouts techniques sont observés de près. Ainsi, les sneakers Jobeline sont tous équipés de semelles antidérapantes et certains sont également disponibles avec des coques de protection. « La modernité est notre cheval de bataille, on a toujours été sur des gammes de couleurs très peps, des matières et des coupes jeunes », souligne Mathieu Franck. En cuisine, les vêtements se dotent de technologies de plus en plus poussées. « On s’inspire beaucoup du monde du sport, en mettant en place des empiècements pour travailler sur l’ergonomie, sur le bien-aller, le confort » , indique Thierry Namata.

Le nid d’abeille est ainsi employé pour ses vertus absorbantes et son séchage rapide, tout comme d’autres matières plus respirantes. « Chez Lafont, nous bénéficions de la technologie 37-5 : des microcapsules de carbone qui permettent au vêtement d’avoir une action thermorégulatrice, en gardant le froid ou le chaud selon la situation. Nous travaillons aussi sur l’aspect RSE : 35 % de nos produits sont certifiés positive impact et intègrent partie ou totalité de matières recyclées. » C’est le cas de la veste de cuisine Canopée, composée de 40 % de polyester recyclé, 30 % de coton biologique et 30 % de polyester recyclé origine France. Cette volonté de respect environnemental se retrouve aussi chez Jobeline. « Nous avons de plus en plus de demandes pour des matières présentant un aspect naturel », constate Mathieu Franck. La marque propose depuis peu une veste de cuisine en lin et polyester, ainsi que des tabliers « effet lin » , 100 % polyester.

Une autre demande forte de la part des restaurateurs concerne la possibilité d’afficher l’identité de l’établissement, dans la décoration comme dans l’habillement de ses équipes. « Chez Jobeline, les tabliers font partie des articles que nous vendons le plus : c’est un petit investissement qui permet de changer l’image de son équipe à moindres frais, illustre Mathieu Franck. Nous avons un atelier de personnalisation intégré à notre maison mère en Allemagne », détaille-t-il. Chez Lafont, un service similaire vient d’être mis en route.

PARTAGER