Comment Fécamp passe de la pêche au tourisme

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La page de la pêche pratiquement tournée, Fécamp a saisi depuis une quinzaine d’années l’importance du tourisme. Une conjonction d’initiatives a ainsi permis de développer l’activité.

Fécamp n’est peut-être pas la plus glamour des stations balnéaires de Seine-Maritime. Ses vieilles maisons disparates attirent moins les touristes que le décor d’opérette des villas anciennes de sa voisine Étretat. « Nous n’avons pas encore de comptage précis, reconnaît le directeur de l’office de tourisme de Fécamp, Christophe Cusseau. Étretat annonce qu’elle reçoit deux millions de visiteurs par an. Nous serons contents si nous en accueillons un million. Mais il faut voir que Fécamp est animée. Les commerces, les restaurants et les hôtels sont ouverts toute l’année et les visiteurs apprécient l’excellent rapport qualité-prix qui y est développé. Enfin, en termes de chiffres, le montant global de la collecte de la taxe de séjour a été multiplié par quatre dans les dix dernières années ».

Les falaises du Cap Fagnet, à Fécamp

Les falaises du Cap Fagnet, à Fécamp

Le directeur de l’office du tourisme de ce port de pêche a des raisons de se montrer optimiste. Le vent souffle enfin dans les voiles de l’industrie touristique locale et l’authenticité de celui qui était encore au milieu du siècle dernier le premier port morutier de France, commence à payer. Le souvenir des Terre-Neuvas, désormais lointain, s’expose désormais aux Pêcheries, le Musée de Fécamp (voir encadré), ouvert en décembre 2017. Pour sa première année de fonctionnement, ce site a attiré 90 000 visiteurs. Il talonne désormais l’attraction majeure de la ville, l’incroyable palais de la Bénédictine qui table sur 110 000 visiteurs. Mais ce n’est pas tout. La ville est entrain d’achever un tronçon de vélo route de 80 km qui la reliera à Dieppe. Un projet d’hôtel th a lasso de 100 chambres est en gestation pour pallier les carences d’hôtellerie locale. Le Grand Pavois, créé en 1990, reste aujourd’hui la référence en matière d’hébergement avec seulement 25 chambres et un classement 3*. Mais la ville compte aussi sur de nombreux lits marchands proposés chez l’habitant. En dix ans, leur nombre est ainsi passé de 3 000 à 3 500.

Outre le palais de la Bénédictine, la ville dispose d’acquis touristiques non négligeables comme son port de 800 anneaux, complété par un port à sec de 180 places. Il faut aussi citer l’impressionnante église abbatiale et ses 130 mètres de long, qui contient une fiole du précieux sang du Christ. Fécamp abrite également le château des Ducs de Normandie où Guillaume le Conquérant aurait fêté en 1069 la victoire acquise face aux Anglais trois ans plus tôt à Hastings. Enfin, le port se trouve sur le chemin du GR 21 qui suit les falaises de la côte normande.

« Depuis 2006, la politique touristique qui s’est organisée à l’échelle intercommunale nous adonné les moyens de mettre en place un office de tourisme de première catégorie », se réjouit Christophe Cusseau. Elle en est même devenue acteur, sous l’influence de ce dynamique directeur, en affrétant un vieux gréement, Tante Fine, qui propose des sorties en mer. L’office qui commercialise ces sorties comptabilise ainsi 5 000 passagers entre avril et novembre. Un beau succès si l’on songe que le navire ne peut embarquer qu’un maximum de 20 passagers par sortie. Dans le même esprit, l’office de tourisme commercialise les navettes d’un autre opérateur qui propose des liaisons maritimes entre Étretat et Fécamp.

Croisière à bord du Mil’Pat

Croisière à bord du Mil’Pat

À la découverte des Pêcheries

Ouvert en décembre 2017, les Pêcheries, nouveau musée de Fécamp, a pris place dans une ancienne sécherie, À la Morue Normande, implantée sur un îlot du port où abordaient autrefois les navires de pêche au hareng. Ce lieu, initialement construit en 1948, a salé la morue jusqu’en 1976, date de l’arrêt du dernier bateau Terre-Neuvas. Il a poursuivi son activité encore quelques années avec le hareng avant d’être désaffecté en 1984. Le site est naturellement symbolique du riche passé maritime de Fécamp. En choisissant, en 2003, de lancer le projet de transférer toutes les collections des différents musées de la ville dans cet espace, la mairie a pris une décision symbolique. C’est le cabinet Basalt Architecture qui a réhabilité le bâtiment doté de sept niveaux et offrant 4 700 m² de superficie. Au sommet de l’édifice, à 26 mètres du sol, un belvédère de 7 mètres permet aux visiteurs d’observer un panorama qui couvre toute l’étendue de la ville. Le cabinet allemand Die Werft qui s’est chargé de la muséographie. Au total, cette réalisation d’envergure a mobilisé un investissement de 18 M €. La mise en scène permet de découvrir et d’appréhender Fécamp et son histoire à travers des expositions de tableaux d’artistes, une approche de l’ethnographie cauchoise et un chapitre lié à l’enfance. Mais il faut pousser jusqu’au sommet du musée pour découvrir la fabuleuse histoire de la pêche à la morue ainsi que des objets, des navires comme les doris, des photos et même des films retraçant cette époque.

Pêcheries

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