Brive-la-Gaillarde : une saison moins gaillarde

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Après un été 2020 exceptionnel, l’attente d’une confirmation était présente chez les CHR de Brive-la-Gaillarde. Malgré une reprise réussie, le variant Delta et l’instauration du passe sanitaire ont causé de l’incertitude dans cette ville servant de camp de base à la découverte du patrimoine corrézien.

L'Avenue de Paris, à Brive-la-Gaillarde. Crédits : L'Auvergnat de Paris.
L'Avenue de Paris, à Brive-la-Gaillarde. Crédits : L'Auvergnat de Paris.

« C‘est moins la folie que l’annéedernière, sans doute à cause du variant Delta et du passe sanitaire », lance Sandrine Mathieu, propriétaire du bistrot L’Univers, situé avenue de Paris, l’un des principaux axes de Brive-la-Gaillarde. En effet, alors qu’était attendue – et espérée – une amélioration de la situation sanitaire à la faveur de la période estivale, les prévisions ont été battues en brèche par la survenance du fameux variant Delta, beaucoup plus contagieux que la première souche. Raison pour laquelle le Gouvernement a décidé de mettre en place un passe sanitaire dans plusieurs secteurs, dont les CHR.« Cela se tasse par rapport à la mise en place du passe sanitaire »,constate Aurélien Charpille, directeur de Brive Tourisme.« Cela a de nouveau inquiété les gens »,poursuit-il, évoquant des annulations, qui restent tout de même« assez faibles ».

Pour Sandrine Mathieu, seule en salle, le passe sanitaire se révèle compliqué dans sa mise en œuvre. Et ce, malgré le fait qu’elle soit, sur le principe, pour son instauration.« Je ferai confiance aux habitués. Pour les autres, dès que j’aurai cinq minutes, je vérifierai »,développe-t-elle, interrogée avant la mise en place du passe. La restauratrice pense par ailleurs «qu’il y aura une baisse de fréquentation de l’ordre de 50 %. Parce que les gens sont partagés ».

Situation similaire pour Sébastien Chambon, qui s’occupe avec son frère Mathieu, du Bistrot Chambon, situé dans l’hyper-centre de la cité gaillarde.« Au niveau des réservations, nous n’avons pas d’annulation pour l’instant, seveut-il rassurant.J’attends. Il faut déjà voir comment mettre en place le passe. Je suppose qu’on va perdre un peu de clientèle, car certains ne veulent pas se faire vacciner. Notre clientèle est âgée de 50 ans en moyenne. De façon générale, ils se font vacciner. »

Brive, « un lieu de passage et d’échanges »

« Par rapport au passe sanitaire, les gens m’ont téléphoné pour savoir comment cela se passait »,témoigne Georges Figueira, propriétaire du restaurant de poisson Aux Embruns, situé avenue de Paris, qui partage également l’inquiétude liée au contrôle du passe sanitaire.« C’est compliqué si une personne l’a oublié. On est un peu dans le vague. Ce serait dommage de refuser un groupe parce qu’une personne a oublié son passe. »

La période estivale 2021 s’annonçait positive.« Nous l’envisagions comme 2020 », affirme le directeur de l’office de tourisme, qui attendait une confirmation de la bonne reprise du tourisme estival dans ce département du Limousin. Aurélien Charpille expose ainsi les particularités de la sous-préfecture de Corrèze.« De tout temps, Brive a été un lieu depassage et d’échanges. Elle est restée une ville de commerçants. »Caractéristique de ville de passage donc, accentuée par son positionnement au croisement des autoroutes A20 et A89 – qui ont par ailleurs permis le décloisonnement du département. Son positionnement au centre des axes Paris-Toulouse et Bordeaux-Lyon permet à la ville de toucher une clientèle de passage. Une évolution a pu être notée selon Aurélien Charpille :« Avant, les gens de passage ne restaient qu’une nuit. Maintenant, ils restent deux ou trois nuits. On le voit dans notre camping municipal. »

« L’été draine du monde »

Brive se voit ainsi comme un« camp de base pour visiter la région »,dotée d’un riche patrimoine naturel et culturel, où le sport est aussi présent.« En hors saison, de mars à juin et de septembre à fin octobre, il y a les stages sportifs, les associations, les fédérations »,souligne-t-il.« C’est un territoire propre aux activités de pleine nature », selon le directeur de Brive Tourisme, qui confie par ailleurs se positionner pour les Jeux olympiques de Paris 2024.

« On espère que les gens vont venir voir cette Corrèze », complète Catherine Faugeron, directrice du Grand Hôtel Brive (3 étoiles), implanté devant la gare ferroviaire.« L’été draine du monde. Les jours où il ne fait pas beau, ils viennent à Brive. Cela fait 20 ans qu’on parle du tourisme rural. Il est là et nous bénéficions de tout cela », se félicite-telle.« Vous êtes bien accueillis, bien logés. Vous mangerez bien et vous pourrez profiter des plus grands sites français »,argumente Aurélien Charpille pour promouvoir son territoire.

iPlace de la Guierle, le phare accueille l’office de tourisme. Crédits : L'Auvergnat de Paris.
Place de la Guierle, le phare accueille l’office de tourisme. Crédits : L'Auvergnat de Paris.

Un été réussi

Les professionnels du secteur restent unanimes au sujet de l’été 2020 : un été réussi, au-delà même des espérances. « En juillet-août 2020, nous avons eu une forte demande. Mais nous n’avons pas pu la satisfaire, explique Jean-Luc Viginiat, président de l’UMIH 19 et propriétaire de l’hôtel-restaurant Le Montauban, situé dans le centre de Brive-la-Gaillarde. Les Français se sont rués quels que soient le classement de l’hôtel et le type. Cela a permis de compenser le premier confinement. »

Un avis partagé par le chef Georges Figueira, des Embruns : « De juin à septembre 2020, nous avons tourné à fond. Les gens n’étaient pas partis à l’étranger. Beaucoup de Français, de gens de passage ou ayant de la famille ici. » De son côté, Sébastien Chambon précise : « À l’été 2020, nous avons plutôt bien travaillé . Juin plutôt tranquille, mais juillet, août et septembre de bonnes choses. » Le restaurateur se souvient que les touristes français représentaient une large part, voire la totalité, de sa clientèle, « des gens qui visitaient leur famille, qui avaient une résidence secondaire ».

« Avant, les gens de passage ne restaient qu'une nuit. Maintenant, ils restent deux ou trois nuits. On le voit dans notre camping municipal. »

Aurélien Charpille se satisfait de la fréquentation connue l’été dernier :« Nous avons battu tous les records. »Une situation qui est apparue en net contraste avec le reste de l’année 2020. Il évoque une clientèle composée à 95 % de Français. Alors qu’en temps normal, la clientèle étrangère représente 20 %, avec l’Angleterre, les Pays-Bas et l’Allemagne.

Une reprise 2021 plus contrastée

En revanche, la reprise effectuée en juin 2021 s’est, elle, révélée plus contrastée pour les CHR brivistes.« La reprise s’est très bien passée au départ. Ensuite, il y a eu de la fluctuation. Ce n’est plus linéaire, il n’y a plus de règle : un jour c’est dix clients, l’autre jour c’est 40. Pour les restaurateurs c’est horrible », se désole la propriétaire du Bistrot L’Univers. Cette situation ne révèle-t-elle pas un changement d’habitudes de la part des consommateurs ? «La reprise s’est bien passée, mais en juin nous nous attendions à une plus forte affluence,note Sébastien Chambon. J’ai l’impression que la clientèle habituelle était en télétravail, préparait sa gamelle. »

Néanmoins, pour d’autres professionnels, l’été s’annonce au beau fixe. D’après le président de l’UMIH 19 :« Les réservations se font. »Il évoque même un semblant de« retour à la normale ».« Il y a beaucoup de locaux, des personnes qui viennent voir leur famille. Il y a un peu moins d’étrangers que les autres années »,observe Georges Figueira, qui remarque la présence de Belges et d’Anglais.

« Actuellement[fin juillet, NDLR], pour cet été 2021, nous sommes à plus 65 % de couverts par rapport à 2020 »,révèle Lucie Desbourdieux, qui travaille au Bistrot du Palais. Cet établissement possède une capacité de 300 couverts et est ouvert 7 j/7.« Cela cartonne, il y a du monde et les gens commencent à appeler. Il y a beaucoup de Français, mais trop peu d’étrangers »,ajoute-t-elle, comme un résumé de la situation briviste.

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