Les joyaux historiques de Narbonne

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Tour à tour romaine, arabe et ville catholique, Narbonne a traversé vingt-et-un siècles d’histoire et conserve de beaux vestiges de son passé que peut dévoiler une promenade au fil du canal de la Robine.

Narbonne est surnommée « fille aînée de Rome hors d’Italie ». Constituée en 118 avant Jésus Christ par les Romains, elle a en effet constitué la première colonie romaine en dehors de la péninsule Adriatique. Au centre de la place de l’Hôtel-de-Ville, on peut contempler un vestige du IV siècle, un morceau de la via Domitia, qui reliait l’Espagne à l’Italie. Ce trésor archéologique fut mis au jour il y a une vingtaine d’années. D’autres témoignages de cette époque sont proposés aux visiteurs du musée archéologique local.

Une grenouille de bénitier

La ville s’est aussi distinguée au cours de l’histoire, passant sous contrôle des troupes arabo-musulmanes au VI siècle. Cette domination a duré près de quarante ans et a pris fin en 759 avec la prise de la ville par Pépin le Bref. Cet événement marqua la fin de l’influence des Sarrazins en France. Narbonne fut aussi profondément marquée par le christianisme, avec la basilique Saint-Paul, construite sous Charlemagne et progressivement transformée en église, où l’on peut trouver une curiosité : une grenouille de saint Paul sculptée dans le bénitier. Mais le témoignage principal de la force du christianisme dans cette localité réside dans l’ensemble impressionnant que représentent le Palais des archevêques et la cathédrale Saint-Just-et-Saint Pasteur, édifiée au XIIIe siècle.

Une partie du Palais Neuf.

Une partie du Palais Neuf

Un monument qui peut donner une idée de la splendeur passée de cette cité. Construite sur le principe des cathédrales champenoises, sa voûte culmine à 41 m, ce qui en fait la 4e plus haute de France. Elle abrite en outre les plus grandes orgues d’Europe continentale, avec des dimensions hors normes : 25 mètres de haut, 12 mètres de large et 8 m de profondeur.

La cathédrale inachevée.

La cathédrale inachevée

Pourtant, cette gigantesque cathédrale n’a jamais été achevée. Elle dispose d’un chœur abouti, mais le transept n’a pas été terminé et la nef est inexistante. Les historiens estiment que les Narbonnais, victimes d’épidémie et de la pression de possible invasion, auraient préféré consolider leurs remparts plutôt que de se consacrer à la finition de l’édifice religieux. Plus près de nous au début du XXe siècle, Narbonne, fief républicain, constitua l’épicentre des révoltes vigneronnes lors de la crise liée au phylloxéra. En 1907, Clemenceau, alors ministre de I’Intérieur, brime la révolte. Il fait arrêter le maire, Ernest Ferroul, provoquant ainsi des émeutes et la démission collective de 600 conseils municipaux de la région. En juin de la même année, les forces de l’ordre tirent sur la foule à deux reprises. On dénombrera alors 7 morts et de nombreux blessés. Ce n’est pas non plus un hasard si Léon Blum a été élu, en 1929, député de Narbonne, dans cette région autrefois réputée très à gauche.

Le cloître.

Le cloître

Au fil de l’eau

Narbonne, bien que sous-préfecture de Carcassonne, s’affirme comme la ville la plus importante de l’Aude, avec 53 600 habitants et une agglomération de 125 500 habitants. Contrairement à ses rivales départementales, Béziers ou Carcassonne, Narbonne est maritime. À l’est, elle dispose sur son périmètre de quelques kilomètres de littoral, même si les Narbonnais se rendent plus volontiers sur la plage de Gruissan, commune voisine. Outre son caractère historique, le centre-ville présente l’intérêt d’être traversé de part en part par le canal de la Robine (31,6 km), classé au Patrimoine mondial comme le canal du Midi, avec lequel il est en communication. Narbonne dispose ainsi d’un tourisme fluvial considérable, qui contribue à l’animation touristique.

La ville de Charles Trenet

Indissociable de Narbonne où il est né, Charles Trenet est toujours resté attaché à sa ville. Même après la mort de sa mère, il y avait conservé la maison de son enfance, où il revenait fréquemment. Située au bord de la voie de chemin de fer, au pied d’une passerelle piétonne, elle est restée en l’état. Rachetée par la municipalité, la maison Trenet est aujourd’hui un musée ouvert au public.

Charles Trenet

Le rez-de-chaussée est plutôt consacré à l’enfance du Fou chantant et à l’histoire de la famille. À l’étage, on découvre la salle à manger, où le chanteur avait l’habitude d’organiser des repas interminables. Plus loin, à proximité de la salle de bains, on trouve le sauna qu’il fit construire, mais aussi sa chambre d’enfant. Le dernier niveau est consacré aux souvenirs et au « karaoké Trenet ». Pour tous ceux qui aiment l’interprète de la Folle complainte, ce musée vaut le déplacement. L’univers du chanteur y est resté intact, mais de surcroît, un discret travail d’explication ou de mise en lumière de textes et d’objets relie cette maison à l’œuvre de Charles Trenet.

Charles Trénet

Incontournables Halles

Le cœur de Narbonne bat sans doute dans ses Halles construites en 1901. Candidates récentes au titre du Plus beau marché de France, elles font face au canal et abritent 66 commerçants qui sont ouverts tous les jours de l’année, de 7 h à 13 h. Parmi les échoppes, des bars et des restaurants contribuent largement à l’animation.

Les Halles

Parmi eux, Chez Bébelle, qui fait office de boucherie et de restaurant, fait partie des adresses incontournables de la ville. Le concept a été créé par Gilles Belzons, ancien rugbyman, et ce dernier vient de le dupliquer dans les nouvelles Halles du Lez, à Montpellier, en association avec Kélian Galletier, joueur au MHR. D’ailleurs, le rugby est très présent dans les Halles de Narbonne, où les commerçants rendent hommage au RC narbonnais avec des photos de l’épopée de 1979, quand l’équipe s’est emparée du bouclier de Brennus.

Malheureusement, ce club, qui accueillit des célébrités du ballon ovale, Claude et Walter Spanghero, Franck Tournaire ou Didier Codorniou, n’est plus que l’ombre de lui-même. Il évolue aujourd’hui en Fédérale 1.

Les Halles
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