Naïs Pirollet représentera la France au Bocuse d’Or Europe en 2022

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En remportant le concours France du Bocuse d’Or 2021, Naïs Pirollet, la jeune cheffe de 24 ans, sera la première femme à représenter l’Hexagone et la richesse de sa gastronomie au Bocuse d’Or Europe en mars prochain.

Mardi 23 novembre 2021, Naïs Pirollet a décroché sa place pour le Bocuse d’Or Europe en remportant le concours de la sélection France qui s’est déroulé à Reims. « Je ne considère pas ma participation au Bocuse d’Or Monde comme un aboutissement, c’est une étape dans mon parcours. Le Bocuse d’Or France est une opportunité supplémentaire que j’ai saisi, c’est le genre d’évènement qu’il ne faut pas rater ! », confiait-elle quelques heures avant les résultats du concours. Major de sa promotion en 2017 à l’Institut Paul Bocuse, elle était membre de la team France au Bocuse d’Or 2021 et a contribué à la victoire tricolore du 27 septembre dernier. Son choix de participer à la sélection France pour 2022 remonte à l’été 2021 « Je n’ai presque pas relevé la tête, une fois la finale gagnée on a pris 4 jours pour souffler et je suis retournée sous l’eau pour relever le défi du concours en France », se rappelle la cadette du concours, qui a volontairement choisi de ne pas se consacrer à la préparation du Bocuse d’or France avant le 30 septembre. Son amuse-bouche intitulé salpicon de brochet, kombucha de laitue brûlée, moelle de sucrine et crème d’oignon doux, lui a valu la note de 505/600 tandis que son plateau a été évalué à 993/1200.

Naïs Pirollet reçoit le Bocuse d’Or France 2021

Naïs Pirollet et son commis Cole Millard, reçoivent le Bocuse d’Or France. Photo : Bocuse d’Or France

Une épreuve comme une pièce de théâtre

La jeune Briançonnaise, entourée de ses parents, de sa petite soeur, d’une cousine et de quelques amis, s’est lancé dans les trois heures de compétition avec son commis Cole Millard à 9h40. Immédiatement, l’animateur de la compétition, les jurys, une multitude de chefs, des professionnels du secteur, photographes et journalistes, se sont agglutinés autour du boxe de la jeune de femme de 24 ans, qui a avoué plus tard s’être sentie « à un brin déstabilisée, j’aurais voulu demander à tout le monde de s’éloigner un peu. Mais c’est agréable, c’est aussi la marque du fruit de mon travail qui est reconnu et ça fait parti du spectacle. On réfléchi d’ailleurs l’épreuve comme une pièce de théâtre ». Un véritable attroupement de spectateurs donc autour du boxe numéro 3, similaire à un amas d’abeilles, qui n’a pas faibli jusqu’au moment de la dégustation. Quelques minutes après avoir nettoyée et rangée son espace de travail, Naïs Pirollet affirmait : « Je suis contente de ce que j’ai fait. Tout n’est pas parfait, mais avec Cole on s’est amusé. J’espère maintenant que c’était bon ». Quelle meilleure réponse que l’annonce de sa victoire dans la soirée.

Aussitôt gagné, aussitôt reparti

Parmi le gratin de toques et de vestes blanches, Serge Vieira, président de la team France du Bocuse d’or, était au rendez-vous champenois. La victoire de Naïs Pirollet est d’autant plus signifiante et émouvante pour celui qui évoquait plus tôt dans la matinée son expérience de vainqueur du Bocuse d’Or Monde en 2005 et de président de la Team France, tout juste lauréate. « C’est très difficile de repartir dans une nouvelle édition. L’euphorie est encore présente et c’est même stressant parce qu’on sort d’un niveau de victoire de champion du monde pour retrouver un niveau de candidats nationaux. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai demandé à intégrer un jury international pour qu’on puisse avoir leur expertise. Si on reste sur du franco-français, on va encore s’isoler », affirmait-il. A peine sortie de l’aventure, le président de la team France enchaîne donc avec une nouvelle compétition. Fort de son expérience de coach, Serge Vieira a su insuffler un nouvel élan à la team France, en renforçant notamment la gestion du budget qui se veut aujourd’hui plus rigoureuse, la relation avec les partenaires et en participant à la création d’une équipe de France. « Je n’ai pas essayé de revivre ce que j’avais vécu il y a 15 ans. En 2005, quand j’ai remporté le Bocuse d’Or, les Bocuse d’Or Europe et la Team France n’existaient pas, c’était une autre aventure. J’avais perçu au sein de la team France un dysfonctionnement. Je voyais des choses que je ne rencontrais pas dans les pays que j’entraînais et qui me semblaient intéressantes pour la France. » ajoute-t-il. Il s’est attaché à replacer le candidat au centre du dispositif et à comprendre pourquoi la France n’était pas remontée sur le podium depuis plusieurs années. D’ailleurs à quelques instants du verdict, il s’est rappelé « qu’avoir le courage de participer, c’est aussi se remettre en question ».  La team France a pour ambition de mettre en place un centre d’excellence et d’entraînement, afin de sélectionner les candidats potentiels très jeunes, de les former et de les intégrer à l’équipe de France. « Les pays scandinaves ont déjà des sélections juniors, ce que l’on a pas encore et qu’on va créer. Il faut un petit concours Bocuse d’Or France pour aller chercher les 17-21 ans, comme cela a été fait avec Naïs aujourd’hui. C’est le rôle principal de l’équipe de France de former des jeunes talents pour pouvoir les emmener jusqu’à cette compétition », déclare-t-il. Au même titre que la France pour l’édition 2021, Naïs devra jouer avec ses armes, son savoir-faire et ses valeurs et ne pas tomber dans les travers passés de la déléguation que Davy Tissot a redoré et auprès de qui elle s’est construite. » 

Serge Vieira, Président de la team France

Le président de la team France, Serge Vieira. Photo: Andréa Deconche

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