En 2022, les Français ont surveillé leurs dépenses

Si la guerre en Ukraine a justifié de nombreuses augmentations de tarifs, en 2022 la récession a bien été réelle. Elle se ressent notamment sur le portefeuille des français qui ne peuvent plus se permettre les excès. Dans son étude, l’organisme Kantar souligne une recherche systématique de “petits prix” de la part des habitants de l’hexagone. Un levier d’économie qui arrive en premier quand il s’agit de dépenses relatives aux produits de consommation courante et périssable. En effet, 77% des arbitrages des consommateurs se font en faveur des produits moins chers, assure Kantar. Les habitudes des Français se traduisent alors par trois grandes tendances de consommation. Dans le secteur CHR, cela se traduit par l’utilisation de dispositif comme The Fork ou Groupon qui proposent des prix remisés. Dans la grande distribution, les consommateurs vont préférer les marques distributeurs, mais aussi les enseignes de déstockage et discounts, ou encore, la chasse aux promotions avec 42% des foyers qui envisagent d’acheter davantage en promotion dans les mois à venir.

Si les dépenses alimentaires sont réduites au maximum, les loisirs se retrouvent eux-aussi boudés. Là encore considérées comme non essentielles pendant la pandémie, les sorties au restaurant se font de plus en plus rares. Une habitude prise durant les restrictions de la crise sanitaire et gardée par une partie de la population. Kantar enregistre à ce titre, une baisse de 8 % de visites en restauration commerciale en 2022 en comparaison à 2019 et ce malgré la reprise du secteur, avec +15% de visites en 2021.

Des dépenses réfléchies

Toutefois, les Français ne rognent pas pour autant sur la qualité de leurs assiettes. En effet, le critère “bon pour la santé” arrive en deuxième position en termes de choix d’un produit derrière son prix, toujours selon les chiffres Kantar. Très sensibles aux enjeux climatiques, de nombreux consommateurs plébiscitent les offres écologiques, avec 22,3% des dépenses faites sur des offres dites de transition alimentaire en 2022, à l’instar du végétal et du local. Les protéines animales connaissent quant à elles une récession, avec -13,7% de recul des achats sur la poissonnerie et -7% en moyenne sur la viande en 2022 comparé à 2021. Par ailleurs, la limitation du gaspillage reste la première intention des Français pour les mois à venir avec 48% des ménages qui envisagent de limiter celui-ci. Enfin, que ce soit au restaurant ou à domicile, la composition des repas évolue vers un plat unique plus riche. Le gratin de pâtes devient ainsi le troisième plat salé consommé qui progresse le plus à la table des Français depuis le début de l’année.

Des modes de consommation changés

Avec la crise covid, le télétravail a considérablement impacté les comportements d’achats des Français. Selon Kantar, 15% des foyers ont la possibilité de télétravailler au moins une fois par semaine, soit 32% des actifs en décembre 2021. Cette tendance s’accompagne alors d’une désertion des établissements CHR à la pause de midi au profit de la livraison à domicile (+49% de hausse de trafic en moyenne), des hypermarchés et enseignes de proximité (+7% de hausse de trafic en moyenne en 2022 en comparaison à 2021) et une hausse des achats dans les rayons traiteur ou les plats cuisinés frais (+4,1% en 2022 comparé à 2021).

Pour espérer maintenir leur activité et attirer la clientèle, les professionnels de la restauration doivent donc adapter leur offre. Plus de plats végétariens ou végétaliens, des systèmes de livraison à domicile ou de vente à emporter, des remises et promotions régulières, le tout en gardant des prix compétitifs tandis que l’inflation fait rage. Un véritable casse-tête qui fera de 2023 un nouveau défi pour les restaurateurs.