Recruter, former et garder son personnel

Après une longue période d’incertitude et de chômage technique, nombre d’employés ont quitté le secteur de la restauration, laissant derrière eux des établissements vides de personnel. Confrontés à une véritable pénurie, les professionnels doivent s’adapter aux changements de comportement des consommateurs mais aussi à des salariés qui prennent conscience des difficultés de leur métier.

Un phénomène mis en lumière par la deuxième édition de l’opération « Recrutez autrement pour trouver vos talents », menée par la CCI Paris Ile-de-France. Selon cette étude, les deux tiers des restaurateurs interrogés ont cherché à recruter en 2022. Parmi eux, « 93% affirment avoir eu des difficultés à le faire », souligne Julien Tuillier, responsable de l’observatoire économique CROCIS à la CCI Paris Ile-de-France. Un phénomène de plus en plus fréquent lié au manque de main d’œuvre (76%) ou à du personnel non qualifié (59%).

Retenir le personnel

Alors pour faire face à ce problème, les professionnels redoublent d’imagination et cherchent des solutions. Première piste : soigner le recrutement. Si celui-ci passe à l’heure actuelle aussi bien par les plateformes numériques, que Pôle emploi ou encore le bouche à oreille, le premier entretien demeure primordial. Employeur et futur employé doivent alors faire preuve de transparence. Salaire, type de contrat mais aussi valeurs de l’entreprise… Choisir d’embaucher une personne qui correspond à la culture de son établissement peut éviter bien des surprises. Par ailleurs, face aux difficultés, « 68% des entreprises ont modifié leurs conditions d’embauche ». En effet, alors que les postes de serveurs ou de personnels de cuisine se cantonnaient habituellement à des contrats à durée déterminée, aujourd’hui la CCI affirme avoir remarqué une évolution vers des embauches en CDI dans 86% des cas. Avec cela s’imposent également des « conditions salariales plus intéressantes, des horaires plus souples ou encore des congés supplémentaires et plages de repos plus longues », détaille Julien Tuillier. De quoi rendre plus attractifs les emplois boudés du service et de la cuisine mais aussi fidéliser le personnel.

L’intégration comme maître-mot

Autre levier d’action, l’intégration du nouvel employé dans l’entreprise. Trop souvent prise à la légère, cette période est pourtant déterminante pour la suite de l’aventure professionnelle. Pour combler les manques de personnel, les employeurs se retrouvent bien souvent contraints de recruter des employés non qualifiés. La formation coûte alors un temps précieux au restaurateur qui investit pour l’avenir de l’employé mais aussi celui de son entreprise. Le turn-over, auparavant monnaie courante dans le secteur, devient alors la bête noire des professionnels. Certains n’hésitent pas à privilégier ainsi des salariés polyvalents, capables de s’adapter à toutes situations et répondre aux besoins du service. Puis, après avoir été accompagné et formé, l’employé doit rester motivé sur le long terme. Pour cela, l’employeur peut choisir de lui offrir des perspectives de progression au sein de l’équipe selon ses moyens mais aussi souligner les efforts positifs réalisés sur le lieu de travail. Selon une enquête menée par Achievers, « 82 % » des employés aimeraient recevoir plus de reconnaissance pour leur travail. Enfin, croulant sous les difficultés, en 2022 « 66% » des restaurateurs interrogés par la CCI Paris Ile-de-France affirment se sentir plutôt pessimistes pour l’avenir contre 50% en 2021. Afin de sortir enfin la tête de l’eau, ils demandent selon Julien Tuillier, « des aides pour faciliter le recrutement mais aussi une baisse des charges patronales et salariales ». Des revendications portées depuis de nombreuses années qui permettraient de rendre leurs vies et celles des employés plus faciles.