Le secteur de la restauration traverse une période de transitions profondes. Face à ces défis, un collectif interprofessionnel et interassociatif lance Restaure, un mouvement national qui se veut être une réponse concrète pour initier un changement de fond.
Le mouvement Restaure est né d’une volonté de transformer le secteur en proposant des solutions concrètes pour une restauration plus juste, durable et inclusive. Le projet s’appuie sur un collectif moteur, Festin, implanté à Marseille, et a été rejoint par d’autres associations et professionnels. « Cette initiative est issue du terrain, des retours que nous avons de la part des restaurateurs depuis des années », lance d’emblée Iris Liberty, initiatrice et coordinatrice du projet au sein de Festin. Son association accompagne chaque année plus de 400 personnes vers un retour à l’emploi à travers des initiatives comme La Table de Cana ou Des étoiles et des femmes. « Notre cœur de métier est l’accompagnement, mais une fois que celui-ci est terminé, la suite n’était pas évidente car l’environnement de la restauration peut s’avérer compliqué, parfois même nocif », explique-t-elle.
Le mouvement est né d’une volonté de bouger les lignes et d’accompagner les professionnels du secteur dans le changement. « Nous avions de nombreuses demandes de la part de nos partenaires restaurateurs, ils avaient besoin d’aide pour bien gérer ces nouveaux employés issus de parcours difficiles », détaille Iris Liberty.
Des outils concrets
Le mouvement s’articule ainsi autour de trois volets, déjà expérimentés à Marseille, et en pleine expansion au niveau national. D’abord, la tenue d’événements pour rassembler les professionnels de la restauration autour de conférences, d’ateliers et de partages d’expériences. « La profession a besoin de se réunir et d’échanger », souligne Iris Liberty. Ces événements permettent aux restaurateurs de découvrir de nouvelles pratiques et d’échanger sur les enjeux actuels du secteur.
Puis, l’une des innovations majeures de Restaure est la création d’un guichet en ligne de l’engagement. Une plateforme numérique mettant en relation les restaurateurs désireux de s’impliquer avec des associations qui proposent des actions concrètes. Par exemple, accueillir des stagiaires, animer des masterclass, participer à des initiatives telles que le Refugee Food Festival, ou encore agir dans la lutte contre les violences sexistes en cuisine. Cette plateforme agit comme une véritable place de marché de l’engagement, où chacun peut trouver le projet qui lui correspond. « Nous avons constaté que les professionnels veulent s’engager, mais ne savent pas comment le faire ni par où commencer, on apporte ici une réponse directe », détaille-t-elle.
Enfin, le troisième pilier est la formation. Restaure propose un catalogue adapté aux besoins des restaurateurs, en mettant en avant des modules essentiels, mais encore peu présents dans les cursus traditionnels, comme le management bienveillant, la gestion interculturelle ou encore l’écoresponsabilité. Des formations impulsées par le mouvement, comme celles développées avec des associations partenaires (Ecotable ou Des étoiles et des femmes), permettent aux professionnels d’acquérir des compétences clés pour transformer leur pratique. Le projet a attiré l’attention de plusieurs acteurs institutionnels et privés.
Aller plus loin
Grâce au soutien de la Fondation de France, le mouvement a pu voir le jour et se développer. « Ce n’est que le début », précise Iris Liberty. Des financements publics et privés sont recherchés pour garantir la pérennité du projet et son élargissement à un plus grand nombre de professionnels. L’ambition de Restaure est grande. En unissant les professionnels autour d’une même vision, le mouvement espère faire émerger de nouveaux modèles de restauration.
« Nous ne certifions rien, ne donnons pas de labels, nous tendons simplement la main à ceux qui veulent changer », insiste Iris Liberty. Contrairement à une approche punitive ou normative, Restaure souhaite inspirer et accompagner une transition en douceur, en fournissant des outils concrets et gratuits aux professionnels. L’avenir du mouvement pourrait toutefois inclure la création d’un label ou d’une certification pour reconnaître les efforts des restaurateurs engagés. Cependant, Iris Liberty reste prudente: « Certifier le comportement est complexe, mais c’est une piste à explorer. » En attendant, Restaure continue de développer ses outils, ses formations, et ses événements, avec l’espoir de créer une véritable révolution dans le secteur de la restauration, qui soit inclusive, durable et à l’écoute des réalités du terrain.
