Sauver la prochaine saison

L’été s’annonce historique. C’est en tout cas le sens des propos que tient Olivia Grégoire, ministre des TPE et du Tourisme, interrogée dans ce numéro. Elle assure des chiffres « bien supérieurs à ceux de 2019, année de référence ». Mais cette perspective réjouissante reste entachée par le problème de fond qui touche les CHR : le manque de personnel, lui aussi historique. En effet, l’enquête 2023 de Pôle emploi sur les besoins de main-d’œuvre nous apprend que l’hôtellerie-restauration concentre à elle seule 12,8 % des projets de recrutement. Le secteur en prévoit près de 400 000, dont la moitié concerne des emplois saisonniers. C’est 30 000 de plus qu’en 2022 et 75 000 de plus qu’en 2019.

Dès lors, comment éviter la situation de l’été dernier, au cours duquel 59 % des professionnels ont dû freiner leur activité ? Pour faire face à ces besoins en recrutement historiques, le Groupement des hôtelleries et restaurations de France (GHR) estime qu’il faudrait envisager davantage de formations, faciliter l’embauche des travailleurs étrangers, mais aussi inciter les entreprises à mettre à disposition des logements, grâce à des avantages fiscaux. Autre possibilité : un projet de « CDI 4 saisons », sur le modèle du « CDI intermittent ». Un contrat qui permettrait d’annualiser le temps de travail des saisonniers, les mois d’inactivité étant compensés par Pôle emploi. Un dispositif expérimenté en Corse depuis 2021 sous le nom de « CDI tourisme », dont l’Umih locale est en train d’analyser les retombées. De quoi tenter de sauver l’été 2023, mais aussi les prochaines saisons. Et peut-être même la Coupe du monde de rugby et les Jeux olympiques, qui arrivent à grands pas dans l’Hexagone