Edito : poulet frit partout, tout le temps

Impossible d’y échapper. Le poulet frit connaît un succès fulgurant, notamment en restauration rapide. Revisité aux saveurs coréennes, japonaises ou encore aux épices cajun, il est devenu, en quelques années, un incontournable de la street food. Tenders, pilons, wings, nuggets… Il est partout, surtout dans les grandes villes. Absent du top 5 des plats les plus commandés à emporter en 2019, il a dépassé la pizza depuis 2022, selon Food Service Vision. C’est d’ailleurs la seule viande consommée dans tous les pays du monde, toutes les cultures et toutes les classes sociales. Et lorsqu’il est frit, son goût addictif – grâce à l’équilibre entre croustillant et fondant, gras, sel et épices – garantit un plaisir immédiat. Il reste également bien plus abordable que le bœuf, omniprésent dans la culture fast-food.

Attention à l’indigestion

Ce succès attire de nombreux restaurateurs. Certains se spécialisent, séduits par une rentabilité rapide, tandis que d’autres s’inquiètent d’une offre qui se standardise. Diffi cile, en effet, pour les indépendants de rivaliser avec les grandes chaînes et leurs stratégies marketing bien rodées. Et si le poulet frit rime avec plaisir, il soulève aussi des questions économiques et environnementales. Derrière son image populaire et accessible, il se cache souvent un approvisionnement issu d’élevages intensifs et une forte dépendance aux importations, notamment venues de Pologne.

Certains chefs tentent cependant de faire évoluer ce modèle. Mohamed Cheikh, lauréat de « Top Chef 2021 », en est l’exemple parfait avec Chik’Chill, son nouveau concept dédié au poulet frit responsable. Il mise sur un poulet français, issu d’un élevage respectueux, pour proposer une street food plus responsable, tout en préservant les codes et les prix du secteur. D’autres explorent également de nouvelles pistes : circuits courts, volailles fermières, recettes originales… Car l’innovation reste essentielle. Trop de poulets frits tueraient le poulet frit. L’enjeu est donc de trouver un équilibre entre accessibilité, qualité et responsabilité, pour que cet engouement ne tourne pas à l’indigestion.