La lame de fond des spiritueux français

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Une nouvelle génération met en avant la production française et les différents terroirs dont dispose le pays et se lance dans la distillerie.

Sylvain Chiron. Crédits : DR.

C’est un élan de créativité sans pareil qui souffle dans l’Hexagone ces dix dernières années.
Toutes les régions de France sont concernées et, çà et là, les distilleries proposant vodka, gin ou whisky, revendiquent fièrement leurs origines tricolores. Un marché dynamique qui offre de nombreuses possibilités.

En 1999, quand Sylvain Chiron relance la Brasserie du Mont-Blanc, l’homme avait déjà l’idée de produire ses propres spiritueux. « D’ailleurs, au moment de la création, je l’avais appelée Brasserie et distillerie du Mont-Blanc car je savais qu’il allait se passer la même chose pour les spiritueux que pour la bière avec le développement de productions locales et artisanales », explique Sylvain Chiron.

Ce dernier fait partie, aux côtés d’autres distillateurs, d’une nouvelle génération qui met en avant la production française et les différents terroirs dont dispose le pays. Après de nombreux essais sur le whisky notamment, en utilisant différentes recettes et plusieurs alambics, Sylvain Chiron a présenté récemment le whisky 4810 et le gin 4810.

Alamic Stupfler

Fort du succès de la Brasserie du Mont-Blanc avec ses bières brassées à l’eau des glaciers, Sylvain Chiron réalise son rêve de distillateur. En effet, à l’origine de tout whisky, on retrouve un brassin singulier issu d’un savoir-faire spécifique : « J’avais pour ambition de créer un whisky de style français, et non un produit tourbé comme le proposent les Écossais. Concernant le gin, j’ai fait le choix du classicisme avec un london dry. Nous distillons grâce à un alambic Stupfler. » Sylvain Chiron a recours à une technique d’extraction végétale assistée par ultrasons, réservée jusqu’alors à l’industrie de la parfumerie. Puis le gin est élaboré par distillation dans un « Stupfler », un alambic de technologie française « reconnu pour la qualité exceptionnelle des spiritueux qui en sont issus ».

Au rayon des spiritueux français, le whisky a ouvert la voie à d’autres alcools, vodka et gin en tête. La production a débuté il y a une quarantaine d’années avec la distillerie bretonne Warenghem notamment et son single malt Armorik. C’est d’ailleurs à travers les régions et les terroirs – pour des raisons essentiellement logistiques – que la production française de vodka, gin et whisky a réellement pris corps et s’est petit à petit affirmée.

Aujourd’hui, l’ambition est nationale avec une production minimale annuelle d’un million de bouteilles de whisky (un cap dépassé pour la première fois en 2018). Cet élan, Hugues Pietrini et GeorgesAlexandre Congost y contribuent largement avec le lancement récent de leur société, Spirit
Brothers. À 50 ans et après avoir œuvré chez Unilever, Heineken, Pernod Ricard ou encore
Orangina Schweppes, Hugues Pietrini a décidé de s’établir à son compte en 2020.

« Cette vague créative dans l’univers des spiritueux, on la retrouve aussi en Allemagne ou en Italie, observe-t-il. En France, cette catégorie d’alcool a connu une grosse accélération ces dix dernières années avec le gin, la vodka et le rhum. Nous sommes dans un pays où la culture des spiritueux et des cocktails est très développée. » Outre la distribution de la vodka Romanoff, Spirit Brothers propose des créations comme le mezcal ou le gin Bellerive. « Nous avons lancé notre mezcal en 2021 et notre rhum quelques semaines plus tard », se souvient-il. Le succès est au rendez-vous puisque Hugues Pietrini et ses équipes ont commercialisé 150 000 bouteilles l’an passé (gin, vodka, mezcal, rhum).

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