Le GNI, en marche vers la reconquête

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Pendant ses deux jours de congrès, le GNI a rassemblé ses membres autour du thème de la reconquête de l’économie, des finances, mais également de la clientèle, des collaborateurs et des valeurs de la profession. À la tribune, professionnels du secteur et membres du Gouvernement se sont succédé.

Le sixième congrès annuel du GNI s'est déroulé les 15 et 16 novembre dernier à Paris. Crédits : L'Auvergnat de Paris.
Le sixième congrès annuel du GNI s'est déroulé les 15 et 16 novembre dernier à Paris. Crédits : L'Auvergnat de Paris.

Le sixième congrès annuel du Groupement national des indépendants Hôtellerie et Restauration (GNI) était placé sous le thème « Pour nos métiers, la reconquête ensemble ! ». Tables rondes et interventions ont permis de nourrir la réflexion les 15 et 16 novembre dernier à Paris. Au cours des deux jours, plusieurs membres du Gouvernement ont fait le déplacement. « Nous resterons le temps qu’il faut à vos côtés pour vous accompagner […] Nous continuerons de regarder, secteur par secteur d’activité, avec l’ensemble des ministres, comment nous pourrons trouver des solutions adaptées », a déclaré Alain Griset, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargé des PME, lors de la conférence plénière d’ouverture sur la reconquête de l’indépendance économique et financière.

De son côté, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a assuré son soutien au secteur. Mais il a tout de même écarté tout nouveau report des remboursements des PGE. Déjà décalés d’un an, de mars 2021 à mars 2022, ils devront être effectués avant mars 2023. « J’aurais pu l’envisager si l’économie n’avait pas redémarré, siculté économique, mais, là, on va faire au minimum 6,25 % de croissance : l’économie redémarre, les consommateurs sont là », a-t-il déclaré, assurant que « le remède serait pire que le mal ».

Aller de l’avant

Pour reconquérir les collaborateurs, l’organisation patronale a notamment discuté des conditions de travail. Alors qu’Emmanuel Achard, négociateur du GNI, a promis des « augmentations substantielles » de la grille des salaires, tout en excluant la question d’un treizième mois, la nécessaire réorganisation du temps de travail, notamment concernant la coupure et le travail le week-end, a également été abordée. Par ailleurs, parmi les chantiers à mener, la digitalisation des établissements tarde à venir. « Il y a un manque de formation de toute la profession », a constaté Amable-Jérôme Doria, vice-président de la commission Europe et numérique du GNI. Pour cela, le GNI a d’ailleurs lancé des Parcours d’initiation numérique pour l’accueil en hôtellerie-restauration gratuits.

Lors de son discours de clôture, le président du GNI Didier Chenet a toutefois rappelé que « le chèque numérique national de 500 € ne permet pas d’engager un processus de digitalisation » . Enfin, l’organisation patronale a rappelé la nécessité de reconquérir ses collaborateurs et d’ « investir dans l’humain ». Didier Chenet a toutefois appelé la ministre du Travail Élisabeth Borne, présente dans la salle, à agir également. « Nous ferons notre part, mais nous avons aussi besoin, Madame la Ministre, de travailler avec le Gouvernement à l’amélioration du pouvoir d’achat des salariés du secteur, a-t-il déclaré. Une première mesure se profile avec la défiscalisation des pourboires, mais chacun sait qu’elle ne suffira pas. »

Un « soutien massif » de l’État

Didier Chenet a également mentionné le régime des avantages en nature, toujours assujettis aux charges sociales et fiscales, quand les titres-restaurants en sont exonérés. De son côté, la ministre a quant à elle rappelé le « soutien massif » de l’État au secteur. Notamment sur les enjeux liés au recrutement et à la rémunération. « Les enquêtes auprès des salariés et des demandeurs d’emploi sont claires. Une partie du manque d’attractivité de vos métiers provient des conditions de rémunération et de travail. Le premier niveau de la grille est inférieur de 41 € par mois au Smic. Et cet écart s’est évidemment accru au 1er octobre », a-t-elle mentionné.

« La relance s'amorce dans notre secteur. »

INTERVIEW DE DIDIER CHENET, PRÉSIDENT DU GNI
Dans quel état d'esprit sont les adhérents du GNI alors que s'est déroulé le premier congrès depuis 2019 ?

Les adhérents du GNI sont dans un esprit de reconquête. Ils saluent l’élan de solidarité nationale qui s’est manifesté pour sauver leurs établissements et sont reconnaissants à l’égard du Gouvernement. Évidemment, ils gardent en tête l’attitude de certains de nos bailleurs qui continuent de refuser des réductions de loyer ou encore des assureurs qui refusent de les indemniser. Mais ils veulent désormais se projeter dans l’avenir et reprendre leur indépendance économique et financière qui passe par leur capacité à rembourser leurs dettes et à continuer d’investir. Ils veulent partir aussi à la reconquête de leurs collaborateurs alors que plus de 200 000 emplois restent vacants. Enfin ils veulent partir à la reconquête de leurs clients et de leurs valeurs. Cette dynamique s’est ressentie tout au long de notre congrès par la densité, la richesse de nos échanges.

Quels ont été les temps forts de ce congrès ?

Nous avons eu beaucoup de temps forts à l’occasion de ce congrès. D’abord, je tiens à saluer la présence de quatre membres du Gouvernement : Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Élisabeth Borne, ministre du Travail et de l’Emploi, Alain Griset, ministre délégué aux PME et Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État au Tourisme. Ensuite, je note l’importance de leurs messages. Bruno Le Maire a ainsi déclaré qu’il n’y aurait pas de prolongation automatique de la durée des PGE. Il a aussi ajouté qu’aucun de nos établissements ne disparaîtrait du fait de son incapacité à rembourser son PGE. Il a promis un examen au cas par cas de chaque situation. Et le lendemain, dans le prolongement de ces paroles, Gérard Pfauwadel, conseiller national à la sortie de crise est venu expliquer à nos professionnels les modalités d’une possible renégociation individuelle de la durée de leur PGE. Enfin, je dois dire que notre congrès a été l’occasion de témoignages d’une rare émotion, de la présentation de rapports d’expérience et d’études. Je pense notamment à l’étude sur les salaires et les composants des salaires présentée en exclusivité pour le GNI et le SNRTC à notre congrès par Deloitte In Extenso.

La fin des aides accordées par l'État a-t-elle lourdement impacté les adhérents ?

La fin des aides risque d’être compliquée pour quelques entreprises. Celles notamment dont les clients ne sont pas revenus en raison du télétravail ou des restrictions à la mobilité comme pour les touristes étrangers.
La situation reste également difficile pour les traiteurs organisateurs de réceptions. Toutefois, force est de constater que la relance s’amorce dans notre secteur.
C’est pour cela que nous avons accepté que, après une période de versement d’aides à tous les professionnels sur la base de critères objectifs, nous passions à une étape où les aides sont désormais adaptées au cas par cas en fonction de la situation des entreprises.

La pénurie de main-d'œuvre et l'attractivité des métiers sont aujourd'hui des questions centrales, comment se positionne le GNI ?

La question de l’attractivité a occupé une place importante de notre congrès. C’est une préoccupation partagée par tous les professionnels et le Gouvernement. J’en veux pour preuve la présence d’Élisabeth Borne à notre congrès.
Lors de la prochaine négociation avec les syndicats de salariés, le 18 novembre, des propositions concrètes seront faites avec une nouvelle grille de classification et une nouvelle grille des salaires, qui je le dis comportera des augmentations d’autant plus substantielles que la majorité des organisations patronales conviennent qu’il est impossible d’octroyer un treizième mois.
Comme en 2009 lors de la signature d’un accord social historique à la suite de la baisse de la TVA, le GNI sera à la pointe des négociations.

Nous avons assisté à une Union sacrée entre les syndicats professionnels durant la crise sanitaire, où en est le projet d'opérer une fusion avec l'Umih ?

Nous avons en effet l’objectif de construire une maison commune entre nos quatre organisations. Cette maison commune devra être dotée d’une gouvernance équilibrée, en fonction de la représentativité récemment publiée par la Direction du travail et qui bouleverse le paysage syndical. Il n’y a plus d’organisation majoritaire dans le secteur. Et je veux rassurer les adhérents du GNI. Nous ne perdrons ni notre âme ni notre ADN dans cette organisation. Je ne veux rien perdre de ce qui fait la force du GNI : ses femmes, ses hommes, élus et collaborateurs, tous de grande valeur au service de la profession. Ce que je propose c’est de mettre cette force au service de tous, dans le cadre d’une union sacrée.

iDidier Chenet, président du GNI.
Didier Chenet, président du GNI.
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