Un congrès de l’Umih arc-bouté sur l’emploi

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Basé sur le thème de l’emploi, le dernier congrès de l’Umih s’est voulu plus constructif que revendicatif. Il y a été question de renforcer le management des ressources humaines des entreprises, mais aussi de se doter d’un levier sur la formation via la prochaine mise en place des Opco.

Près de 600 responsables de l’Umih se sont réunis durant trois jours du 4 au 6 décembre au Palais des congrès de Saint-Étienne pour participer au 66e congrès de la confédération syndicale patronale. C’est le président de la fédération de Loire, Alexandre Cipriani qui s’est chargé d’organiser ces trois journées. Elles se sont déroulées dans la sérénité malgré un climat ambiant très chargé, lié aux gilets jaunes. Dans son discours, le président, Roland Héguy, n’a pas manqué de rappeler ce contexte à l’invité du congrès, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères : « On ne peut rester sourd aux difficultés rencontrées par nos concitoyens au quotidien. Et, dans certains territoires, la faiblesse du pouvoir d’achat est telle que beaucoup de petites entreprises auraient succombé à la hausse du taux de TVA si l’Umih n’avait réussi à l’empêcher. Nos entreprises, leurs dirigeants, leurs salariés, eux aussi, sont écrasés par la pression fiscale, la plus forte d’Europe. » Roland Héguy a néanmoins exhorté les gilets jaunes au dialogue : « Un mouvement de révolte fiscale doit prendre garde à ne pas dériver en un blocage de l’activité économique, une chienlit comme disait De Gaulle. Nos entreprises, nos salariés en seraient les premières victimes. » Le ministre a rappelé qu’il avait maintenu sa visite « en dépit du contexte et des événements… Ne pas venir aurait été une faute car, avec les conséquences des trois week-ends derniers sur l’image de la France, nous allons avoir fort à faire ».

La crise du recrutement

Ce congrès organisé sur le thème « Ici on recrute! » a rigoureusement tenu son cap durant ces trois jours. L’inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi était placée au centre de tous les débats. Constructif, Roland Héguy n’a pas exonéré la profession de toute responsabilité dans son constat : « La crise du recrutement dans notre secteur n’en est que plus paradoxale. Ce congrès va nous permettre d’en connaître les causes exactes. Nous savons déjà qu’elles sont économiques, sociales, liées aux horaires, mais aussi, j’en suis persuadé, au management. » En phase avec ce discours, Hubert Jan, président de la branche restauration, a consacré la matinée du jeudi à débattre autour de la présentation de l’étude BVA Group sur l’attractivité du secteur auprès des jeunes. Les participants sont tombés d’accord pour appeler à une professionnalisation du management. « Nos salariés méritent mieux que d’être recrutés sur le Bon Coin », a martelé le Dijonnais Stéphane Derbord. Une autre intervenante a appelé à plus de simplicité en évoquant notamment « ceux qui expliquent qu’il faut être passionné pour faire ce travail. Cette passion sous-entend exigence et charge de travail, qui peuvent faire peur. Il faut redescendre d’un ton. Nous n’avons pas tous besoin d’un Thierry Marx en cuisine, mais seulement d’employés qui s’impliquent dans leur travail ». Des voix se sont également élevées sur la nécessité d’améliorer les conditions de travail avec, par exemple, une possibilité en échange de la coupure d’offrir trois jours de repos consécutifs à l’employé. Roland Héguy a même présenté durant ce congrès une nouvelle forme de contrat de travail aux partenaires sociaux qui, selon lui, offrira « moins de contraintes et plus de sécurité à l’employeur et à l’employé ».

15 milliards d’euros sur cinq ans

Au-delà des mesures, les dirigeants de l’Umih ont compris qu’il était urgent de préparer l’avenir en jouant sur le volant de la formation. Comme l’a expliqué le vice-président, Hervé Becam, l’organisation patronale joue une course contre la montre dans le jeu de chaises musicales qui vise à transformer les 20 organismes paritaires collecteurs agréés (Opca) en 11 opérateurs de compétences (Opco) qui ne se chargeront plus de collecter l’argent de la formation, mais assureront le financement des contrats d’apprentissage et de professionnalisation. L’enjeu est de taille car ces Opco feront l’objet d’un plan d’investissement de 15 milliards d’euros sur cinq ans. Alors que l’Opca des CHR, le Fafih, disparaît, les CHR devraient rejoindre l’Opco n° 6 en compagnie des artisans et des professions libérales, comme le préconise le rapport Marx-Bagorski. Mais Hervé Becam estime que ce regroupement est mal adapté : « Nous devons rejoindre l’Opco où nous avons les meilleures chances de pouvoir former nos collaborateurs. » L’Umih est ainsi en passe de convaincre plusieurs professions du tourisme, le secteur aérien, les commerçants en gros, de rejoindre les hôteliers restaurateurs dans un Opco. Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, tout comme Jean-Baptiste Lemoyne verraient cette évolution dans un bon œil. Désormais, les différentes branches ont jusqu’à la fin de l’année pour formaliser leur démarche, la constitution des Opco étant annoncée pour le courant mars.

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