AOP Bandol, des vins provençaux calibrés pour les fêtes

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Certains vins de Provence sont capables d’exister au-delà de l’été et de se glisser sur les tables de fêtes. L’AOP Bandol, grâce à son cépage dominant, le Mourvèdre, propose des vins rouges, mais aussi rosés opulents, capables de se bonifier dans le temps et d’apporter du répondant aux plats d’hiver.

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Le Domaine de l'Olivette. Crédit : DR.

Loin de l’image des rosés piscine liée au vins de Provence, ceux de Bandol, sont facilement repérables par leur couleur plus soutenue que celle de leurs cousins provençaux. Ils révèlent des arômes plus profonds de fruits confits, de fruits rouges et d’épices. Cette particularité tient essentiellement au mourvèdre, qui domine l’appellation. Selon Cédric Gravier, président de l’AOP et propriétaire du Domaine de la Suffrène, « ce cépage représente avec le terroir de Bandol une véritable spécificité. C’est un vin rare et particulier, c’est sans doute ce qui lui a valu d’obtenir une des premières AOC dès 1941 ». Le mourvèdre, facile à cultiver, présente une peau épaisse qui offre des tannins appréciables. Seule ombre au tableau, ce cépage d’origine espagnole atteint difficilement sa maturité.

Le cahier des charges du Bandol impose des rendements limités à 40 hl/ha. Il faut d’ailleurs préciser que le rendement moyen ne dépasse pas 34 hl/ha sur ces dix dernières années. Il en résulte des rosés concentrés aux arômes secondaires bien marqués, capables de vieillir en se bonifiant à l’instar de la cuvée Catherine, rosé haut de gamme du domaine de la Suffrène, qui n’arrive sur le marché qu’après cinq années de repos en cave. Au château de Pibarnon, Eric de Saint Victor commercialise actuellement le millésime 2020 de la cuvée Nuances. Pour marquer cette spécificité provençale, plusieurs producteurs de Bandol (Château de Pibarnon, Château Pradeaux, la Bastide blanche, Domaine Maubernard, Domaine La Suffrène, Domaine de Terrebrune, Domaine de la Tour du Bon) ont rejoint l’association des Rosés de terroir.

Des rouges de caractère

Autre particularité, contrairement à ses voisins provençaux, Bandol n’a pas entièrement basculé vers les rosés. Les rouges représentent encore 20 % des volumes et la proportion peut même monter au tiers, comme au domaine de la Galantin où Céline Devictor exploite cinq hectares de vigne. «Avec ce même cépage, indique-t-elle, nous pouvons produire des rosés de gastronomie qui sont capables de s’affirmer dans le temps, se réjouit-elle. Mais nous pouvons aussi produire des rouges de caractère. » En effet, la structure tannique du mourvèdre, ses notes de fruits noirs, d’épices et de réglisse, sont de nature à soutenir de grands rouges capables de donner la réplique à des viandes ou du gibier. Il faut souvent quatre à cinq ans pour que ces vins révèlent leur potentiel. Un élevage de 18 mois minimum en foudre est d’ailleurs requis. Il limite l’échange avec le bois, inutile à ce niveau naturel de tannins, mais favorise une micro oxygénation du vin.

Pascal Coureit, président de la Cadierenne, une des trois coopératives de l’AOP, réserve les meilleurs mourvèdres de la cave pour ses deux cuvées rouges, qui présentent de jolis équilibres entre fruits et tannins. On note la présence sur ce vignobles de plusieurs locomotives, comme La Suffrène, Pibarnon, l’Olivette, Romassan (Domaines Ott) qui produisent de très élégants rouges, avec des profils différents, reflétant la diversité des terroirs et des choix de vinification. Ainsi, la cuvée 2021 de La Suffrène limite-t-elle son encépagement à 60 % de mourvèdre. Le grenache et le cinsault amènent de la vivacité au vin. A contrario, le domaine du Gros Noré, du même millésime, intégrant 95 % de mourvèdre, se montre plus puissant, mais avec un fruit moins présent.

Des vignerons moins connus, comme Gueissard, recueillent les fruits d’une politique environnementale vertueuse avec des rouges très aboutis. Le petit domaine Deprad propose une cuvée rouge très originale, dans une lourde bouteille bouchée à la cire et ornée d’une étiquette qui figure un cheval en train de travailler la vigne. Mais le château de Pradeaux représente sans doute la curiosité la plus originale de ce vignoble. Depuis neuf générations, la famille Portalis exploite ce domaine dans le plus grand respect de la tradition. Sa cuvée rouge 2020 arborant une étiquette d’un autre temps, et composée de 95 % de mourvèdre, a vieilli durant 48 mois en foudre. Alors qu’on pourrait attendre certaines lourdeurs d’un tel élevage, il en ressort un vin élégant et floral, aux belles nuances aromatiques.

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