Gérard Bertrand table sur l’orange

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Une table ronde sur le vin orange s’est déroulée, le 17 mai 2023, à l’initiative du producteur Gérard Bertrand. Cet échange avait pour but de dévoiler la dynamique et les atouts de cette quatrième couleur.

Gerard bertrand.
Selon un sondage Viavoice, 71 % des personnes qui n'ont jamais consommé de vin orange auraient envie d'en goûter. Crédit : Aurélien Peyramaure / Au Cœur du CHR.

Gérard Bertrand, le vigneron qui possède le groupe du même nom, a organisé sous les dorures du Plaza Athénée (Paris, 8e), une table ronde sur le vin orange. Et, pour cause, la quatrième couleur du vin connaît « une dynamique d’installation et un très fort potentiel », révèle Maïder Beffa, directrice associée de l’institut de sondages Viavoice, qui a réalisé une étude sur le sujet.

En ressort que 23% des Français disent avoir déjà entendu parler du vin orange. Un chiffre qui s’élève à 27% auprès des connaisseurs de vin. En outre, 43% de ceux qui ont déjà entendu parler du vin orange en ont consommé. Cette donnée s’établit à 54% chez les consommateurs réguliers de vin.

Par ailleurs, 27% des personnes ayant connaissance de l’existence du vin orange en ont déjà acheté, principalement auprès des cavistes (41 %) et des vignerons (31%). Le profil type du consommateur se révèle jeune et urbain. Pour preuve, 49% des moins de 35 ans connaissant le vin orange en ont déjà acheté, et 69% en ont déjà consommé.

8.000 ans d’histoire

Mais le potentiel reste fort puisque, d’après le sondage, 71% de ceux qui n’en ont jamais consommé auraient envie d’en goûter. De plus, 77% des consommateurs auraient envie d’en consommer plus souvent.

Néanmoins, bien qu’une tendance commence à se dégager au niveau des vins oranges, la boisson est loin d’être une innovation. « Il n’y a rien de nouveau, confirme Estelle Touzet, consultante en sommellerie. Elle nous vient de la Géorgie, dans le Caucase, avec des prémisses de vin orange qui datent de 8.000 ans. »

Une riche histoire sur laquelle peuvent jouer les vignerons. « C’est la première couleur des vins. Ce sont les origines qui font la force de ces vins », estime Gérard Bertrand, qui regrette toutefois que la catégorie des vins oranges n’existe pas encore, et qu’ils soient classés dans celle des vins blancs (constituant des vins blancs de macération).

Un segment premium

Le vigneron est arrivé sur ce segment grâce à une dégustation de vins oranges, il y a quatre ans, à travers la découverte de 75 cuvées. Il a alors souhaité apporter sa contribution en proposant des cuvées fruitées, d’autres disposant d’un profil à haute intensité aromatique, et enfin « de grands vins oranges avec la notion de terroir ». Selon lui, qui présente désormais cinq cuvées différentes, ce type de vin convient à merveille avec du fromage, mais également avec des tapas grâce « à leur aspérité et leur couleur magique ».

D’ailleurs, « le vin orange apporte de la fraîcheur et de la nouveauté, que se sont appropriés les jeunes », estime le vigneron. Celui-ci y voit par ailleurs une chance pour les cépages autochtones, qui « vont pouvoir se remettre dans la boucle parce que les gens ne cherchent pas un cépage, mais la couleur ».

Sa couleur, une force

Cette couleur constitue ainsi une force, notamment auprès des jeunes qui se révèlent être une génération « souvent disruptive », indique Christopher Hermelin, directeur marketing chez le caviste Nicolas. « Il y a dans le vin orange à la fois cette modernité, liée à la couleur, et ce côté ancestral. Réunir ces deux aspects est assez rare », ajoute-t-il. « Le vin orange coche toutes les cases de ce que nous attendons d’un vin. Il a une acidité, une trame tannique et une fameuse amertume, qui amène l’appétit », précise Estelle Touzet.

Par ailleurs, l’offre tarifaire se révèle en moyenne supérieure à celle des autres couleurs du vin, avec des prix allants de 10 à 15€. « Il s’agit d’un segment premium parce que lorsque nous réalisons un vin orange, comme il n’y a pas encore de marché, nous n’avons pas de quantités astronomiques. Et aussi parce que ce sont des vins qui s’améliorent à l’élevage, en amphore ou en barrique », justifie ainsi Gérard Bertrand.

Ce dernier en est en tout cas convaincu, le marché va s’ouvrir. « J’ai l’intime conviction que ce qu’il s’est passé sur le rosé va se réaliser sur le vin orange, avance-t-il. Cela prendra cinq à dix ans. Au Québec par exemple, 50 références sont présentées dans les magasins, parce que c’est un monopole d’État et parce qu’ils l’ont décidé. Je pense qu’il faut prendre parti. »

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