L’AOC Alsace : pionnière de la biodynamie

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Le vignoble alsacien possède de nombreux atouts. Il est à la fois le plus gros producteur de blancs en France et en tête des vignobles européens bio et biodynamiques. Des arguments à mettre en avant pour conquérir davantage le CHR.

Le vignoble alsacien présente une grande spécificité : 90 % de ses vins sont des blancs. Par ailleurs, il représente 20 % des appellations d’origine contrôlée en blanc, ce qui le conforte en tant qu’acteur incontournable de la scène viticole. En 2017, sa surface en production est de 15 620 hectares pour 907 230 hectolitres, soit 125,6 millions de bouteilles (la moyenne quinquennale se situe autour des 135 millions de bouteilles). 74 % des volumes sont vendus en France dont 54 % en grande surface, 30 % en direct au caveau et 15 % auprès des CHR et cavistes.

Ce dernier circuit est particulièrement dans le viseur de l’interprofession qui dispose d’un budget annuel pour accroître la visibilité des vins de l’appellation. « Après avoir réalisé un test dans 1 400 établissements, nous avons établi notre taux de présence sur un tiers des cartes, ce qui n’est pas suffisant », déplore Didier Pettermann, président du Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace (Civa). Partant de ce constat, l’interprofession organise de nombreux événements ciblés au cours de l’année. Une grande manifestation est prévue courant 2019 dans plusieurs établissements à Paris pour toucher le public, et le partenariat avec Lafourchette avec des réductions sur le prix d’un repas ou la mise en avant des vins de l’AOC dans toute la France lors de « la semaine de l’Alsace » auprès de 1 400 cavistes (700 en 2018) sont reconduits. Un concept de formation pilote va également voir le jour cette année dans une sélection de restaurants adhérents à l’Umih dans les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. « Les vignerons vont venir parler de leurs vins, l’idée est d’instaurer une relation privilégiée avec les restaurateurs », poursuit-il. Mille kits sont mis à disposition chez les grossistes comprenant notamment bouchons en verre, flyers avec accord mets et vins, leaflets sur la température idéale de service, descriptif des différents cépages. « Ils sont très appréciés par nos clients », note le président du Civa. Il faut dire que l’Alsace, qui réunit tous les terroirs du monde dans un seul vignoble, dispose d’arguments pour se tailler une belle place en restauration. Ses vins sont les compagnons idéals de la gastronomie car ils sont à la fois bien typés et ont la faculté, par leur vaste palette aromatique, de s’associer à tous types de cuisine. Une chose est certaine : la promesse d’un millésime d’anthologie devrait contribuer à cette conquête du CHR.

Niedermorschwihr est une petite commune, près de Colmar, entourée de vignobles.

UN MILLÉSIME DANS LES ANNALES

« Le millésime 2018 restera dans les annales, tant au niveau des conditions climatiques peu communes qui ont rythmé l’année que du déroulement et de la qualité de la récolte », assure le Civa. Ce millésime est un soulagement pour les vignerons : non seulement il signe le retour des volumes à la normale mais il s’avère exceptionnel d’un point de vue qualitatif. « C’est impressionnant ! Les vins ont une maturité optimale, la fermentation s’est déroulée facile ment, les premiers résultats en cave sont très prometteurs avec des équilibres très satisfaisants » , se réjouit le président de l’interprofession. Les pinots gris et noirs sont les grandes réussites de 2018. Si les premiers sont structurés et puissants, les seconds sont généreux avec des intensités colorantes. Quant aux vignerons en bio ou en biodynamie, ils sont arrivés à produire des vins clairs très encourageants. Une nouvelle qui prend un accent particulier au sein de ce vignoble pionnier de la biodynamie en Europe. Dès le début des années 1970, Eugène Meyer ouvre la voie, suivi par de nombreux vignerons dans les années 1980 et 1990, et aujourd’hui par la nouvelle génération.

« On reprend ce qui a été fait par les anciens. Nous avons une vraie culture de la nature et de la biodynamie, notre vignoble présente l’un des plus importants taux d’enherbement », explique Didier Petter-mann. À ce jour, 15,9 % du vignoble alsacien sont certifiés en bio. En comparaison, la moyenne nationale est de 10 % tandis que la moyenne mondiale est comprise entre 8 % et 12 %. Parmi les 175 domaines certifiés en bio, 60 pratiquaient également la biodynamie fin 2017, dont 50 certifiés par Demeter et 18 par Bio dyvin (huit domaines ont les deux certifications). Cela représente plus de 700 hectares, soit 4,5 % du vignoble alsacien. En comparaison, les vallées de la Loire et du Rhône, deux vignobles quatre fois plus étendus que l’Alsace, comptent respectivement 61 et 55 domaines en biodynamie. Côté européen, l’Italie compte seulement 74 domaines biodynamiques et l’Allemagne, 72. La surface agricole cultivée en bio et biodynamie devrait continuer à s’étendre et con naître une forte progression dans les trois prochaines années, estime le Civa. 

Chantiers prioritaires de l’interprofession

Mettre en place un indicateur de sucrosité sur l’ensemble des bouteilles pour informer le consommateur sur le type de vin (entre sec et doux).

Poursuivre les conversions en bio, accompagner les vignerons.

Dépoussiérer l’image des vins d’Alsace en communiquant sur trois principales caractéristiques : présence de tous les grands terroirs du monde dans cette région, une référence en vin blanc avec 90 % de production, un vignoble à taille humaine avec une famille qui se retrouve derrière chaque étiquette.

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