« Mangeuses » : histoire de celles qui dévorent, savourent ou se privent à l’excès

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Avec Mangeuses, la journaliste Lauren Malka livre au lecteur un essai aussi nécessaire que salutaire sur la place des femmes dans l’univers de la gastronomie.

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Couverture du livre "Mangeuses" de Lauren Malka. Crédit : DR.

Il y a encore quelques années, lorsque émergeaient les premiers cafés et les restaurant parisiens, les femmes étaient formellement exclues de la table, lieu sacré où l’on pouvait tout autant débattre que savourer. Depuis la nuit des temps, ces dernières sont assujetties à suivre des normes physiques précises qui les poussent tantôt à mincir, tantôt à grossir. De plus, en ce qui concerne la gourmandise, elle est chez ces dernières fortement réprimandée et ce, depuis qu’Éve a eu le malheur de croquer dans une pomme. C’est en partant de ce constat que Lauren Malka, journaliste culinaire, a souhaité écrire « Mangeuses », un récit-enquête qui fourmille d’anecdotes culinaires et culturelles sur les liens conflictuels qu’entretiennent encore les femmes à la nourriture.

Par ailleurs, si manger reste un besoin primaire indispensable à la survie humaine, les femmes, à contrario des hommes, ne semblent en récolter que les casseroles et les miettes ! Ainsi, comme le relève Lauren Malka, alors que les hommes sont facilement considérés comme des « chefs » ou des « gourmets », les femmes semblent très souvent incarner l’image de la « ménagère ». Pire, aujourd’hui encore, celles qui auraient le malheur de se resservir à table, sont tout simplement taxées de « gloutonnes », pêché féminin ultime.

Les femmes dans la gastronomie

Et s’il arrive bel et bien aux femmes de participer à un certain univers gastronomique, Lauren Malka n’hésite pas à rappeler à son lecteur que dans la plupart des écrits féminins sur la cuisine, si repas il y a, ces derniers surtout fantasmés ; c’est notamment le cas chez Colette, Marguerite Duras ou encore Virginia Woolf.

Ainsi, en ce qui concerne la pléthore de littératures culinaires à destination des femmes, à l’image des sempiternelles recettes du magazine Elle, elles leur permettent davantage de satisfaire leurs fantasmes plutôt que leur estomac, le tout « sans prendre un gramme » comme l’explique l’autrice.

Enfin, lorsque Lauren Malka part à la rencontre des cheffes le constat, est là encore, sans appel : que ce soit dans les écoles de cuisine ou dans l’enceinte des restaurants, la plupart du temps, les femmes ne doivent en aucun cas laisser « apparaitre de façon visible un quelconque signe extérieur lié à leur genre ». À travers ces pages, cette autrice engagée n’hésite pas à rappeler qu’ « à l’embauche, les postes prestigieux restent réservés aux hommes. D’après une enquête Emploi de l’Insee sur la période 2009-2015, 48% des employées de l’hôtellerie-restauration sont des femmes, mais celles-ci ne grimpent que très rarement les échelons » par ailleurs, « sur les 600 tables étoilées du guide Michelin en 2016, seulement 17 étaient tenues par des femmes ». Finalement, avec « Mangeuses » Lauren Malka livre aux lecteurs un écrit aussi salutaire que nécessaire sur la place de la femme dans le milieu de la gastronomie.

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