Georges Pompidou, le président qui parlait en langue d’oc

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C’est le titre de l’allocution du Président de la Veillée d’Auvergne et du Massif Central, Roger Vidal, au jardin des Félibres, lors de la Félibrée de Sceaux, dimanche 16 juin 2019.

Roger Vidal
Roger Vidal

C’est le titre de l’allocution du Président de la Veillée d’Auvergne et du Massif Central, Roger Vidal, au jardin des Félibres, lors de la Félibrée de Sceaux, dimanche 16 juin 2019.

Après le dîner-conférence du 20 mai 2019 au restaurant du Sénat où la Veillée d’Auvergne, à la tête de 5 associations, avait réuni une assistance record, sur le thème : « les Pompidou intimes, art et poésie », brillamment exposé par leur fils Alain Pompidou, c’est une nouvelle contribution de la Veillée d’Auvergne à la commémoration nationale, placée sous le haut patronage d’Emmanuel Macron, du cinquantenaire de l’élection de Georges Pompidou  à la Présidence de la République, en juin 1969.

Roger Vidalrappela les origines auvergnates de Georges Pompidou, doublement cantalien : de Montboudif par sa mère et de Saint-Julien de Toursac par son père. « Agriculteurs des deux côtés, on parle la langue d’oc », souligna-t-il.

Le président de la Veillée d’Auvergne évoqua ensuite les brillantes études de Georges POMPIDOU, à Albi puis Toulouse et Paris, son entrée à Normale Sup Lettres dont il sortit major à l’agrégation, les débuts de sa carrière d’enseignant à Marseille puis au lycée Henri IV à Paris où il publiera sa célèbre anthologie de la poésie française.

Il aborda enfin son cursus politique, commencé en 1944, comme chargé de mission au cabinet du Général de Gaulle. En 1962, il succéda à Michel Debré comme Premier Ministre, pendant 6 ans jusqu’en juillet 1968. Souhaitant obtenir l’onction populaire et la légitimité du suffrage universel, c’est naturellement dans son Cantal natal qu’il se présenta comme député et fut élu par deux fois en mars 1967 et juin 1968. « Je suis de là, mon nom est issu de cette terre, j’aime ce pays, j’ai choisi de le représenter ». disait-il. Et Roger Vidal de rappeler la présence de Georges Pompidou à Saint-Flour, à la foire du faubourg, devant sa maison familiale, Place de la Liberté, serrant des mains et répondant en patois cantalien aux salutations amicales : « Commo anas, moussur lu ministre » – Boiou pio, bous remerchi ».Son ascendance cantalienne et paysanne, sa bonhomie et sa langue d’oc faisaient merveille. Par deux fois, les cantaliens accordèrent au député de Saint-Flour, toujours élu au 1er tour, des scores impressionnants : 62% en 1967 et 80% en 1968.

Le 29 avril 1969, après l’échec au référendum et la démission du Général de Gaulle, Georges Pompidou, candidat à l’élection présidentielle, arriva en tête au 1er tour et il fut élu au second tour, le 15 juin 1969 avec 57,58% des voix face à Alain Poher. A Saint-Flour, 84,22% des suffrages offrirent un triomphe au « paysan d’Auvergne, parlant à d’autres paysans », dans leur langue.

Devenu le 19ème Président de la République, Georges Pompidou contribua efficacement à la promotion des langues régionales déclarant, dès septembre 1969 : « auvergnat, donc occitan, je suis particulièrement sensible à tous les efforts qui sont consentis pour sauvegarder les traditions culturelles et linguistiques de nos provinces et pays ». Son décès prématuré, en avril 1974, avant la fin de son mandat, freina la pleine réussite de son action.

Pour illustrer son propos, Roger Vidal mit l’accent sur sa « lettre à ma grand-mère, l’Auvergne », publiée en langue d’oc dans le journal sanflorain, « la Dépêche d’Auvergne », en novembre 1963, comme le rappelle son biographe, Joël Fouilleron. Georges Pompidou  y réaffirmait l’authenticité de son origine cantalienne : « Les efonts de l’Ouvergno que l’oun quitado se soubenon de la terro mairale toute lo bido » (Les enfants de l’Auvergne qui l’ont quittée se souviennent de leur terre maternelle toute leur vie).

En conclusion, le président de la Veillée d’Auvergne exprima sa conviction profonde que «  Georges Pompidou, le président le plus aimé des Français, parlait et pensait en langue d’oc, depuis que, dans une ferme de la Chevade, près de Murat, sur les genoux de sa nourrice, Emilie Estieu, c’est en Lengo Nostro, qu’il avait balbutié ses premiers mots, faisant sienne, sa vie durant, la devise d’Arsène Vermenouze : « S’es d’un crâne païs, efonts ».

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