« Je considère que j’ai le droit de m’occuper de l’Auvergne »

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Présent au Salon de l’agriculture, à la Soirée Auvergne, organisée avec la Marque Auvergne présidée par Nicolas Nuger, Laurent Wauquiez nous a accordé une interview sur la spécificité auvergnate et sur le lien que l’ancienne région entretient avec Paris.

A.d.P. : En arrivant à la tête de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qu’est-ce qui vous a amené à préserver l’existence de l’entité Auvergne ?

Laurent Wauquiez : D’abord, je suis Auvergnat et je ne l’oublie jamais. Quand j’ai été élu président de la région, j’ai assuré que je veillerais à ce que l’identité de l’Auvergne ne soit pas diluée et jamais oubliée. Ce sont d’abord les liens de l’affection, les liens du cœur, la reconnaissance pour un territoire que j’aime. C’est aussi la conviction que l’Auvergne a du sens et nous avons besoin de sens aujourd’hui. C’est ma fierté d’avoir travaillé dans cette direction. Je suis persuadé que l’Auvergne a beaucoup de clés de réponses. C’est une identité forte, à laquelle les gens sont attachés. Il ne faut pas faire disparaître l’Auvergne ; c’est mon obsession quotidienne et la raison pour laquelle j’ai lancé (le 10 février), à Clermont-Ferrand, les « Rencontres régionales pour une Auvergne d’avenir ». Jusqu’en juin, nous allons bâtir une stratégie commune pour l’avenir de l’Auvergne avec tous ses acteurs, qu’ils soient issus de l’entreprise, du monde associatif, culturel, de services publics, ou encore des clubs sportifs…


La plupart de vos électeurs habitent en dehors de l’Auvergne. N’ont-ils pas le sentiment que vous les oubliez un peu ?


Aujourd’hui, nous avons la région la mieux gérée de France ; cela bénéficie à tous les habitants : jamais la région n’a autant investi dans les projets de ses territoires et aucun n’est oublié. La région s’est impliquée comme cela n’avait jamais été fait pour les montagnes des Alpes. J’ai mis en place des projets structurants sur Lyon, à l’exemple du Musée des tissus, initialement destiné à la fermeture. Dans la Drôme et en Ardèche, nous avons immédiatement été au chevet des personnes victimes du séisme de novembre, mais aussi des aléas climatiques. Ce n’est pas parce qu’il a moins d’habitants qu’un territoire doit être délaissé, au contraire. Alors, oui ! Je considère que j’ai le droit de m’occuper de l’Auvergne ! L’Auvergne fait partie d’une grande région où chaque territoire doit trouver sa place sans être absorbé par les autres.


Vous avez fortement appuyé la naissance de la Marque Auvergne qui réunit 220 entreprises adhérentes. Êtes-vous satisfait de ce résultat ?


La Marque Auvergne noue des partenariats avec nos entreprises régionales qui ont à cœur de promouvoir ce territoire, ayant une réelle attache et participant aussi au rayonnement de l’Auvergne comme l’ASM ou l’Opéra de Clermont, avec lesquels la marque est aussi partenaire. Je n’oublie pas les réseaux consulaires qui forment un maillage territorial extrêmement important pour nos entreprises. Nous avons également noué des partenariats culturels et développé l’image de marque à l’international. Nous travaillons dans une démarche de rassemblement autour d’un projet commun pour porter ce beau projet, c’est ce qui fait notre force. Il y a une Auvergne qui gagne et c’est l’Auvergne que j’aime et qui fait notre fierté.


Sur le Salon de l’agriculture, vous êtes parvenus à maintenir une présence visible de l’Auvergne au sein du stand régional. Le restaurant du Cantal est même venu rejoindre l’ensemble. Pourquoi cette mise en lumière à Paris est-elle importante à vos yeux ?

L’Auvergne a toujours eu cette caractéristique spécifique d’être à la fois une petite région tout en ayant la chance de pouvoir compter sur les Auvergnats installés à Paris qui contribuent à défendre notre image de marque. La capacité de l’Auvergne à assurer son avenir passe par le maintien de ce lien avec les Auvergnats de Paris. Pour moi, c’est très important. Le Salon de l’agriculture représente un moment fort pour resserrer ce lien. Et pour dire aux agriculteurs de notre région que nous ne les oublions pas, qu’ils pourront toujours compter sur nous.


On vous verra donc peut-être un soir à la Nuit arverne ?

J’espère bien !

 

Lors de la soirée Auvergne, Bruno Faure, Jean-Yves Gouttebel, Nicolas Nuger et Pierre Desprat étaient réunis
sur le podium autour de Laurent Wauquiez.

Deux anciens ministres, Alain Marleix et Jacques Mézard,
assistaient à cette soirée.



Vous dirigez la région française, qui comporte le plus de territoires de montagne avec les Alpes et le Massif central. Avez-vous un plan d’action particulier sur ces zones ?


Nous sommes clairement la première région de montagnes, avec 70 % de zones montagneuses, ce qui est énorme. C’est une fierté, parce que nous sommes leaders. C’est une responsabilité, car nous avons des montagnes à préserver et je crois que le monde de la montagne est le fer de lance de l’environnement. Grâce à notre bonne gestion, la région a pu lancer un plan dédié à la montagne inédit en
France, d’un montant de 110 M€. Aujourd’hui, ce sont déjà plus de 450 projets que nous avons pu financer : hébergement pour les saisonniers, soutien aux stations familiales ou encore relance des classes de neige. Ce dernier projet me tient tout particulièrement à cœur, car nous faisons en sorte d’avoir une montagne vivante. C’est notre caractéristique, c’est notre ADN. À travers ce plan montagne, la région porte aussi fortement le message que la montagne, ce n’est pas que les Alpes : c’est aussi nos joyaux de l’Auvergne.

Henri Landes, ancien directeur de la fondation GoodPlanet,
et la chroniqueuse Fanny Agostini, fidèles du stand Auvergne.


Vous avez mis en place sur le salon une opération « L’Auvergne recrute ». Est-ce à dire que les flux migratoires s’inversent, désormais ?

Ils se sont clairement inversés. Il faut bien voir aujourd’hui que l’image d’une Auvergne qui perd des habitants est révolue. L’Auvergne affiche le taux de chômage le plus bas de la région Auvergne-Rhône-Alpes, avec 7,1 % contre 8,6 % au national. Elle crée le plus d’emplois. Aujourd’hui, des territoires attractifs comme la Haute-Loire, Clermont-Ferrand gagnent des habitants. Le Cantal est lui aussi en train de redresser sa balance démographique. Nous avons un avenir. Nous ne représentons pas un territoire en déprise. Je suis sûr que nous pouvons attirer des Parisiens, des gens qui sont prisonniers des embouteillages, qui, en se ruinant, se logent dans 40 m2. Ainsi, la Marque Auvergne a intégré des actions de marketing territorial comme « L’Auvergne recrute » en s’appuyant sur le portail emploi de la région Auvergne-Rhône-Alpes ; « Nos talents, nos emplois », pour valoriser les 6 000 offres actuellement en ligne pour l’Auvergne. Les adhérents de la Marque Auvergne sont invités à se créer un compte recruteur sur la plate-forme régionale, à la fois pour diffuser leurs offres, bénéficier de la communication Marque Auvergne et d’accéder à la CVthèque « Nos talents, nos emplois » qui comprend 12 000 profils issus de formation professionnelle depuis moins d’un an sur Auvergne-Rhône-Alpes. Et ça marche fort : actuellement nous avons 10 000 candidatures par mois sur la plate-forme ! Chez nous, en Auvergne, nous pouvons offrir une autre qualité de vie. C’est cela qu’il faut vendre et c’est pour cela qu’il faut venir chez nous !


PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-MICHEL DÉHAIS

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