La chaîne des Puys fête son premier anniversaire à l’Unesco

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C’était le 2 juillet 2018. Après des années de bataille, la chaîne des Puys et la faille de Limagne étaient inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. Une reconnaissance pour ce chapelet de volcans et les instigateurs de son classement. Un an après, les retombées touristiques apparaissent comme positives pour l’ensemble du territoire.

Il est encore difficile d’établir un bilan précis des retombées touristiques en faveur de la chaîne des Puys et de la faille de Limagne : lorsque la bonne nouvelle est tombée, au début de l’été 2018, la saison avait déjà démarré depuis plusieurs semaines. Il faudra donc patienter jusqu’à la fin de la saison touristique actuelle pour bénéficier d’un décompte clair. Bonne nouvelle : les sites de l’Unesco voient systématiquement leur fréquentation croître de 15 % à 30 % durant la première année qui suit l’inscription.

« Nous avons doncconstaté une hausse de la fréquentation mois après mois », se réjouit Jean-Yves Gouttebel, président du Conseil départemental du Puy-de-Dôme et grand promoteur de l’inscription à l’Unesco de l’ensemble volcanique auvergnat. En moyenne, le site accueille, grâce à son train à crémaillère (seul moyen d’accès au sommet du puy de Dôme), 400 000 visiteurs chaque année. « Surtout, au-delà de l’aspect quantitatif, on observe un nouveau type de tourisme. Nous recevons davantage de touristes étrangers, à l’instar des Asiatiques, des Américains ou des Australiens. De nombreux tour operator étrangers sont ainsi entrés en contact avec nous explique Jean-Yves Gouttebel.

Jean-Yves Gouttebel, président du Conseil départemental du Puy-de-Dôme.

Jean-Yves Gouttebel, président du Conseil départemental du Puy-de-Dôme

Tourisme vert

La chaîne des Puys et ses 80 volcans, escortés par la faille de Limagne, deviennent ainsi le symbole d’un « tourisme vert » qui fait chaque année plus d’émules.

« En France métropolitaine, parmi la quarantaine de sites classés, seule la chaîne des Puys est dite naturelle. Tous les autres sont culturels oumixtes », explique Jean-Yves Gouttebel. Les comportements et les goûts des voyageurs évoluent. Quand le tourisme de masse tend à perdre du terrain, let ou risme vert, axé vers l’authenticité et la nature, y gagne. Le Lonely Planet ne s’y est pas trompé. Ce célèbre guide international recommandait déjà la chaîne des Puys avant son inscription à l’Unesco. C’est pourtant sur le volet naturel que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dont l’avis est consultatif pour l’Unesco, émettait des réserves.

L’organisme déplorait notamment la trop grande intervention de l’homme sur le site. Il demandait donc aux promoteurs de l’inscription de la chaîne des Puys de réviser leur copie. Il y a trois ans, l’UICN révisait son jugement en reconnaissant « le caractère universel » du site auvergnat, ouvrant ainsi la porte à l’inscription, qui a eu lieu l’an passé. « Le fait d’avoir une sorte de résumé de l’histoire géologique de la Terre sur un espace restreint comme celui-ci a aussi fait pencher la balance en notre faveur. Enfin, l’appui d’Emmanuel Macron a été déterminant. Il est venu début 2018 et a permis de lancer la machine diplomatique. Cela n’avait pas été le cas avant, même si nous avions bénéficié d’un grand soutien des gouvernements précédents », détaille le président du Conseil départemental.

Les efforts se portent aujourd’hui sur le « maintien du site en bon état », à travers un plan de gestion permanent. Il s’agit d’encadrer la fréquentation de certaines zones de la chaîne des Puys, assurer l’entretien de la forêt (le site s’étire sur 32 kilomètres de long, pour 10 kilomètres de large), ou encore permettre aux activités agricoles de demeurer compatibles avec le site. « Jusqu’à une époque récente, il y avait un développement anarchique de la forêt. Aujourd’hui, sa gestion est raisonnée et nous nous devons de déboiser certains volcans de façon douce, pour bénéficier des points de vue. Parfois, vous êtes sur le sommet d’un volcan, mais avec la forêt, vous ne vous en rendez pas compte », ajoute-t-il.

Le Panoramique des Dômes

Le Panoramique des Dômes

Vers une offre d’hébergement

« Nous souhaitons maintenant trouver des investisseurs pour créer uneoffre d’hébergement », assure Jean Yves Gouttebel. Il pourrait s’agir de « lodges », bâtis dans la chaîne des Puys ou en périphérie, pour accueillir davantage de visiteurs. Ces infrastructures devront parfaitement s’inscrire dans le paysage, car le site ne doit bien sûr pas être dénaturé. « Il s’agit aussi de valoriser, sur le plan économique, l’inscription à l’Unesco, en assurant la promotion du territoire », révèle-t-il. Le président du Conseil départemental vient de recruter un chef de projet en faveur de cette valorisation économique. Sa mission ? Créer du lien entre les différents acteurs publics et privés de la zone. Le temple de Mercure, qui trône au sommet de puy de Dôme, poursuit sa cure de jouvence. Même s’il est impossible de rebâtir le temple, les ruines de ce dernier devraient être étoffées : « Nous voulons lui redonner une allure qui laisse travailler l’imagination. Une première tranche de travaux est déjà terminée ; une seconde va être enclenchée avec des financements issus à 80 % du département ».

La chaîne des Puys n’est pas le seul le site à faire l’objet d’une campagne de valorisation. Sur le plateau de Gergovie, qui fut le théâtre d’une bataille éponyme durant la Guerre des Gaules, une maison de site a déjà vu le jour. Jean-Yves Gouttebel n’entend pas s’arrêter là : après concerta tion avec le ministère de la Culture, une campagne de fouilles va y être menée. À terme, un musée national d’archéologie pourrait naître sur le site. C’est du moins le souhait du président de département.

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