L’Auvergnat de Paris : 139 ans d’histoire en 7000 numéros

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Pour fêter la sortie du 7 000e numéro de « L’Auvergnat de Paris », nous avons sélectionné des articles empruntés à la toute première publication du journal, puis tous les 1 000 numéros (soit un numéro tous les 20 ans) qui ont suivi jusqu’à aujourd’hui.

L'Auvergnat de Paris est né le 14 juillet 1882. Crédits : Auvergnat de Paris.
L'Auvergnat de Paris est né le 14 juillet 1882. Crédits : Auvergnat de Paris.

N°1 : Le 14 juillet 1882, le premier édito de Louis Bonnet

L’Auvergnat de Parisest né, et il est né viable. C’est tout armé qu’il est sorti d’un cerveau têtu d’Auvergnat. Il paraît aux grands et longs jours de juillet, dans un jour de fête. Nous n’évoquerons point, certes, en ce journal qui ne veut pas s’occuper de politique, les souvenirs de la houleuse journée du 14 juillet 1789 ; mais nous nous rappelons que, ce jour-là, les soldats plébéiens de Camille avaient au chapeau une feuille verte, et cette feuille verte, signe de l’Espérance, nous la prenons aussi pour emblème. Tout pour l’Auvergne ! Tel est le cri de ralliement que nous poussons au début.

Chanter nos héros, dire ce que furent nos philosophes, nos littérateurs, nos postes ; se pencher sur le cercueil des morts chers et obscurs, tels que Veyre par exemple, et jeter une poignée de leur poussière au grand soleil de Paris qui la fera resplendir et scintiller encore ; ouvrir toutes grandes nos portes aux jeunes qui arrivent et qui veulent vivre, leur dire qu’il est une foule ignorée qui s’intéresse à eux et qui les accompagne de ses vœux; puis, nous retournant vers ces braves gens qui nous viennent des confins méridionaux de la Haute-Auvergne, de la Lozère, et de l’Aveyron, leur apprendre qu’ils ont des compatriotes illustres, des compatriotes dont ils peuvent, avec fierté, citer le nom, en disant : il est du pays, celui-là ! – voilà notre principal but.

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Journal littéraire et patriotique, cela n’est pas assez. Un jour, on vendait à l’encan le mobilier de Bernardin de Saint-Pierre ; on vit un brave homme d’Auvergnat pousser jusqu’à 6 francs un arrosoir que nul n’avait estimé plus de vingt sous; un littérateur qui se trouvait là, enthousiasmé, se leva et vint vers l’Auvergnat pour le féliciter.« C’est bien,lui dit-il,d’avoir voulu conserver un souvenir du grand homme. »

« Oui,répondit l’Auvergnat,mais c’est qu’aussi j’avais gratté l’arrosoir et j’ai vu qu’il était en cuivre. »Ainsi donc, parlons aussi, et surtout de nos intérêts. À l’Auvergnat qui veut revenir au pays, nous dirons quel est le coin de terre qu’il pourra prendre pour son nid de retraite. À celui qui vient, nous livrerons nos colonnes ; il y pourra dire ce qu’il veut faire et où il demande à utiliser son activité. À l’Auvergnat parisien nous rappellerons constamment la patrie ; nous lui dirons tout ce qui s’y passe et tout ce qui s’y fait. À tous les nôtres, nous ouvrons notre journal. Nous ne sommes pas des hommes de parti ; l’honneur seul et les intérêts de notre race nous sont chers. Quiconque sera grand parmi les Auvergnats, quiconque aura conquis un nom on aura bonne volonté pour en conquérir un, sera fêté et choyé dans notre feuille.

N° 1000 : Les premiers faits divers de « L’Auvergnat de Paris »

Avec le journal naissent les « nouvelles du pays ». Ces dernières vont animer, chaque semaine, la communauté Parisienne, avides de découvrir les faits divers de leur patrie. Il est ici question des premières affaires relatées, avec force détails dans les colonnes du journal.

On vient d’écrouer à la maison d’arrêt de Tulle un jeune criminel, nommé Jacques Borde, coupable d’avoir allumé trois incendies.« C’était pour m’amuser,a-t-il répondu au juge d’instruction,je voulais faire des feux de joie. »

– Du côté d’Aumont, un éleveur s’étonne, avec raison, de la faveur donnée à la race Durham aux concours de 1899. Traitée plus avantageusement qu’aucune race française, puisqu’elle reçoit 39 prix représentant une valeur de 11.975 fr. tandis que nos grandes races les plus favorisées reçoivent : la race normande 38 prix, pour une valeur de 9.829 fr, la race limousine 27 prix, pour une valeur de 2.600 fr, la race charolaise 27 prix, pour une valeur de 9.450 fr, la race des Salers 27 prix, pour une valeur de 9.300 fr et la race flamande 21 prix, pour une valeur de 8.000 fr.

– Un paysan de la commune de Malbo, canton de Pierrefort (Cantal), a trouvé dernièrement dans le creux d’un arbre cinq louveteaux qu’il a pris pour des petits renards et qu’il a tués. Sa femme est venue quelques instants plus tard prendre les louveteaux pour les promener dans la commune et gagner ainsi quelque menue monnaie ; mais, au moment où elle s’approchait de l’arbre, la louve s’est précipitée sur elle ; on a eu beaucoup de peine à dégager cette malheureuse femme.

– À Tauves, depuis quelque temps oies, canards, lapins, poules et poulets disparaissent comme par enchantement, l’un des volés, M. B., tunnelier à Tauves, après quatorze mois d’attente, a fini par pincer les voleurs. La gendarmerie fait une enquête.

POLITIQUE : Quand les laïcards affrontaient le clergé

Dans cet article extrait du 1er numéro de l’année 1900, Louis Bonnet s’attarde sur le président du conseil général du Cantal et sur les « faux patriotes ». Cinq ans avant la Loi de séparation des Églises et de l’État, les tensions sont fortes entre le clergé et les tenants de la laïcité.

M. Antoine Chanson, ancien député, président du conseil général du Cantal, est appelé, de la présidence du tribunal d’Issoire, à celle – plus importante – de Moulins. Les journaux républicains du Puy-de-Dôme sont unanimes à nous apporter l’éloge de M. Chanson, magistrat actif, expéditif, sachant avec autorité diriger son tribunal. Esprit très net, ennemi des vaines phraséologies, saisissant rapidement les affaires, M. Chanson mérite, certes, tous les compliments qui lui sont décernés. Mais il est nécessaire aussi de noter le rôle important qu’il a joué et qu’il joue, en l’accentuant, dans la politique cantalienne.

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M. Chanson n’était qu’un ordinaire avoué de chef-lieu d’arrondissement, menant bien son étude, mais sans notoriété, sans autorité, ayant sans doute imprudemment semé de rudes inimitiés autour de lui, lorsqu’il prit en main le drapeau de la République qui paraissait à tout jamais compromis dans l’arrondissement ; s’il ne le fit que momentanément et même partiellement triompher, là où il en avait la garde, il le hissa pourtant si haut que tout le département lui en garda de l’estime et de la confiance.

Aujourd’hui, il est le chef incontesté du parti radical et anticlérical cantalien. Président du conseil général, il a pris nettement position contre les faux patriotes qui, revenus dans les fourgons de l’étranger, prenant à Rome leur mot d’ordre, voudraient imposer à notre démocratie la République des jésuites. Le nouveau président de Moulins est le père de notre ami M. Georges Chanson, avocat à la cour d’appel de Paris, qui, suivant les dignes traditions de sa famille, ne pactisera jamais avec la tourbe des patriotards ensoutanés ou non.

N° 2000 : Au sortir de la Première guerre, l’étranglement de la presse

En janvier 1920, Louis Bonnet, toujours fidèle au poste, s’insurge de l’explosion du prix des fournitures et du papier tandis que la France est enlisée dans la Grande Guerre. Alors que les conditions de vie sur le front sont encore mal connues, le cours des matières premières flambe. Le fondateur de « L’Auvergnat de Paris » publie ainsi les solutions proposées par ses lecteurs.

Quel moyen devons-nous employer pour couvrir les frais sans cesse accrus qui nous sont imposés par augmentation du prix du papier et par la cherté chaque jour plus grande des fournitures dont nous avons besoin ? Je remercie les très nombreux compatriotes qui ont bien voulu répondre à mon appel et me témoigner, une fois de plus, l’intérêt qu’ils prennent à la prospérité de l’organe de notre colonie parisienne. Je dois dire de suite que la très grande majorité des avis motivés qui m’ont été donnés, soit verbalement, soit par lettre, conclut à l’augmentation pure et simple du prix des abonnements.

« Vous n’avez pas augmenté le prix de votre hebdomadaire, m’écrit un abonné de Creil, dans les mêmes proportions que les autres directeurs de journaux, puisque ceux-ci ont doublé le montant des abonnements à leurs feuilles, bien avant que vous vous décidiez de faire payer L’Auvergnat dix francs, somme qui ne représente qu’une augmentation des deux tiers sur le prix d’avant-guerre. Si les journaux quotidiens se mettent à quinze centimes, vous n’avez aucune raison d’hésiter à porter le prix de votre abonnement à quinze francs et vos abonnés ne bouderont pas devant votre décision. »

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« Vous avez, m’écrit un autre lecteur, une clientèle qui est on ne peut mieux placée pour constater la montée incessante de tous les produits […] ; quel est le petit commerçant abonné à L’Auvergnat de Paris qui songera à s’étonner de voir augmenter le prix de son abonnement alors que lui-même, pour arriver à gagner sa vie est obligé de vendre cinquante et soixante centimes le verre de vin qu’il débitait autrefois pour trois et quatre sous ? »[…] Dans notre courrier de cette semaine, trois lettres seulement abordent la question de la diminution de notre format. D’après l’une, nous devrions envisager la possibilité d’employer un papier ayant les dimensions de celui du journal L’Œuvre ; les deux autres nous font savoir que leurs auteurs verraient sans inconvénients L’Auvergnat de Paris à quatre pages, avec suppression des informations concernant divers départements « inutiles ». Je dois dire que parmi les départements qui me sont signalés comme « inutiles », ne figure pas celui d’où sont originaires les deux compatriotes qui veulent bien nous donner cet avis.

J’étudierai, avec vous, mes chers lecteurs, dans un prochain numéro, ces deux questions de l’augmentation du prix de l’abonnement et de la réduction du format : elles sont, en effet, assez importantes pour fournir à elles seules le sujet d’un et même de plusieurs articles.

Quelques lecteurs me conseillent d’ouvrir une souscription dans nos colonnes pour permettre de ne rien changer à la physionomie du journal. Tout en sachant gré à leurs auteurs des excellentes intentions qui ont certainement présidé à la conception de l’idée qu’ils me soumettent, je déclare très nettement que pour assurer l’existence de L’Auvergnat de Paris, journal d’une colonie florissante et prospère, nous ne devons pas être obligés de tendre la main. En nous adressant, sans fausse bonté à nos amis, pour qu’ils nous prouvent leur sympathie en faisant autour d’eux la propagande utile pour augmenter le nombre de nos abonnés et pour développer notre publicité, nous nous maintenons dans des limites qui nous permettent de ne rien abandonner de notre dignité et de notre indépendance : il n’en serait pas de même, croyons-nous, le jour où nous ferions appel à générosité de ces mêmes amis.

Je crois devoir terminer cette courte insertion de la correspondance que m’a valu mon dernier article, en citant quelques phrases d’une lettre d’un amicaliste convaincu et d’un ami dévoué du journal qui me fait remarquer que, depuis sa démobilisation, il ne nous a pas fait parvenir moins de seize abonnements nouveaux, recrutés dans son entourage.« Il n’est pas si difficile qu’on pourrait le croire, me dit-il,de décider un camarade à donner dix francs pour recevoir L’Auvergnat […]. Mais il y aurait un moyen efficace de recruter en peu de temps un nombre considérable de clients : pourquoi, dans nos reunions d’amicales, le président ou le secrétaire ne demanderait-il pas en fin de séance, quels sont les sociétaires qui veulent s’abonner au journal, et ne se chargerait-il pas de vous faire parvenir l’argent et les adresses des adhérents ? »

N° 3000 : 1940, le récit de la mise en place d’une économie de guerre

C’est une nouvelle fois durant un conflit sanglant que paraît, 20 ans plus tard, le numéro 3000 de « L’Auvergnat de Paris », en janvier 1940. Louis Bonnet n’est plus, mais le journal perdure.

Ainsi qu’il était facile de le prévoir, le Sénat, après la Chambre des députés, a voté à l’unanimité le budget civil de 1940, après un remarquable discours de M. Paul Reynaud, ministre des Finances, au cours duquel a été définie, aux applaudissements de l’assemblée, notre économie de guerre.

À l’unanimité des 303 votants, la Haute Assemblée répondit à l’appel du ministre des Finances. Le lendemain avait lieu la discussion sur les crédits militaires.

M. Daladier, président du Conseil, monta à la tribune et compléta en quelque sorte les déclarations qu’il avait faites la semaine précédente à la tribune de la Chambre et dont nous avons donné de larges extraits dans notre précédent article. Le président du Conseil, après avoir passé en revue les devoirs qui s’imposent pour augmenter notre force sur terre, sur mer et dans les airs, en arrive à parler de la communauté d’actions entre la France et la Grande-Bretagne : « […] Cette union franco-britannique, elle est ouverte à tous. Mais je déclare formellement que, sans des garanties matérielles et positives, la France ne déposera pas les armes. Autant je me méfie des grandes conceptions utopiques, autant je suis partisan des garanties matérielles contre le retour d’événements tels que ceux dont nous souffrons aujourd’hui, autant que je conçoive que l’Europe devra recevoir une organisation plus large que celle qui a existé jusqu’à présent. […] Notre résolution virile de poursuivre la lutte jusqu’au bout exige de tous de durs sacrifices. Nos soldats offrent celui de leur vie. Comment le reste de la nation refuserait-il de sacrifier son or. Comment pourrait-on, à l’arrière, reculer devant quelques privations ? »

Amicalisme : La bourrée tient bon !

Malgré le climat pesant de l’entrée en guerre contre le nazisme, l’amicalisme tient bon. J. Vedret, secrétaire général de La Bourrée de Paris, est en quête de participants.

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Notre prochaine réunion aura lieu demain dimanche 7 janvier 1940, toujours chez notre compatriote Mme Prat, au café Le Limousin, 63, rue Turbigo, à 15 heures. Nous avons l’espoir d’accueillir parmi nos jeunes filles plusieurs de nos jeunes gens qui doivent venir en permission. Inutile d’ajouter que les uns et les autres seront bien heureux de se retrouver. À ceux qui ne pourront pas être des nôtres cette fois-ci nous adressons le souhait de les voir à la prochaine réunion, c’est-à-dire en février. Nous rappelons aux quelques jeunes filles qui n’ont pu venir en décembre que nous comptons sur toutes celles qui sont à Paris, ayant à leur donner des instructions au sujet des envois à nos chers absents.

Revue de presse : La guerre s’impose au monde

S’attardant déjà sur l’exercice de la revue de presse, « L’Auvergnat de Paris » relate les occupations éditoriales d’une époque hantée par la guerre.

Le Petit Parisien – Parlant de la guerre européenne, le chef de la grande république américaine [Franklin Roosevelt, NDLR] a précisé l’attitude des États-Unis en des termes qui montrent que s’il ne songe pas à entraîner son pays dans le conflit, il compte pourtant participer à la construction du monde meilleur qui doit résulter de la lutte des nations libres contre la politique de proie des dictatures.

L’Excelsior – Pour bien imaginer les Béatitudes célestes, écrivait le sage Montaigne, il faut les imaginer inimaginables. D’après Goering, les projets infernaux d’Hitler, cet antéchrist, seraient inimaginables. Ne perdons pas notre temps à pénétrer leur mystère, ne nous leurrons pas, mais ne nous frappons pas. Et par-dessus tout, méfions-nous des bobards et des rumeurs répandus par des traîtres. Demeurons lucides et résolus. Faisons ardemment notre métier. Payons nos impôts. Envoyons quelques douceurs à nos soldats. Assistons leurs familles. Et dans les moments de trouble et de doute, souvenons-nous comme le faisait Foch, que Dieu protège la France.

N° 4000 : Justice : crimes et châtiments

Dans cette édition datée de 1951, « L’Auvergnat de Paris » se questionne sur la légitimité de reporter, dans ses colonnes, les conclusions des jugements de cours. Le lectorat, à qui l’on présente l’instruction de diverses affaires, ne connaît en effet jamais l’issue judiciaire apportée à chaque dossier. Une inconnue dont les lecteurs ne souhaitent plus se passer.

Dans mon « Propos » [du nom de la rubrique concernée, NDLR] du 8 juillet 1950, intitulé « Le temps des assassins », je demandais qu’on rendit justice… à L’Auvergnat de Paris qui ne remplit pas ses colonnes avec la relation des crimes, des délits et des jugements qui en sont la sanction. Nos correspondants sont même prévenus que « nous n’insérons pas les procès et les amendes » . C’est une règle absolue, malgré l’attrait que présentent parfois les audiences des tribunaux correctionnels, où se déroulent bien des scènes comiques…

Nos compatriotes ne fréquentent guère les juges, sauf pour des procès civils, entre voisins, entre propriétaires et fermiers, comme partout – moins que partout – et cela ne regarde que les intéressés. Parfois, on les appelle devant le tribunal parce que le braconnage des eaux et des bois a pour eux des attraits irrésistibles. Mais il arrive que les cours d’assises du Massif central, n’ayant aucune affaire au rôle, ne siègent pas. Quant aux tribunaux correctionnels…

J’ai sous les yeux le compte rendu de l’audience du 15 décembre, dans une sous-préfecture du Cantal. On y a jugé sept personnes, dont une seule de la région : un ouvrier agricole qui avait commis un délit si peu grave, qu’on ne lui a infligé, par défaut, que six jours de prison avec sursis. Les six autres étaient des étrangers. Mes chers lecteurs, tirez-en la conclusion que vous voudrez.

Ruralité : La banalité du quotidien

Il est délectable de se replonger dans les faits divers d’époque. S’ils paraissent aujourd’hui anodins, dans les années 1950 ils constituaient un rendez-vous immanquable pour les lecteurs.

– La voiture de M. Izard, dentiste, ayant dérapé sur la route couverte de verglas, a heurté une camionnette, avenue de Calmont. M. et Mme Izard ont été légèrement blessés. La voiture a subi d’importants dégâts.

– L’ouverture de la saison de ski 1950-1951 s’est effectuée à Laguiole même, avec 50 centimètres de neige et 70 centimètres aux pistes du Roussillon. L’accès aux pistes va être assuré incessamment. Le chalet est en bonne voie d’achèvement. Durant les vacances de Noël, les hôtels ont consenti des tarifs spéciaux pour les skieurs. Il est demandé à tous les clubs intéressés de faire une sélection de leurs skieurs, car le nombre des stagiaires sera assez réduit. Une réunion a eu lieu le 23 décembre, à la mairie, pour la distribution des licences de ski, saison 1950-1951, donnant droit à une assurance collective couvrant les dommages causés aux tiers et les frais de recherche et de transport en cas d’accident personnel durant l’exercice du ski.

– Record peu banal : pris à la veille de Noël, écroué le lendemain, condamné le surlendemain, tel est le périple conduit par Émile Bonal, 37 ans, cultivateur, qui s’était emparé d’une camionnette appartenant à M. Fabre, boulanger à Rodez. Six mois de prison ; tel est le bénéfice de son exploit. Il n’en était pas à son coup d’essai.

– À Brive, au cinéma du « Splendid », un radiateur ayant trop chauffé et une vague odeur de brûlé s’étant fait sentir, une panique s’ensuivit avec bousculades vers les portes de secours. Le haut-parleur rassura bien vite les spectateurs qui reprirent leur place après avoir respiré l’air frais du dehors.

N° 5000 : Les pastourelles ont la cote

Dans l’Histoire de « L’Auvergnat de Paris », on retrouve une forte concentration de folklore et autres traditions, empreintes du passé. Outre la bourrée ou la cabrette, les pastourelles faisaient et font encore partie de cet important héritage auvergnat. Dans cet article de janvier 1973, il est question de la préservation des costumes traditionnels des pastourelles.

En 1973, Les Pastourelles du Bas-Limousin ont connu une grande année. En effet, elles ont remporté le collier d’argent aux jeux internationaux qui se sont déroulés à l’automne à Dijon ; mais nous y reviendrons tout à l’heure. Les Pastourelles du Bas-Limousin, c’est une société postscolaire d’éducation artistique, affiliée à la Ligue de l’enseignement et à l’Amicale folklorique internationale, dont le siège est à Brive et qui fut fondée en 1929 par Mlle Thérèse Simonet sous le nom de La Yoyette. Ce n’est qu’en 1934 que cette société prit le nom qu’elle porte encore aujourd’hui. Sa fondatrice la dirigea jusqu’en 1951, date de sa mort, et à cette époque son frère Alfred Simonet (1891-1971) prit le relais, aidé par M. Dechaud qui en assure aujourd’hui la présidence, aidé dans sa tâche par M. et Mme Chevalier qui occupent respectivement les fonctions de directeur administratif et de trésorière.

Au départ, cette troupe n’avait qu’un objectif : ne pas laisser tomber dans l’oubli les costumes du Bas-Limousin – qui comprend toute la Corrèze – et que portaient nos ancêtres sans oublier les coiffes et palholes (chapeau de paille). Aujourd’hui, les objectifs de cette société se sont étendus et les pastourelles cherchent par tous les moyens à faire revivre bien entendu les costumes de cette région qui furent portés à partir de 1850, mais aussi les danses et les bourrées du Bas-Limousin ainsi que les chants qui ont été recueillis par Th. Simonet et Marguerite Genès, amie et conseillère de cette dernière, maîtresse en gai savoir, églantine d’or du Félibrige, qui multiplia les démarches afin que « Lou Lemouzi Longo de ma maire » et le français soient conjointement enseignés à l’école.

De plus, les pastourelles depuis deux ans réaniment une fois l’an, au mois de juillet, la vie d’un village corrézien en organisant avec les habitants et différentes sociétés une fête d’antan : anciens métiers reconstitués, repas des jours de fêtes de jadis, représentations folkloriques, etc. En 1972 ce fut Albignac, en 1973 Turenne. En outre, cette société comprend différentes unités de recherche. La dernière créée s’est lancée dans une opération « Sauvegarde de la Corrèze » et à cet effet elle vient d’éditer une brochure intitulée « Comment restaurer ou construire une maison » . Ce document on peut se le procurer en s’adressant à Mme Chevalier, 6, rue Madame-de-Sévigné, Brive.

Enfin, signalons la sortie de deux disques. Si le premier est épuisé on peut encore se procurer le second (prix : 25 F) en s’adressant à l’adresse indiquée ci-dessus. D’autre part, les pastourelles publient quatre fois l’an un bulletin servi aux membres honoraires (cotisation annuelle 10 F à adresser à Mme Chevalier).

Lozère : Éloge de la forêt

Dans cet extrait d’article intitulé « La Lozère, aujourd’hui grenier à bois du Languedoc, demain pays aux fabuleuses richesses forestières », un journaliste défend l’exploitation des forêts lozériennes.

Si le bois est inconnu en Languedoc, il est paradoxal de constater que la Lozère ignore aussi cette immense richesse, comme si le Koweït pouvait ignorer le pétrole ! Le châtaignier reste un arbre pour sujets littéraires, sentimentaux, voire prétextes à homélies pastorales. Jetons un regard sur la production de son bois sans parler des châtaignes.

Actuellement, l’exploitation doit être à peu près nulle et il doit falloir remonter aux années antérieures à 1965 pour retrouver une production non négligeable du châtaignier utilisé par les usines à tanin. Or, les techniciens de la Rénovation rurale qui envisagent sous l’impulsion des exploitants forestiers de la Lozère, une usine à panneaux de particules, à Chanac, sont très pessimistes sur l’importance du bois sur pied en Lozère et, notamment, sur le châtaignier qui rentre dans une large part dans la fabrication des panneaux. Pourtant, les chiffres de l’inventaire forestier révèlent une masse énorme de matériel sur pied. Pour la Lozère, 19 050 hectares dont 6 250 taillis.

N° 6000 : Roger Cazes nous a quittés

Dans cette édition du samedi 2 mai 1987, « L’Auvergnat de Paris » rend hommage à Roger Cazes de concert avec les plumes gastronomiques d’alors. L’emblématique patron de la brasserie Chez Lipp – « temple du Tout-Paris politique et littéraire » – vient alors de décéder. « Un nouveau chapitre de la légende du siècle des Auvergnats de Paris vient de se clore », écrit notre confrère des années 1980.

« Lipp est en deuil, le roi Cazes est mort. »

Nombreux ont été nos confrères de la presse parisienne à rendre hommage, en des termes presque mythologiques, à notre compatriote Roger Cazes, patron de la brasserie Lipp, décédé le 23 avril dernier à l’âge de 73 ans des suites d’une longue maladie. * C’est que la brasserie Lipp, dont il était le maître incontesté, fut et restera – Michel Cazes, son neveu, va reprendre le flambeau familial -le rendez-vous obligé du Tout-Paris politique et artistique. Aujourd’hui, le nom des Cazes -avant Roger, il y eut Marcellin, descendu en sabots un jour de l’été 1904 des monts d’Aubrac pour faire fortune à Paris, il y réussit si bien qu’il devint propriétaire dès l’année 1920 de la brasserie « Chez Lipp » (du nom de son fondateur alsacien) sise au 151, boulevard Saint-Germain – s’inscrit dans la légende du siècle des Auvergnats de Paris.

Bref, les Cazes ont fait de la brasserie Lipp un lieu privilégié. Depuis plus d’un demi-siècle se sont côtoyées et se côtoient les têtes d’affiche de la capitale : Léon Blum, Édouard Herriot, Charles de Gaulle, Georges Pompidou, François Mitterrand, Valéry Giscard d’Estaing […] et, côté littérature (1), Ernest Hemingway, Léon-Paul Fargue, Jacques Laurent, Robert Sabatier […]. Tous ont participé sous la « direction » vigilante de Marcellin, puis de Roger Cazes, véritable metteur en scène de la vie politique et littéraire, à cette saga arverno-parisienne. Désormais dans la légende du siècle, le nom de la brasserie Lipp et celui de Cazes ne font qu’un. Roger Cazes, qui a suivi les traces de son père, fut le génie du lieu. La presse nationale, qui a tenu à lui adresser un dernier salut, ne s’y est pas trompée.

* Les obsèques ont eu lieu le 30 avril en l’église de Saint-Germain-des-Prés. Roger Cazes a été inhumé au cimetière de Sceaux.

(1) La littérature tenait une grande place dans la vie des Cazes. En 1937, Roger Cazes avait d’ailleurs fondé avec son père un prix portant son nom. Parmi les lauréats citons : Jean-Louis Curtis, Luc Bérimont, Edgar Faure. Le prix 1987 a été remis à l’historien Joël Schmidt pour son livre Lutèce, Paris des origines à Clovis (Librairie académique Perrin).

Revue de presse

– Le Figaro « L’ami des gloires et du temps »

« Lipp fut par son prestige (Le Figaro) une succursale de l’Assemblée nationale et une annexe de l’édition et de l’Académie française. On a raconté le dîner Pompidou-Giscard. On énumère les romanciers « lipmens », de Hemingway à Robert Sabatier et de Françoise Sagan à Jacques Laurent. On sait moins que ce personnage capital de la vie parisienne était resté profondément attaché à son Aubrac ancestral, et toujours fidèle à ses amis : si obscurs fussent-ils, ils trouvaient toujours chez lui un siège et une poignée de main […] »

-Libération « La Légion d’honneur »

Rappelant que Roger Cazes avait reçu en novembre 1978 à l’Hôtel de Ville la légion d’honneur, le quotidien Libération précise qu’elle figurera en bonne place sur son cercueil […] « Pendant plus de trente ans, souligne Libération, cet homme au cheveu grisonnant et à la moustache tendance bougnat a régenté le Tout-Paris au déjeuner comme au dîner, le sourcil perpétuellement suspendu sur des lunettes de secrétaire de mairie qui aime le Havane. Cet homme a vécu planté au sortir de la porte à tambour, guettant le client pour le déshabiller du regard et décider s’il était recevable ou non, et si oui, s’il méritait le rez-de-chaussée ou la salle du premier étage. »

Édition : « L’Auvergnat de Paris » fait son retour

Après avoir déposé le bilan durant l’été 2009, « L’Auvergnat de Paris » est en bien mauvaise posture.L’hebdomadaire, en proie à de graves difficultés financières, est finalement placé en liquidation judiciaire le 6 août 2009. C’est le groupe MBC (Michel Burton Communication) qui sauvera finalement le journal en devenant, le 15 octobre 2009, le nouveau propriétaire du titre. Michel Burton réalise alors son premier édito.

Un peu à la manière d’Obélix, je suis tombé dans la marmite de la presse lorsque j’étais tout petit. Et je dirige des affaires de presse depuis mars 1973, consacrées à des centres d’intérêt différents. Mais depuis 20 ans, nous avons racheté et créé des titres spécialisés dans le CHR, cafés, hôtels, restaurants, s’intéressant aux produits et à leurs terroirs et donnant la parole aux femmes et aux hommes qui, à travers leur savoir-faire, sont capables de tirer la quintessence de ce que la nature propose. Et la fin de la chaîne est tout aussi importante à nos yeux : savoir choisir, préparer, servir et défendre l’excellence dans la relation qualité-prix. Assister à la probable disparition de L’Auvergnat de Paris a été pour nous un véritable crève-cœur !

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Voilà pourquoi L’Auvergnat de Paris a rejoint notre groupe et nos équipes. L’urgence était que le titre reparaisse. Il se sera écoulé moins de 20 jours entre la décision du Tribunal et le retour en kiosque. Mais il faut savoir aussi donner du temps au temps. Quelques semaines seront nécessaires pour que nous vous proposions un Auvergnat de Paris adapté à son temps. Nous travaillerons selon les principes de notre groupe : professionnalisme, honnêteté, respect et écoute de nos lecteurs, sans oublier l’indispensable réalisme économique. Merci de votre soutien, écrivez-nous.

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