Le Bibendum muscle son cœur clermontois

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Même si la firme au Bibendum s’apprête à fermer l’un de ses sites français, pas question pour elle de prendre ses distances avec Clermont. Son cœur bat sur les bords de la Tiretaine depuis 1889. Un lien indéfectible qui se traduit aujourd’hui par un tout nouveau bâtiment d’accueil, qui profitera à la fois au siège, mais aussi aux Clermontois.

C’est cent trente ans d’histoire qui s’écoulent ici. Depuis le commencement, Michelin développe ses idées et sa vision du monde aux Carmes. D’abord par facilité, guidé par l’énergie de cette petite rivière dont presque personne ne parle plus et qui, pourtant, a dessiné le dessein de l’une des entreprises les plus puissantes en France. La Tiretaine qui descend des volcans a permis de forger l’industrie Michelin. « Elle servait à alimenter en énergie les machines pour fabriquer les pneus, à l’époque », résume Frédéric Lorphelin, directeur des sites tertiaires de Michelin. De ces premiers pas auvergnats, l’entreprise a littéralement conquis le monde entier et peut se targuer aujourd’hui d’être l’un des deux derniers groupes français du CAC 40 a disposé d’un siège social en province. Un ancrage territorial qui reste fort et qui se traduit encore un peu plus ces derniers temps avec un investissement d’envergure de 20 millions d’euros sur ce site historique des Carmes et la réalisation d’un nouveau bâtiment d’accueil. En tout, sur ce site clermontois, ce sont 4 500 salariés qui évoluent, sur les 11 000 que compte au total toute la région de Clermont-Ferrand pour Michelin (Carmes, Cataroux, Ladoux, Chantemerle, Combaude, Gravanches et Brezet).


UN NOUVEAU VISAGE

Le groupe tentaculaire présent dans 170 pays, aux 68 sites de production répartis dans 17 nations, garde son cœur accroché à la ville de Clermont et muscle sa présence en construisant cette nouvelle vitrine de 4 400 m². Un nouveau cœur ouvert sur le monde extérieur avec, en parallèle, la rénovation totale de la place des Carmes, copilotée avec la ville de Clermont (financement public et privé). « Cette notion d’ouverture est une volonté de l’entreprise. La modernité, c’est aussi de continuer à garder et à attirer nos talents », explique Frédéric Lorphelin, en leur donnant des conditions de travail optimales. Le bâtiment d’accueil traduit donc logiquement cette notion de transparence. À l’intérieur, une serre végétalisée de 600 m², qui abritera des hévéas (arbres qui servent à la fabrication du caoutchouc) fera écho à la place des Carmes, qui sera elle aussi végétalisée et composée de plans d’eau et autres murs d’eau.


Le projet prévoit des lieux végétalisés et des murs d’eau


« Tout le rez-de-chaussée sera ouvert au public, avec une boutique Michelin, un espace d’exposition et un espace de convivialité situé juste à côté de la serre. »
Un espace qui prendra la forme d’une brasserie de 80 places, ouverte à tout le monde, un espace de petite restauration orienté surtout « sur le café, avec un peu d’exotisme, pour rappeler les lieux où sont plantés les hévéas », explique Frédéric Lorphelin. Le bâtiment devrait être livré en juin 2020 et la place totalement réaménagée courant 2021. À la clé, un nouveau visage pour ce quartier historique et l’expression d’un attachement territorial fort de Michelin envers son cœur auvergnat.


Frédéric Lorphelin, directeur des sites tertiaires de Michelin


MICHELIN EN CHIFFRES

PRÉSENT DANS 170 PAYS

641
millions d’euros consacrés à la recherche et développement

114 000
personnes employées

68
sites de production implantés dans 17 pays

21,96
milliards de ventes nettes en 2017


FERMETURE DE L’USINE DE LA ROCHE-SUR-YON

Malgré un investissement conséquent de 70 millions d’euros durant ces dernières années sur son usine de La Roche-sur-Yon, Michelin a annoncé sa fermeture pour la fin d’année 2020. Spécialisé dans la production de pneus poids lourds haut de gamme, le site avait l’objet d’un vaste programme nommé « Skipper » destiné à renforcer l’activité du site. Malgré l’implication des salariés et « la qualité du dialogue social », comme le souligne Michelin dans son communiqué, le destin de cette unité de production a été scellé. Une fermeture qui concerne 619 salariés, auxquels le groupe affirme vouloir proposer un accompagnement quant à leur avenir. Cette décision intervient dans un contexte concurrentiel difficile, sur « un marché européen attendu sans croissance et une concurrence exacerbée », notamment du côté de la Chine, qui produit des pneus à moindre coût et les commercialise à des tarifs beaucoup plus attractifs.


LE HALL 32 : OPÉRATION SÉDUCTION POUR L’INDUSTRIE

Michelin continue à innover pour attirer les talents et faire naître des vocations dans le secteur de l’industrie. Cette année, le site de Cataroux a vu le lancement d’un nouveau bâtiment de plus de 13 000 m2 dédié au centre de promotion des métiers de l’industrie: le Hall 32. Une création mise en place notamment « pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre dans les métiers de l’industrie ». Ce centre de formation clermontois novateur peut ainsi accueillir jusqu’à 300 étudiants en formation initiale et 1800 adultes en formation continue, dans des secteurs comme la maintenance, l’électricité, la production, la conception mécanique ou le pilotage de lignes de production. Le Hall 32 est aussi doté d’un Fab Lab et d’un Design Lab, ouverts aux entreprises et porteurs de projets externes. Un projet d’envergure qui traduit la volonté de Michelin de s’ouvrir sur l’extérieur et de continuer à être synonyme de propulseur d’innovations, au cœur de l’Auvergne. Un projet dont le coût s’élève à 30 millions d’euros issus de financement privés et publics (Michelin, Banque des territoires, Région Auvergne-Rhône-Alpes, Opcalia).


NOUVEAUTÉ : DES PNEUS SANS AIR

Michelin s’est allié à la General Motors pour présenter cette année un prototype de pneu Michelin nommé Uptis: une nouvelle génération de pneus « airless ». Son intérêt ? Proposer un pneu sans risque de crevaison. Un produit révolutionnaire qui s’inscrit dans un partenariat de recherches et développement entre les deux géants. Objectif de la manœuvre : proposer ces fameux pneus sans air à la vente dès 2024.
Une telle avancée technologique permettrait aux automobilistes d’être plus sereins quant à leur sécurité et, côté professionnels, des pneus increvables signifient la fin de l’immobilisation de véhicules pour cause de crevaison. Sans compter la dimension développement durable non négligeable : moins de matières premières seraient utilisées pour fabriquer des roues de secours.

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