Les touristes de retour dans la capitale du Bourbonnais

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Après un mois de juin à la reprise timide, les vacanciers arpentent de nouveau les rues moulinoises. Grâce aux nombreuses activités culturelles mises en place par la ville, l’été à Moulins est chargé, pour les commerçants comme pour les plaisanciers.

Malgré la crise sanitaire, la reprise touristique est amorcée à Moulins-sur-Allier. « Globalement, nous avons récupéré les taux de remplissage et de fréquentation de l’année dernière, à quelques pourcentages près », estime Philippe Boismenu, président de l’office de tourisme de Moulins. Les hôtels, chambres d’hôtes et autres Airbnb ont « bien tourné » en juillet et en août, les deux mois clés de la saison touristique à Moulins : « Le taux de remplissage des hôtels se situe entre 80 et 90 %. » Une bonne nouvelle pour les hôteliers, mais aussi pour les restaurateurs et commerçants qui font le plein après un début d’été plus complexe. « Juin a été un mois difficile. Les gens attendaient de voir ce qui se passait au niveau des règles sanitaires », complète Vanessa Puravet, responsable communication et commercialisation de l’office du tourisme. Mais cette période compliquée laisse place à un retour important des touristes qui remplissent les 127 établissements que compte la ville. Les CHR locaux ont pu compter sur un soutien de la mairie : outre la gratuité des droits de terrasses pour l’année 2020, la municipalité a également autorisé des extensions de terrasses pour bon nombre de restaurateurs. Au total, ce sont 1 700 m2 qui ont été accordés à titre gracieux. « La réussite des restaurants est en partie due à cette implantation de terrasses ; elle permet aux restaurateurs d’attirer la clientèle à l’extérieur, rattrapant ainsi ce qu’ils ne peuvent pas faire en salle du fait de la distanciation sociale. » À partir de 19 h, certaines rues sont même piétonnisées pour permettre ces extensions. Au-delà de ces établissements, la ville mise énormément sur son riche passé historique. 

Jusqu’au 3 janvier 2021, une exposition autour de l’Occupation et de la Résistance prend place dans le château des ducs de Bourbon de Moulins. Photo Ⓒ Zoé Besle ACDV


Le tourisme culturel, moteur d’activité touristique 

Selon une étude menée par l’office du tourisme en 2016, 70 % des touristes de Moulins sont des excursionnistes, soit des touristes qui viennent visiter la ville sans prendre un hébergement sur place. Pour eux comme pour les 30 % de touristes qui séjournent à Moulins, le tourisme culturel est leur principale activité : seul 1,5 % des touristes ne pratique pas d’activité culturelle lorsqu’ils se rendent à Moulins. « Les atouts de Moulins sont les sites culturels. Notre histoire est très développée », affirme Vanessa Puravet. La capitale du Bourbonnais fut la résidence d’Anne de France, régente du Royaume de France. On y trouve la cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation, l’église du Sacré-Cœur ou encore le château des ducs de Bourbon, symboles de ce passé médiéval. Mais l’histoire contemporaine n’est pas en reste : Moulins, située à la frontière des zones occupées et libres, a également été un haut lieu de la résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Ce patrimoine est mis à l’honneur à travers l’exposition L’Allier comme en quarante !, à découvrir au château des ducs de Bourbon, une ancienne prison nazie durant l’Occupation. Mais la destination culturelle incontournable de Moulins demeure le Centre national du costume de scène. Un touriste sur quatre se rend à Moulins dans le but de le visiter. 

Renouvelé pour la deuxième année consécutive, l’événement Moulins entre en scène illumine les façades de la ville. Des mapping vidéo de dix à vingt minutes mettent à l’honneur les bâtiments historiques de la ville. Photo Ⓒ Moulins tourisme


Un centre-ville dynamique, des CHR qui se réinventent 

Le dynamisme du tourisme moulinois s’explique en partie par la politique de redynamisation du centre-ville engagée par la mairie. Pour lutter contre sa désertification, la ville s’est dotée d’un manager de centre-ville en la personne de Cyril Martin, une première dans le département de l’Allier. « Quand je suis arrivé, le taux de vacance commerciale était légèrement au-dessus des 15 %, aujourd’hui, nous sommes à moins de 10 % : ça a été un travail énorme pour arriver à ce chiffre. » Arrivé en 2017, il a depuis largement rempli les locaux autrefois désertés du centre, même si la crise de la Covid-19 a tout de même eu un impact sur les commerces moulinois. « Tout le monde s’attendait à beaucoup de casse, mais pour l’instant nous n’avons que quatre ou cinq fermetures supplémentaires liées à la crise, mais il faut rester vigilant, regarder les mois, voire l’année à venir. » Pour aider commerçants et restaurateurs à renflouer leur trésorerie, plusieurs chèques cadeaux ont été vendus auprès des particuliers. Le premier, Moulins Kdo, a été créé il y a deux ans, en partenariat avec l’association Moulins promotions, qui regroupe la CCI et les associations de commerçants de la ville. « Au départ, ce chèque était destiné aux comités d’entreprise : l’idée était d’éviter l’évasion commerciale, en faisant en sorte que les gens dépensent dans les établissements moulinois. » Le 12 mai, le chèque a été ouvert aux particuliers, avec une opération spéciale: pour un chèque de 15 €, la mairie finançait 20 %, soit une économie de 3 € pour l’acheteur. « Ces chèques étaient une aubaine pour le consommateur comme pour le commerçant : le paiement se faisait sous huit jours et il n’y avait aucuns frais de commission. » L’opération a très bien fonctionné : 100 000 € de chèques ont été vendus entre le 12 mai et la fin juillet, l’équivalent de ce qui avait était vendu en 2019 sur toute l’année.

Un chèque dédié aux restaurateurs, Solidarité Resto, a également été mis en place. Comme Moulins Kdo, sa valeur faciale était de 15 €, dont 3 étaient assumés par Moulins Communauté. Les acheteurs pouvaient le dépenser dans les établissements de toute la communauté d’agglomération. « Le mécanisme était différent : les consommateurs précisaient dans quel établissement ils voulaient le dépenser, et les restaurateurs recevaient par virement –sans commission – le montant dans les quarante-huit heures, explique Cyril Martin, certains restaurants ont reçu la totalité de l’argent alors que les clients ne sont pas encore venus. » Pour ce second chèque, ce sont 50 000 € qui ont été écoulés durant l’opération.

Après une fréquentation en baisse au mois de juin, les touristes sont de retour depuis juillet dans la capitale du Bourbonnais. Photo Ⓒ Zoé Besle ACDV


Malgré ce soutien, la crise sanitaire a obligé les CHR à amorcer des changements majeurs dans le fonctionnement des hôtels et restaurants moulinois. Au Grand Café, célèbre établissement de la ville aux moulures Art déco, il s’est traduit par une réduction drastique de la carte. « Nous avons fait un mauvais mois de juin, moins 50 % de chiffre d’affaires par rapport à 2019, note Alexandra Belin, gérante de l’établissement, en conséquence, nous avons décidé de réduire notre carte, en gardant les plats qui fonctionnent le mieux : nous avons par exemple enlevé les rognons et gardé une seule salade bowl. » Du côté du Clos de Bourgogne, hôtel-restaurant quatre étoiles de la ville, le coronavirus a amené un repositionnement de l’offre restauration du lieu « À partir de la rentrée, notre restaurant sera fermé les midis, mais nous le maintiendrons le soir avec un positionnement plus gastronomique », souligne Bernard Chandioux, propriétaire de l’établissement. En parallèle, il a décidé de lancer un espace événementiel privatisable, situé dans le parc de l’établissement. Composé d’une annexe, d’une résidence et d’un « hébergement atypique » en cours d’élaboration, il accueillera mariages, team buildings et autres événements dès la fin du mois. « J’ai voulu penser mon hôtel différemment, en adéquation avec les nouvelles attentes des clients », conclut Bernard Chandioux

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