Bruno Faure, président du conseil départemental du Cantal, refuse l’obligation qui lui est faite d’instaurer un repas végétarien hebdomadaire dans les cantines. Il défend ce choix dans nos colonnes.
Sa prise de position s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Bruno Faure a affirmé qu’il n’appliquerait pas la loi qui prévoit l’instauration obligatoire d’un repas végétarien par semaine dans les cantines scolaires. Un parti pris assumé pour défendre l’agriculture locale.
Depuis le 1er novembre, la loi Égalim prévoit l’instauration obligatoire d’un repas végétarien par semaine dans les cantines scolaires. Dans le Cantal, le président du département a catégoriquement refusé de mettre en place cette mesure. Une décision sur fond de défense de l’agriculture locale, qui fait la force du territoire auvergnat. Mais pas seulement, car Bruno Faure est également professionnellement lié au secteur de la viande en tant que directeur chez Groupe Salers Évolution. Le cas du Cantal n’est pas isolé. Dans l’Allier, département qui assure une production de viande importante, le conseil départemental a également refusé cette obligation en avançant deux arguments : le surcoût et le gaspillage alimentaire qui en résulteraient et le fait que, pour certains enfants, ces quatre repas constituent peut-être l’une des rares occasions de manger du poisson ou de la viande.
Bruno Faure, président du conseil général du Cantal.
Antigaspillage et approvisionnement local
Dans le Cantal, Bruno Faure assume son choix et l’explique : « D’une part, j’estime que c’est aux parents d’éduquer les enfants sur les choix en termes d’alimentation. Ils ne mangent que cinq repas sur quatorze à la cantine scolaire, donc les parents ont tout le loisir de proposer des repas végétariens à la maison. Et, d’autre part, certaines familles n’ont pas le pouvoir d’achat suffisant pour offrir de la viande à tous les repas. Nous, pouvoirs publics, on se doit de le faire. » Cependant, si sa position a allumé quelques incendies sur les réseaux sociaux, laissant place à l’éternel débat pour ou contre le végétarisme, le président du conseil départemental l’affirme clairement : « Je n’impose pas de manger de la viande systématiquement à chaque repas ! Ce n’est déjà pas le cas, puisque dans toutes les cantines, on peut aussi bien proposer du poisson que des œufs, par exemple, et tout cela est toujours accompagné de légumes ».
« Je pense qu’il vaut mieux se concentrer sur la lutte contre le gaspillage et l’approvisionnement local », Bruno Faure.
Pour valoriser et favoriser la production locale, le département a déjà mis en place la plate-forme Agrilocal, qui permet une mise en relation entre producteurs locaux cantaliens et restaurants collectifs, et « certains établissements travaillent déjà en direct avec des agriculteurs des alentours », explique Bruno Faure, qui insiste sur le fait que la priorité pour éduquer les élèves dans l’assiette reste avant tout la qualité et les bons produits du territoire, « d’autant que si l’on faisait le bilan des repas végétariens, j’ai bien peur que l’on se retrouve avec pas mal de steaks au soja originaire d’Amérique du Sud, par exemple. Je pense qu’il vaut mieux se concentrer sur la lutte contre le gaspillage et l’approvisionnement local », ajoute-t-il. La loi en vigueur prévoit justement une réduction des emballages plastiques, mais, pour Bruno Faure, « il faut aller plus loin. Je ne nie en aucun cas le réchauffement climatique et la responsabilité humaine dans tout cela. Je pense simplement que l’on ne peut pas aller vendre notre superbe viande en Chine et faire importer de la viande du Canada ou autre, et du soja pour nourrir nos enfants ». Par ces mots, Bruno Faure fait référence à la visite en Chine du président Emmanuel Macron, qui a emmené trois éleveurs cantaliens de races locales, et aux récents accords validés pour le CETA. Une ambivalence qui crée selon lui « une réaction épidermique » au président du Cantal, qui alerte par sa position sur les menus végétariens dans la cantine au sujet « des mesures placebo pas meilleures que le reste ». Dans le Cantal, c’est le local, d’abord.