Vic-sur-Cère n’oublie pas son passé de ville d’eau

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Même si elle a fermé ses thermes, Vic-sur-Cère reste une ville d’eau avec quelques attributs essentiels : son kiosque, son casino et son musée.

Vic-sur-Cère représente un endroit idéal pour découvrir le Cantal. A mi-distance du Lioran et d’Aurillac, le village permet de rayonner assez aisément vers de nombreuses zones touristiques. En 2008, la cité de la vallée de la Cère qui porte le surnom de Suisse auvergnate, a fêté son siècle de tourisme. Les organisateurs se référaient à travers ce calcul à l’officialisation du casino en 1908. Mais en réalité le début de l’essor touristique date de l’ouverture de la ligne qui relie Aurillac à la Haute-Loire et l’inauguration de la gare de Vic le 20 juillet 1968.

C’est un Auvergnat de Paris, Antoine Fayet, revenu dans le Cantal à la fin du XIXe siècle après avoir fait fortune, qui va faire de Vic-sur-Cère une ville d’eau et créer ainsi un essor touristique considérable. Il remarque que l’eau du village est ferrugineuse, bicarbonatée et naturellement gazeuse. Le 2 septembre 1890, cette eau obtient à sa demande une déclaration d’utilité publique. Il commercialise ensuite cette eau vers les pharmacies. Il expédie ainsi jusqu’à 700 000 colis/an vers la capitale. L’année suivante il créée un établissement de bains et l’hôtellerie se développe. Des hôtes prestigieux viennent prendre les bains dans le village à l’instar de Ranavalona III, reine de Madagascar ou la reine Nathalie de Serbie qui fit un passage express, mais remarqué de 24 heures. Plus près de nous, Rainier III de Monaco fit plusieurs séjours dans le village. Mais il ne faut pas oublier que Vic est une commune du Carladès et que les princes de Monaco portent le titre honorifique de contes du Carladès.

La statue d’Antoine Fayet.

La statue d’Antoine Fayet

Le déclin

Il semble que la mort d’Antoine Fayet, en 1909, a sonné le signal du déclin de cette ville d’eau. Après la première guerre mondiale, Vic-sur-Cère connaît une désaffection des curistes et des hôtels commencent à fermer. Dans les années trente c’est au tour des thermes de fermer. Des médecins vont alors s’employer à enrayer ce déclin. Le docteur Jean Lambert d’abord crée la Société Thermale qui va exploiter les thermes en payant un loyer au propriétaire de l’époque. L’installation est déficitaire et la municipalité est obligée de subventionner l’activité. En 1956 le Docteur Delort, surnommé le médecin des neiges, va tenter en vain de convaincre la municipalité de racheter les thermes. Après divers aléas, l’activité se réduit et en 1965, les thermes ont fermé leurs portes. Il ne subsiste plus aujourd’hui de cette époque que le kiosque où les touristes peuvent aller déguster l’eau de Vic à l’ombre d’un immense séquoia. Il faut aussi évoquer la maison des eaux minérales créée dans le village en 1994. Ce musée a été rénové en 2003.

Le kiosque.

Le kiosque

Vic-sur-Cère était aussi connue localement pour deux fêtes, celle de la Rosière crée en 1891 et arrêtée en 1999 sans doute faute d’impétrantes. L’année suivante, en 1892, le village a créé la fête des buveurs d’eau. Celle-ci aussi a disparu au fil des ans même si en avril 2013, un festival des buveurs d’eau a été lancé dans la localité. Il n’a tenu qu’une édition faute d’amateurs. La proverbiale réputation de vertu des Vicois serait-elle usurpée ? On pourrait le croire en constatant qu’un des seuls vestiges de cette période faste de ville d’eau reste le casino. Il a certes lui aussi fermé ses portes en 1985, mais en 2000, grâce à la volonté du maire, Louis-Jacques Liandier, son activité est repartie sous l’autorité d’Antoine Arevian qui exploite également l’autre casino du département installé à Chaudesaigues. Il ne faut d’ailleurs pas enterrer définitivement le rôle thermal du village. Il y a peu, la municipalité a réinscrit Vic sur la Route des villes d’eau du Massif central. On peut aussi espérer que cette source rare, car naturellement gazeuse, pourrait intéresser un exploitant.

Le casino.

Le casino

Au demeurant, les hydrophobes eux-mêmes ont de bonnes raison de visiter la Suisse Auvergnate. La découverte des gorges du Pas-de-Cère constitue une promenade recommandée. Le village lui-même et le quartier ancien construit à flanc de rocher autour de l’église vaut le détour. Il détient plusieurs maisons remarquables : celles des princes de Monaco, celle de la reine Margot, celle du chevalier des Huttes et le baillage.

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