Jérôme Lavergne, l’opportunisme arverne

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Jean Lavergne et son fils Jérôme ont développé un groupe hôtelier auvergnat fort de huit hôtels. Pour pallier la faiblesse des taux d’occupation inhérents aux territoires ruraux, ils ont su faire preuve d’imagination et de souplesse de gestion. Actuellement, la famille semble décidée à investir sur Le Lioran.

Jérôme Lavergne
Jérôme Lavergne

Durant la semaine du 20 au 27, l’hôtel du Grand cerf était pavoisé aux couleurs du Stade Aurillacois. Toute l’équipe en stage dans l’établissement (une cinquantaine de personnes si on compte les entraîneurs) utilisait les balcons de l’immeuble pour y faire sécher les maillots après l’entrainement. Jérôme Lavergne avait quitté sa base de l’hôtel Saint-Pierre à Aurillac avec sa fille, Justine pour veiller personnellement sur le confort des joueurs. Fan du Stade Aurillacois, et familier des travées de Jean Alric, l’hôtelier reconnaissait « joindre l’utile à l’agréable » lors de cette opération.

Jérôme Lavergne se montre aussi particulièrement attentif à son établissement du Lioran. Même si la zone a traversé un hiver sans neige, puis un confinement, il croit très fort au potentiel de cette station. Il est même prêt à concentrer les possibilités financières de son groupe hôtelier sur le développement du Rocher du Cerf. Il étudie actuellement le moyen de démolir une aile pour ensuite agrandir l’établissement en capacité d’hébergement tout en créant un second espace de restauration dédié aux groupes. La capacité de l’hôtel du Lioran pourrait alors passer de 29 à 45 chambres, soit un niveau suffisant pour développer l’activité de séminaires hors saison. C’est aussi dans le but de renforcer sa présence sur le secteur que le groupe familial a acquis il y a quelques années l’hôtel Le Griou (16 chambres) à Saint-Jacques-des-Blats. Jérôme Lavergne confie que son groupe privilégiera dans son développement les acquisitions de structures de plus de 45 chambres. Pour cet entrepreneur, la création d’une structure hôtelière cohérente est déterminante pour la station car « les lits hôteliers sont des lits “ chauds ” qui dynamisent la fréquentation. »

Pour autant, Jérôme Lavergne reste étroitement attaché au Saint-Pierre, institution aurillacoise. Avec 49 chambres et une brasserie réputée, cet établissement qui évolue sous l’enseigne Qualys, occupe un rôle central dans la préfecture cantalienne. La famille Lavergne monte régulièrement l’établissement en gamme. Cette année, la brasserie s’est dotée d’une magnifique terrasse couverte dans laquelle six tonnes de galets de rivière ont été déployées.

« Dans ce métier, ce qui me motive c’est la création »

UNE AVENTURE FAMILIALE

C’est de cet établissement qu’est partie cette aventure familiale, il y a une quarantaine d’années. Artisan d’une réussite étonnante, Jean Lavergne, père de Jérôme, fut dans sa jeunesse Auvergnat de Paris. D’abord ouvrier chez Citroën, quai Javel, il fait connaissance avec le métier de garçon de café chez une de ses tantes installée dans une brasserie parisienne. De retour dans sa ville natale, Aurillac, il devient employé du Grand Café Mary avant de s’installer à son compte en rachetant un bar, Le Gaulois. Grâce à ce tremplin, il est en mesure de prendre le contrôle quelques années plus tard du Saint Pierre. Avec ses fils, il va créer ou racheter plusieurs hôtels dans le Massif central. Le groupe détient aujourd’hui huit établissements et emploie 70 permanents. Certaines adresses sont situées en dehors du Cantal, à Tulle, Figeac ou au Puy-en-Velay. Mais surtout, Jean Lavergne va mener une étonnante aventure collective dans les chaînes volontaires aux présidences successives d’Interhôtel, de la CEH, et enfin de The Originals. Il préside d’ailleurs encore le conseil de surveillance de cette enseigne qui regroupe 500 hôtels sous plusieurs catégories d’hébergement.

Jérôme, aujourd’hui âgé de 47 ans a pris la suite de son père à la présidence du groupe familial. Une succession logique si on en juge par la part qu’il a pris dans le développement. Les deux hommes partagent non seulement une ressemblance physique étonnante, mais aussi une approche autodidacte du métier. Le groupe possède l’art de s’adapter aux situations. Avec beaucoup d’imagination, Jérôme parvient à tirer le meilleur parti de chaque acquisition. « Dans ce métier, ce qui me motive c’est la création », explique ce dirigeant qui a longtemps rêvé d’une carrière d’artisan.

Chez les Lavergne, on fonctionne au gré des opportunités. La famille est aussi muée par une volonté de développer le territoire du Massif central et s’inscrit toujours dans le long terme. La politique de développement se fait en partie sous l’ombrelle de The Originals, mais au besoin, la famille n’a pas hésité à s’appuyer sur Accor avec la marque Ibis à Aurillac, ou même sur Logis, au Griou. L’ouverture et le pragmatisme restent des qualités auvergnates.

Grand Hôtel Saint-Pierre

16, cours Monthyon

15000 Aurillac

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