Coupe du monde de rugby, bientôt le coup d’envoi

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La France se prépare à accueillir la Coupe du monde de rugby 2023, qui aura lieu du 8 septembre au 28 octobre prochain. Loin des stadiers, les restaurateurs s’activent en coulisses pour être fin prêts avant le début des festivités.

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Image d'illustration. Crédits : Au Cœur des Villes.

Troisième manifestation sportive après le Mondial de football et les Jeux olympiques d’été, la Coupe du monde de rugby promet cette année 48 matchs dans 10 stades différents. Entre Paris, Bordeaux, Lyon ou encore Marseille, les organisateurs attendent jusqu’à 600.000 visiteurs étrangers dans tout le pays. Un événement qui demande une organisation millimétrée et jusqu’à 5.000 postes à pourvoir dans la restauration, la logistique ou encore la vente, selon le spécialiste de l’intérim Proman. Si les riverains redoutent l’afflux de touristes dans les villes accueillant des matchs, les restaurateurs, quant à eux, pourraient sortir gagnants de la compétition. En effet, après un début d’année 2023 en dents de scie, les professionnels du secteur comptent bien sur la Coupe du monde de rugby pour voir leur chiffre d’affaires augmenter. Une manifestation sportive qui servira également de galop d’essai aux Jeux olympiques 2024.

Les bars sportifs en première ligne

Drapeaux des pays participants et projections de tous les matchs en français ou anglais, le responsable du Café Oz des Grands Boulevards (Paris, 9e), Andy Ahmu-Simon voit les choses en grand. Pour le match d’ouverture, qui opposera la France à la Nouvelle-Zélande, l’établissement australien a « prévu des déguisements et des maillots pour toute l’équipe », affirme-t-il. Gérant d’un bar spécialisé dans la diffusion de compétitions sportives, le professionnel se dit habitué à ces événements. Une centaine de mètres plus loin, sur le boulevard Poissonnière, le propriétaire du Corcoran’s (Paris, 2e), Ian Tuomey, prévoit également plusieurs animations. « Nous souhaitons installer des écrans dans la cour intérieure du pub lors des plus gros matchs », explique le restaurateur. Barbecue, pompes à bière et espace extérieur, le bar veut devenir le lieu de fête rêvé des supporters. En effet, si 2,6 millions de spectateurs ont la chance d’assister aux matchs en direct depuis les stades, d’autres devront trouver des alternatives.

Alors qu’une fan zone doit voir le jour à Paris le 8 septembre 2023, les supporters ne souhaitant pas se masser sur la Place de la Concorde se retrouveront également dans les CHR. « Certaines personnes achètent des bières et regardent les matchs chez eux, mais, la plupart du temps, ils se rendent au bar entre amis, ce qui est une bonne affaire pour le secteur », affirme Laurent Lutse, président de l’Umih cafés, brasseries et établissements de nuit. Impatients d’accueillir le mondial, les professionnels réfléchissent néanmoins à la façon dont ils vont pouvoir contenter tous les consommateurs. « Notre principale question, en ce moment, est : Comment gérer le flux de la clientèle ? », explique Fabien Lapeyre, propriétaire du Long Hop (Paris, 5e). Si les plus gros pubs peuvent accueillir plus de 500 personnes et faire appel à un personnel nombreux, d’autres responsables de lieux moins spacieux s’inquiètent de l’affluence. « Le problème, c’est que les gens arrivent en masse et quand il y a trop de monde, ce n’est intéressant pour personne », argumente le restaurateur. Commande au bar plus difficile, circulation des serveurs impossible et mécontentement des clients, après la Coupe du monde de football en novembre 2022, certains professionnels veulent se tenir prêts pour accueillir au mieux les passionnés de rugby.

Plutôt que d'utiliser des fûts, nous allons mettre en service des tanks de 500 litres nous permettant de proposer une bière de meilleure qualité avec des volumes bien plus importants.
Ian Tuomey, Propriétaire du Corcoran's (Paris 10e)

Dans tout l’Hexagone, les enseignes s’organisent pour l’événement et le « pic de consommation » qu’il va entraîner. « Nous espérons une émulation », s’exclame David Bertholon, gérant de la brasserie Ninkasi Sans Souci (Lyon, 8e). Il est habitué à ce type d’événement. « Nous espérons faire du chiffre grâce à cette Coupe du monde, en particulier avec les matchs de l’équipe de France, qui sont très suivis des supporters », ajoute-t-il. Désireux de se préparer au mieux, comme au moment du Mondial de football l’année dernière, les établissements de la marque prévoient de proposer une bière de saison qui accompagnera le championnat. Un parti pris qui séduit les consommateurs et que le Café Oz des Grands Boulevards promet également de mettre en place. De son côté, le bar proposera une bière australienne, peu onéreuse, qui ne quittera pas la carte durant les sept semaines de compétition. Loin de vouloir se lancer tête baissée dans la mêlée, le propriétaire du Long Hop prépare le terrain. « Actuellement, nous dirigeons toute notre communication vers la Coupe du monde de rugby. Nous avons également fait le choix de sponsoriser deux équipes de rugby amateurs », détaille-t-il. Un bon moyen d’attirer la clientèle en amont de la compétition et de la fidéliser en aval.

Les CHR ne négligent aucun détail et espèrent comme lors d’autres compétitions sportives pouvoir « doubler leur chiffre d’affaires », affirme le propriétaire du Long Hop. Plus de monde, plus de consommations, mais aussi des quantités et des cadences plus difficiles à tenir, pour cela le Corcoran’s s’adapte. « Nous avons investi dans un nouveau dispositif pour stocker et servir la bière. Plutôt que d’utiliser des fûts, nous allons mettre en service des tanks de 500 litres nous permettant de proposer une bière de meilleure qualité avec des volumes bien plus importants », explique Ian Tuomey. Un investissement significatif qui permettra au pub pouvant accueillir plus de 600 personnes de contenter sa clientèle. Si tout le monde semble sur le pied de guerre à quelques semaines de la compétition, celui-ci n’est pas le seul moteur de cette effervescence. En effet, restaurateurs et syndicats s’accordent à dire que la Coupe du monde de rugby servira de phase de test en vue des Jeux olympiques de Paris 2024. « Pour l’instant, chacun se prépare de son côté, mais il est évident que les deux années qui arrivent seront très positives pour notre secteur », affirme Marcel Benezet, président de la branche des cafés, bars et brasseries au GHR. Un « lancement » pour les Jeux, selon son confrère Laurent Lutse qui répond à un « besoin de travailler » et annonce « une rentrée positive ». David Bertholon évoque aussi « l’ambiance bon enfant » lors des matchs, tandis que certains de ses confrères mettent en avant la consommation « plus importante de bière ». De quoi ravir le secteur.

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