Le vin bio ne connaît pas la crise

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Les équipes du salon Millésime Bio ont commandé une étude sur le vin bio, révélant une hausse du nombre d’acheteurs comme d’achats.

Vin
Image d'illustration : vin. Crédit : Pixabay

Le vin bio ne connaît pas la crise. C’est l’une des leçons de l’étude commandée par Millésime Bio à Circana, cabinet de conseil spécialisé dans la consommation. Cette bonne forme s’explique notamment par les caractéristiques propres à la distribution de ces vins. En effet, « nous sommes sur un marché qui est très atypique par rapport au reste du bio. La GMS occupe une place moins importante [9,16% des ventes, NDLR] tandis que la vente directe représente une grosse part [28,77% des ventes, NDLR]. Or, habituellement, près de la moitié des produits bio sont vendus en GMS », détaille Christophe Ferreira, consultant Shopper Insights pour Circana.

De plus, ce n’est pas seulement de leurs homologues bio que les vins se démarquent. La vitalité de ces derniers tranche avec celle des vins conventionnels. « Les vins bio continuent de recruter : sur ces 12 derniers mois, 39% des acheteurs de vins bio sont des nouveaux acheteurs. Nous avons une dynamique plus positive sur les vins bio que sur les non bio et elle devrait perdurer dans le futur. Nous devrions donc avoir une part de vins bio dans les achats qui devrait progresser », assure ainsi l’expert de Circana, confiant pour la catégorie.

Bond de 6,3% du chiffre d’affaires sur un an

Un constat qui ressort également au niveau du chiffre d’affaires de la filière vitivinicole bio française. En 2022, celui-ci a ainsi atteint 1,463 milliard d’euros, en progression de 6,3% par rapport à 2021, selon l’Agence Bio. En outre, ce chiffre d’affaires a connu une ascension constante et fulgurante depuis 2012, année pour laquelle il a correspondu à 444 millions d’euros. De plus, les vins bio ont connu de belles hausses de chiffre d’affaires dans les CHR (+12%), chez les cavistes (+8%), mais également en vente directe (+5%) et à l’export (+2%). Aussi, les CHR représentent, avec 129 millions d’euros, 8,92% du chiffre d’affaires des vins bio. Or, un verre de vin bio sur quatre est consommé en hors domicile et les acheteurs y sont « en attente d’une meilleure valorisation de l’offre de vins bio », précise Christophe Ferreira.

Par ailleurs, les nouveaux acheteurs, de plus en plus nombreux donc, se révèlent aussi de plus en plus jeunes et avec des profils sociaux davantage diversifiés. Pour preuve, les consommateurs de moins de 25 ans représentent 12%, contre 5% en moyenne, et les inactifs atteignent 42% des nouveaux acheteurs, contre 35% en moyenne.

Hausse des achats de vin bio

Ce renouvellement de la clientèle s’accompagne également d’une hausse des achats. En effet, 37% des acheteurs de vins bio pensent avoir augmenté leurs achats au cours de l’année, alors qu’ils ne sont que 11% à penser les avoir diminués. Dans le même temps, ceux qui pensent avoir augmenté leurs achats de vins non bio représentent seulement 17%. Résultat ? La part de marché du bio augmente. Le chiffre suivant est d’ailleurs éloquent : parmi ceux qui pensent réduire leurs achats de vins non bio, 30% pensent dans le même temps augmenter leurs achats de vin bio.

L’étude commandée par Millésime Bio révèle aussi que le consommateur est mixte. « Aujourd’hui, un acheteur de vin bio est également un acheteur de vin non bio [à 92%, contre 8% d’acheteurs exclusifs bio, NDLR]. Or, les vins bio n’occupent que 42% de son panier, il y a donc un réservoir d’achat », explique Christophe Ferreira. Enseignement supplémentaire, le bio demeure synonyme de qualité. « Plus le prix augmente et plus il est indispensable d’avoir du bio », abonde le représentant de Circana. Ainsi, tandis que pour les vins à moins de 5€, le bio est jugé à 19% indispensable, cette donnée grimpe à 36% pour les vins dont le prix est supérieur à 15€.

Raisons d’achat : l’environnement en tête

Parmi les raisons d’achat des vins bio, l’aspect environnemental prime logiquement. Précisément, le fait que ces vins respectent l’environnement ressort à 57%, tandis que le soutien à la rémunération des producteurs engagés pour l’environnement atteint 43%. Néanmoins, d’autres raisons existent, comme l’explique Christophe Ferreira : « Les achats de vins bio répondent à plusieurs raisons : d’abord environnementales, puis en lien avec la confiance et pour des questions de santé. »

Il effectue même une distinction entre les acheteurs convaincus et ceux passifs. Tandis que les premiers achètent du vin bio pour les raisons qui viennent d’être évoquées, les seconds le font parce que « le vin qu’ils ont l’habitude d’acheter est passé en bio ». Ce dernier cas illustre alors le phénomène de cercle vertueux : les consommateurs choisissent du vin bio pour des raisons d’environnement ou de santé, la demande s’accroît alors, puis l’offre également, ce qui entraîne une augmentation des parts de marché du vin bio.

Doublement des surfaces bio en cinq ans

La bonne santé du vin bio se ressent enfin au niveau du vignoble. En 2022, la France comptait 170.000 ha de vignes certifiées ou en conversion vers le bio, soit 21,46% de ses surfaces totales. Des chiffres en croissance régulière sur ces dernières années. « La surface cultivée en bio a plus que doublé en cinq ans », se félicite Jeanne Fabre, présidente de la Commission Millésime Bio depuis 2020. En effet, les surfaces certifiées ou en conversion représentaient 78.471 ha en 2017, 112.591 ha en 2019 et 162.512 ha en 2021.

La France dépasse ainsi l’Espagne (149.934 ha) et l’Italie (133.140 ha), respectivement deuxième et troisième, en termes de surfaces bio. L’Occitanie représente en outre 34,91% du vignoble bio français, avec 59.627 ha. Outre les surfaces cultivées, le nombre de vignerons engagés dans cette démarche a également connu une hausse régulière : ils étaient 10.000 en 2020, 11.400 en 2021, et 11.950 en 2022. Jeanne Fabre conclut ainsi : « Il n’y a pas un phénomène de mode bio, il s’agit d’une tendance de fond, je ne vois pas pourquoi nous reviendrions en arrière. »

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