Taxes Trump : point de vue de Jean-François Réaud, Vignobles Gabriel & Co
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Donald Trump menaçait d’imposer les vins et spiritueux européens et plus particulièrement ceux français de 200%. Mais, dans une manœuvre qui a le don de surprendre le monde entier, il fait machine arrière et déclare un moratoire de 90 jours avant d’appliquer cette taxe ou une autre. Analyse de Jean-François Réaud.

Jean-François Réaud est le président du collectif Vignobles Gabriel & Co, premier acteur viticole français labellisé Fair For Life.
« Cette suspension de trois mois décidée par les États-Unis ne doit pas être interprétée comme un signe d’apaisement ou de bonne volonté. Elle s’apparente davantage à un coup de communication stratégique. Elle vise à temporiser les réactions tout en maintenant un levier de pression sur l’Union européenne. En réalité, nous faisons face à une guerre commerciale déguisée », souligne-t-il.
Faire pression
« Les vins français sont délibérément ciblés, non pas seulement pour leur poids économique, mais parce qu’ils incarnent un pan fort de notre culture, de notre identité, de notre savoir-faire. En s’attaquant à eux, les États-Unis cherchent à toucher l’opinion publique et à faire pression sur les instances européennes dans d’autres négociations.»
Un faux débat
« Certains avancent que les consommateurs américains se détourneraient des vins européens au profit des productions locales. C’est un faux débat ! La capacité de production des États-Unis ne suffit pas à répondre à la demande. Malgré les taxes, les vins français conservent un excellent rapport qualité-prix. Ils possèdent une image forte et une place bien ancrée sur le marché américain. »
« Il est impératif pour nous de sortir de cette instabilité commerciale. Nous espérons qu’un accord solide, durable et équitable pourra rapidement être négocié. Cela pour garantir aux producteurs européens des conditions de marché stables, et aux consommateurs américains un accès libre à la diversité des terroirs viticoles. »
Jean-François Réaud a raison
Nos vins et spiritueux français sont notre manne pétrolière à nous. Comme l’agriculture. Si le marché nord-américain a longtemps été un débouché des plus intéressants pour les vignobles français, les affres de l’actuel occupant de la Maison-Blanche rebattent les cartes.
Au lieu de regarder continuellement à l’Ouest, il serait intéressant pour les vignerons désormais de regarder à l’Est. La Chine et les pays asiatiques représentent de formidables opportunités de développement. Cela demandera du temps. Les Chinois ne connaissent pas le rosé par exemple. Mais l’heure de la diversification des débouchés commerciaux à grande échelle a sonné.