Lou Creuse : porter haut la coutellerie creusoise

C’est lorsqu’il travaille encore pour l’armée de Terre qu’Alain Grangette commence à créer ses propres couteaux, seul, et d’abord par passion. Puis, il y a 18 ans, il décide de faire part de son projet au département : « À l’époque, il n’y avait pas de produit creusois à proprement parler, hormis le gâteau creusois… J’ai alors exposé mon idée : je voulais fabriquer des couteaux localement, un objet symbolique pour la région. J’ai été immédiatement soutenu ! », raconte-t-il.

Ainsi, avant que Lou Creuse fasse son apparition, la Creuse, pourtant terre de chasse et de pêche, ne possédait aucun couteau à son image, comme l’Opinel en Savoie. Aujourd’hui, s’il se décline tout en nuances, le design du couteau Lou Creuse reste inchangé depuis sa création : « Le designer de Lou Creuse c’est mon père. La ligne pure, c’est lui qui l’a créée. De mon côté, je l’ai seulement un peu personnalisé. Tout est parti d’un coup de crayon, mais ce couteau a tout de suite été très identitaire », affirme le fils. En effet, Alain Grangette, épris de pêche à la mouche –activité qu’il partage avec son fils – s’inspire, dès les prémices de ses premiers couteaux, de la forme courbée et gracieuse de la truite sauvage que l’on peut retrouver dans les rivières creusoises.

La Creuse en héritage 

Par ailleurs, si la Creuse coule bel et bien dans les veines de ces deux couteliers, ce département, c’est aussi l’essence même des couteaux confectionnés par le père et son fils. « Nous souhaitons valoriser au maximum notre terroir et pour cela nous fabriquons certains de nos couteaux avec des essences de bois typiques de chez nous tels que l’acacia ou le chêne », glisse Blaise Grangette, avant d’ajouter, « mais selon moi, la seule matière qui représente réellement la Creuse, cela reste le granite car c’est la pierre des maçons d’ici ».

Ce granite, les deux artisans le concassent avant de le broyer très finement. Ensuite, ils le mélangent à de la résine afin de pouvoir l’intégrer directement dans le manche de certains de leurs modèles. Outre cela, Blaise Grangette et son père travaillent d’autres matériaux, plus singuliers, telles certaines pierres précieuses et semi-précieuses ou encore de la molaire de mammouth. « Avec la fonte des glaces, on continue de trouver des mammouths alors il nous arrive d’acheter des morceaux de molaire: c’est un matériau précieux que nous utilisons pour nos couteaux d’art », explique le père.

Aujourd’hui, si la coutellerie Lou Creuse travaille avec quelques restaurants creusois –le Coq en Pâte situé à Guéret ou encore Influence à la Chapelle-Taillefert–, la majeure partie du chiffre d’affaires de cette coutellerie provient des particuliers : « J’ai fait des salons dans le monde entier et nous avons donc une clientèle internationale », déclare Alain Grangette.