Adrien Gloaguen, l’hôtellerie dans la peau

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À tout juste 38 ans, Adrien Gloaguen affiche déjà une réussite déconcertante. À la tête du groupe Touriste, il règne sur un parc hôtelier comprenant quatre établissements à Paris ainsi qu’une unité à Londres. Mais l’homme n’entend pas s’arrêter là, il s’intéresse aux métropoles européennes.

Adrien Gloaguen
Adrien Gloaguen

Aux commandes du Bellevue à Londres et des hôtels Panache, Bienvenue, Les Deux Gares et Beaurepaire, à Paris, Adrien Gloaguen n’avait que 25 ans quand il a fait sa première acquisition, un établissement baptisé Sophie Germain. À l’époque, il se rapproche d’un couple d’exploitants désireux de se séparer de cet hôtel en bout de course. Depuis, le Breton n’a jamais changé de formule : mettre le grappin sur des actifs hôteliers à rénover de fond en comble. « J’ai toujours été passionné par l’hôtellerie », concède-t-il. Une affection née quand il était étudiant et qu’il accomplissait « des petits jobs » dans des auberges de jeunesse londoniennes . Après des études en école de commerce, ce féru de décoration dont le père n’est autre que le patron du Guide du Routard , s’est perfectionné dans les métiers de l’hospitalité en passant notamment par le réseau Relais & Châteaux.

« Après divers stages, notamment dans le marketing pour Relais & Châteaux, je me suis lancé dans le métier d’hôtelier », explique-t-il. À la suite de son premier succès, le Sophie Germain, il décide de vendre l’établissement et acquiert l’hôtel Paradis en 2011, dont il confie la décoration à Dorothée Meilichzon. Le début d’une ascension fulgurante. « À ma grande surprise, nous avons bénéficié de toutes sortes de retombées presse alors que nous avions peu communiqué sur l’ouverture de l’hôtel Paradis. Par la suite, j’ai aussi revendu cette affaire pour lancer l’hôtel Panache en 2013 »,

poursuit le Breton. La formule gagnante développée par Adrien Gloaguen consiste à appliquer les codes de l’hôtellerie lifestyle dans des hôtels 3* et 4* à l’atmosphère unique disposant parfois d’un restaurant attenant. Le tout escorté de tarifications douces pour la capitale ; en moyenne une chambre à l’hôtel Panache (Paris 9e), à proximité immédiate des Grands Boulevards, est facturée 180 € la nuit. Cet établissement, qui comporte 40 chambres, a tout pour plaire. Les travaux menés en son sein ont permis d’agrandir les chambres et de créer des suites. « L’hôtel Panache a été plus compliqué que mes autres projets. Quand j’ai racheté l’hôtel, il y avait de nombreuses boutiques au rez-de-chaussée de l’immeuble. Au fur et à mesure des travaux, j’ai pu toutes les racheter et créer un lobby ainsi qu’un bistrot de quartier au sein de l’établissement », se souvient Adrien Gloaguen, qui emploie aujourd’hui une centaine de salariés entre Londres et Paris. Il est parvenu à capter une large clientèle, d’affaires, de touristes, de quartier. Cette fréquentation mixte lui permet ainsi de disposer de plusieurs leviers de chiffre d’affaires. Hors crise sanitaire, le restaurant de l’hôtel Panache attire des clients de passage le midi et des clients de l’hôtel le soir. En outre, l’hôtelier breton ne conçoit que des hôtels ne dépassant pas les 40 chambres. Si Panache en compte justement 40, Bienvenue en dispose de 38, Les Deux Gares en affiche 40 également et Beaurepaire, 39. En revanche, pour son établissement londonien, Adrien Gloaguen table sur une soixantaine de chambres. La réussite du Breton se mesure aussi et surtout à travers la fréquentation de ses hôtels. Si Paris est une destination touristique dynamique pour l’hôtellerie, les établissements d’Adrien Gloaguen affichent des taux d’occupation annuels compris entre 90 et 95 %. Autant dire que, hors crise sanitaire, la vacance de chambres disponibles n’est pas monnaie courante. « Nous travaillons d’arrache-pied et notamment avec les entreprises. Nous avons noué des partenariats, dans l’événementiel entre autres, ce qui nous permet par exemple, durant la fashion week, d’accueillir des gens de la mode, des mannequins, etc. », détaille-t-il. Les différents concepts confèrent à ses établissements une aura qui lui permet presque de s’affranchir des fameux OTAs, booking.com en tête. « Nous avons la chance de commercialiser 70 % de nos chambres en direct. Le but, c’est de s’affranchir un peu de booking et consorts et d’être le moins dépendant possible d’eux », assure Adrien Gloaguen. Il fait partie de ces rares professionnels qui conservent leur optimisme malgré un contexte difficile : « Je demeure positif même si nous sommes à l’arrêt depuis un an, nous avons seulement ouvert entre les deux confinements de 2020. Nous rouvrons d’ailleurs nos portes pour le week-end de Pâques avec des animations. »

« L’État a répondu présent. »

Quoiqu’il advienne en ces temps troublés, l’hôtelier se dit satisfait de l’accompagnement et des dispositifs d’aides du Gouvernement.

« L’État a répondu présent. C’est loin d’être le cas en Angleterre où les professionnels ne touchent aucune aide et où le personnel est licencié à tour de bras. L’employé d’un hôtel londonien avec dix ans d’ancienneté a été licencié avec… 800 € d’indemnités. D’autres n’ont rien touché », déplore-t-il.

Loin de baisser les bras, ce passionné d’hôtellerie souhaite en eff et tisser sa toile dans de grandes villes européennes, notamment à Rome. www.touriste.com

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